
Nulle n’est censé ignorer la Division 240. Le texte, au nom un peu âpre, liste l'armement requis pour les bateaux de plaisance de 24 mètres et moins. Précisons d’emblée que nous sommes ici dans le domaine de la sécurité à bord, il ne s'agit pas d'équiper sa paisible embarcation de canons et autre matériel d'abordage d'une époque révolue.Le matériel exigé est conditionné par l’éloignement d’un abri, c’est-à-dire d’un endroit où l’équipage peut se mettre en sécurité et en repartir par ses propres moyens. Quatre zones ont été définies : basique (moins de deux milles nautiques, soit 3,7 km), côtière (entre deux et six milles soit jusqu’à 11 km), semi-hauturière (jusqu’à 60 milles) et hauturière (vers l’infini et au-delà). Le document est disponible ici :Division 240 : de nouvelles précisions concernant le matériel d’armement et de sécurité obligatoire à bord | Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche. Tout chef de bord est tenu de le connaitre.
Les dispositions de la Division 240 sont évolutives, s'adaptent aux changements technologiques, aux usages nouveaux. En octobre 2024, des précisions ont été apportées. Elles sont commentées par Alain Scriban, le vice-président de la FNPP, Fédération Nationale de la Plaisance et des Pêches. La structure est un poids lourd du paysage nautique. « Nous avons été à l'initiative de la naissance de la Confédération Mer et Liberté qui représente plus de 40 000 usagers organisés en associations tout au long du littoral. » Au-delà de la pêche, la FNPP prend part aux discussions qui concernent l’ensemble des préoccupations des plaisanciers.

Quelques-unes des principales modifications apportées à la Division 240.• Les équipement individuels de flottabilité - les gilets de sauvetage pour faire simple – doivent être adaptés à la morphologie de ceux qui les portent. Chaque personne à bord est tenue d’avoir un équipement à disposition. Les enfants de moins de 30 kg doivent porter un gilet de 100 Newtons (unité de mesure de flottabilité) en permanence.
• Le compas de route permet de poursuivre la navigation même en cas de panne électrique. Il doit être étanche, fixé au navire, visible du poste de pilotage, inclure un éclairage. C’est cette dernière notion qui soulève un problème pour Alain Scriban. « Car les navires ne sont pas tous équipés de batterie à bord. » Le compas doit en outre être correctement compensé, c’est-à-dire corrigé en cas de perturbation par les éléments métalliques se trouvant à bord.
• La ligne de vie permet de se solidariser au bateau. Au-delà de 6 milles, les plaisanciers doivent être accrochés. Lorsque les conditions sont difficiles, le lien sécurise les déplacements sur le pont du navire. La longe doit être fixée à un point d’accrochage qui n’est pas nécessairement dédié à cet usage au premier chef.
• La radio VHF doit être réglée en permanence sur le canal 16 d’appel de sécurité. « Sans doute une évidence, un rappel de bon sens pour les plaisanciers. Ce canal est celui la veille ». La VHF fixe est obligatoire au-delà des 6 milles nautiques.
Si ces nouvelles mesures ne posent pas de problèmes aux plaisanciers-pêcheurs, celle concernant le coupe-circuit a provoqué des réactions acides. « Nous regrettons de ne pas avoir été assez consultés sur ce point », indique Alain Scriban. Il s’agit d’un petit cordon, le plus souvent rouge, qui relie le pilote au contact de son moteur. En cas d’éjection du marin, la propulsion est instantanément coupée. Cela permet de prévenir les cas « d’embarcations devenues folles » qui provoquent nombre de dégâts chaque année. « Nous avons toujours mis la sécurité en avant, lance le pêcheur en préambule… Mais c’est vraiment méconnaitre notre pratique que d’imposer de couper son moteur systématiquement à chaque fois que l’on quitte son poste. Dans certaines circonstances précises comme la relève de casiers, ou de pêche à la traine à trois nœuds de vitesse, stopper le moteur s’avère peu pratique, inutile car sans risque, voire impossible. Nous sommes des gens responsables, capables de nous adapter aux circonstances, à l’état de la mer, à l’éventuelle proximité d’autres bateaux. Nous militons pour du bon sens ! »La solution du coupe-circuit électronique offrirait plus d’aisance à son usager, mais le prix, de l’ordre de 300 à 400 €, est assez dissuasif.

Pour compléter le texte du fruit de son expérience, la FNPP demande plus de vigilance de la part des pratiquants de plongée sous-marine. « Les règles de sécurité ne sont pas toujours respectées par les pratiquants. Oui le plaisancier ne doit pas s’approcher et même s’écarter lorsqu’il voit flotter le pavillon avec la croix de Saint-André qui signifie la présence de plongeurs. Mais les adeptes doivent eux-aussi penser à renforcer leur visibilité. » La FNPP mène une campagne de sensibilisation auprès de ses adhérents à cet égard. Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site de la MAIF.
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