Bulletin météo du Vendée Globe : baisse des vents pour les premiers !

Par Figaronautisme.com

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Le peloton de tête, mené par Y.Bestaven, C.Dalin et T.Ruyant, est toujours regroupé très au sud, non loin de la limite d'exclusion. Alors que les trois quart de la flotte avancent au grès des dépressions australes parfois musclées, les premiers se retrouvent depuis ce vendredi confrontés à une molle des vents qui va les ralentir.

SITUATION METEO DU SAMEDI 19 DECEMBRE : les 10 premiers se resserrent !

Nautisme Article
© Figaro Nautisme

Ca ralentit aux portes de l'océan Pacifique ! En effet, la dépression proche de la Tasmanie dont nous avions parlé ces derniers jours progresse devant eux rapidement vers le sud-est et engendre à l'arrière une baisse marquée des vents mais sans molle véritable, heureusement. Alors que C.Dalin et Y.Bestaven mènent la tête de flotte, le groupe des 10 premiers se resserrent dans les parages de l’île Macquarie, petite île australienne située à mi-distance entre la Nouvelle-Zélande et l’Antarctique. Cette situation les freine relativement pendant ces 24h dans un "col barométrique" où les vents sont plus variables et faibles. A noter que ce groupe de tête reste très proche de la limite d'exclusion pour garder le plus de vent. 

On note tout de même que tout le monde progresse quand même à allure assez régulière entre 12 et 15 noeuds de moyenne, ce qui est confortable, profitant d'un léger portant d'ouest à nord-ouest. Ce vent arrière a nécessité tout de même de fréquents empannages la nuit dernière.

L'analyse des conditions météo de ce jour est un cas d'école assez typique avec la circulation régulière des dépressions australes entrecoupées de calmes intercallaires. Les concurrents évoluent donc au grè de ces fluctuations météo. Facile à dire, mais concrétement, cela a des conséquences pour les skippers qui doivent négocier des périodes de gros temps et des zones de molle. Les vitesses de progression se font donc un peu "en accordéon". 

Ce samedi marque pour les 2 ou 3  premiers une entrée relativement ralentie dans l'océan Pacifique, toujours derrière de la dépression tasmanienne qui poursuivra sa descente vers le sud-est. A l'arrière, le flux ne se rétablira pas vraiment, avec une zone intermédiaire de molle que l'on appelle un "col barométrique". Il subsistera un peu d'air quand même, de secteur ouest dominant, avec des variations entre le sud-ouest et le nord-ouest.

Plus à l'arrière, les 7 à 10 concurrents suivants vont sans doute encore se rapprocher, peut-être même assez agglutinés dans un petit air portant de nord-ouest qui pourrait leur permettre de se rapprocher du peloton de tête.

Le groupe évoluant entre la 10 ème et 15ème position pourrait rester lui dans du mauvais temps généré par la dépression des Kerguelen qui se déplacera dans leur même axe. Ils choisiront surement une option sécuritaire en remontant plus au nord à la faveur du flux de secteur sud-ouest, avant de redescendre dans un vent basculant au nord-ouest après le passage de la bordure dépressionnaire.

Nautisme Article
© Figaro Nautisme

Nautisme Article
© Figaro Nautisme

SITUATION METEO DU DIMANCHE 20 DECEMBRE : lente entrée dans le Pacifique

Nautisme Article
© Figaro Nautisme

A partir de dimanche il semble que les conditions météo redeviennent assez homogènes pour toute la flotte, sans menace de tempête, dont les concurrents s'étaleront entre les Kerguelen dans l'océan Indien et le sud-est de la Nouvelle-Zélande pour les premiers, désormais dans l'océan Pacifique. Le classement de tête aura probablement évolué à la faveur des faibles conditions à l'arrière de la dépression tasmanienne. La stratégie en tête de course sera intéressante à suivre, car les premiers auront du mal à toucher de nouveau du vent après la molle dépressionnaire. Il subsistera certes encore un couloir de vent, entre les hautes pressions au nord et la zone d'exclusion au sud, mais difficile à ce jour de prévoir son étendue.

La situation météo pour ce dimanche sera la suivante : un anticyclone regonfle au sud de la Nouvelle-Zélande, tandis que le "rail" d'ouest sera très bas en latitude, au sud de la zone d'exclusion. Il faudra encore une fois rester le plus au sud possible pour toucher du vent d'ouest pour les premiers, tandis que les concurrents suivants, entre J. Le Cam et la dixième position environ, devront mettre du sud dans leur route pour profiter du flux de nord-ouest qui se lèvera à l'approche de la dépression australe qui avait concerné le milieu de la flotte au nord des Kerguelen. Les skippers suivent à peu près la même trajectoire que ces dépressions, lesquelles évoluent plus rapidement que nos marins.

A l'arrière, la configuration globale restera classique sur les régions avec l'enchainement des passages dez fronts et les rotations des vents du nord-ouest au sud-ouest. Ainsi, le groupe autour des 20 concurrents bénéficiera d'un vent portant de nord-ouest qui pourrait leur faire prendre de la vitesse après avoir connu plusieurs heures de calme entre deux perturbations. 

Nautisme Article
© Figaro Nautisme

TENDANCE ULTÉRIEURE : vers l'antéméridien pour les premiers et toujours une zone très sud atypique

Le passage de l'antéméridien est une étape importante pour les skippers du Vendée Globe qui vont franchir ainsi la ligne de changement de date. Le 180 ème méridien Est, ou antéméridien, est l'opposé du méridien 0° "de Greenwich", qui détermine le temps universel. L'antéméridien devrait normalement marquer le changement d'heure tout du long de son tracé géographique, mais, de façon à respecter une homogénéïté pour les pays traversés, cette ligne a été déplacé dans certains cas vers l'est et dans d'autres cas vers l'ouest. Au niveau du Pacifique Sud, dans lequel évoluent nos skippers, cette ligne correspond exactement au changement de date. En franchissant cette longitude, les concurrents se remettront à notre date, reculant ainsi de 24 heures.

Au niveau de la météo, il n'y aura pas de changement de temps de part et d'autre de ce méridien ! Le groupe de 15 premiers sera contraint de mettre de nouveau un cap au sud-est pour s'éloigner des faibles vents générés par plusieurs cellules de hautes pressions situées au sud de la Nouvelle-Zélande, tout en restant en limlite de la zone d'exclusion. Derrière, la progression continuera de se faire au grè des fronts et des zones de molle intermédiaires.

S'en suivra les jours suivants, une navigation toujours très sud par rapport à l'orthodromie et la route d'A Le Cléach il y a 4 ans et toujours proche en limite de la zone d'exclusion. La position très sud des hautes pressions dans cette région du Pacifique est la raison qui conditionne le choix de route de toute la flotte pour cette édition.

Régis CREPET - Expert METEO CONSULT Marine

Découvrez notre NOUVEAU SITE

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…