Transat Jacques Vabre 2023 - Class40 : les duos d'Amarris et d'IBSA complètent le podium

Par Figaronautisme.com

Derrière l’incontestable vainqueur Alla Grande Pirelli, les arrivées se sont succédé ce jeudi sous le soleil antillais, annonçant l’issue sportive de cette transat dont le classement final est déterminé au temps cumulé entre Le Havre, Lorient et Fort-de France. Dans le sillage du duo italiano-français, les passages sur le ponton d’honneur racontent des savoureuses histoires déclinant toute une palette d’émotions. Celles de tandems qui, malgré les péripéties, ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour mériter de bien figurer au terme d’une Route du café qui leur en a fait voir de toutes les couleurs, et qui leur rend bien. C’est notamment le cas pour les duos d’Amarris (Nebout-Mahé) et d’IBSA (Bona-Santurde Del Arco). Après un premier parcours jusqu’à Lorient et la grande traversée jusqu’en Martinique, ces deux équipages montent sur le podium Class40 (avant jury) de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre, forcément très convoité, après une course stratégiquement et tactiquement disputée de bout en bout.

Crédit Mutuel : « Une course atypique »

Deuxièmes sur la ligne à Fort-de-France, Ian Lipinski et Antoine Carpentier, signent un beau succès. Si elle ne porte pas l’éclat d’une victoire sportive pour ces deux co-skippers qui en cumulent déjà quatre sur la course à eux deux, leur performance a la saveur d’une belle histoire humaine, qui porte la force d’une combativité partagée pour boucler une course qui leur a pourtant résisté d'entrée de jeu. Difficile d’oublier que la belle mécanique de ce duo qui figurait légitimement au rang des favoris s’est brutalement enrayée 12 heures après le départ du Havre sur le premier round en direction de Lorient. L’espoir de se battre pour une place d’honneur s’est envolé en même temps que le mât s’est écroulé sur le pont du vainqueur de l’édition 2019.

Mais c’était sans compter sur la ténacité de Ian et Antoine qui, grâce à l’agilité de leur équipe technique, relèvent le défi de réinstaller un espar de secours. Faute d’avoir pu terminer la première manche, ils repartent de Lorient avec une pénalité de près de 22 heures de retard sur Alla Grande Pirelli. C’est donc avec l’envie de bien faire et pour la beauté du geste qu’ils remettent les voiles en direction de la Martinique. Bien leur en pris. Les deux complices du plus ancien scow sur plan David Raison (le N°158) s’installent aux avant-postes pour compter, à la faveur d’une option nord marquée, parmi les grands animateurs de la course. Malgré la déception, la satisfaction de terminer sur cette belle 2e place vaut bien un gros plouf dans l’eau au pied du ponton d’honneur avec les vainqueurs. Comme le veut la tradition sur le circuit 6.50, sur lequel Ian et Ambrogio ont tous les deux inscrit leur nom au palmarès de la Mini-Transat avant de bifurquer en Class40. 

Les duos Alla Grande Pirelli et Crédit Mutuel

Ian Lipinski : «  Gagner, on y a cru, ça s’est joué à pas grand-chose. Ce qui est sûr c’est que cette course on s’en souviendra comme d’une course atypique. Pour venir aux Antilles, on n’a pas du tout fait l’autoroute des alizés. On a eu aucune monotonie, vraiment on s’est éclaté, ce n’était pas comme d’habitude. »

Antoine Carpentier : « On savait qu’on n’allait pas gagner la transat Jacques Vabre, alors on s’est fixé un autre objectif qui était de gagner cette deuxième étape. Faire deuxième, c’est une sorte de remerciement à tous ceux qui ont travaillé dur pour ça. On est assez content d’avoir fait deuxième, même si on aurait préféré gagner. »

Amarris : « On revient de très, très loin »

3è à Fort-de-France, Achille Nebout et Gildas Mahé se hissent sur la deuxième marche du podium à l’arrivée de cette Route du café qui les a fait monter dans un ascenseur émotionnel entre Lorient et Le Havre. Après un départ en fanfare, une option mitigée au passage des Canaries, les choses auraient pu très mal tourner, quand Gildas est tombé inconscient après un vol plané dans le bateau. Plus de peur que de mal, heureusement. Mais « la frayeur de ma vie » , dixit Achille qui quelques jours plus tôt n’aurait jamais pu imaginer  finir de si belle manière à bord du bateau, un V2 Lift, vainqueur en titre de la dernière Route du Rhum.

Achille Nebout : « Ce bateau, on l’a aimé et détesté. Ce matin, on s’est dit qu’on revient de très, très loin. Comme quoi dans le sport, il ne faut jamais rien lâcher. Il s’est passé trop de trucs sur cette course, c’est un scénario de dingue. C’est beaucoup de soulagement, parce qu’on est passé par trop d’émotions, un super début en tête, une option aux Canaries qui ne se passe pas bien. Il y a eu plein de retournements de situation. Je suis trop fier d’avoir disputé cette transat avec Gildas. Je pense qu’il n’y en a pas deux qui se seraient remis sur pied comme lui aussi rapidement. »

Gildas Mahé : «  On s’est battus jusqu’au bout en essayant d’être opportunistes et en veillant aux grains jusqu’au bout. Lors du choc, de la descente à la cloison de mât, je n’ai pas capté ce qu’il se passait. Je me suis retrouvé dans le bateau sur un pouf et je ne savais plus où j’habitais. J’avais un choc à la tête et au coude qui avait tout amorti. Je suis resté plusieurs heures dans la bannette avant d’aller mieux. La fin de la course ? Il ne fallait pas être cardiaque. Entre les routages et la réalité, il y avait plein de choses qui ne collaient pas. On s’est décalé des autres et on a tenté notre chance. Avec Achille, cette aventure a été géniale, c’était que du bonheur. »

IBSA : « C’était quand même super intense »

L’équipage italiano-espagnol d’IBSA a du mal à cacher sa déception au terme de la course qu’ils ont pourtant disputée dans le petit groupe de tête au sud. À bord du plus proche concurrent sur l’eau d’Alla Grande Pirelli, Alberto Bona et Pablo Santurde Del Arco, vainqueur en titre en Class40, ont connu un fin de course difficile. En cause notamment :  les très faibles alizés qui rendaient la progression de leur Mach.5, réputé pour apprécier la brise, difficile.

Alberto Bona (IBSA)  : « C’est un gros soulagement. On y a cru jusqu’à la fin. C’était dur pour nous. Il fallait rester concentrés. C’était quand même super intense. Déjà, on avait fait la première partie de course sur laquelle on avait super bien navigué. Et sur ce deuxième parcours, on était dans le bon groupe, mais on a eu des conditions qui ne nous ont pas été favorables. Il fallait rester accrochés. On a eu des moments difficiles. Mais, on ne s’est jamais tapé (rires). »

Pablo Santurde Del Arco : « Je suis content d’arriver. Même si on était motivés pour faire avancer le bateau, on était dans un mode un peu négatif. Il n’y avait pas beaucoup de vent et on avait du mal à faire avancer le bateau. On n’a pas eu beaucoup d’alizés, et ce n’était pas la situation idéale pour nous, mais on n’a rien à regretter. Sur la dernière édition que j’avais gagnée avec Antoine (Carpentier). On était en tête depuis le Cap Vert et on avait moins de pression. Là, on voyait les autres partir et c’était plus dur. On a des façons de naviguer très similaires avec Alberto. Malgré nos difficultés, j’ai pris beaucoup de plaisir et je repars avec lui sans problème. »

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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