Vendée Globe : Suspens derrière le duo de tête

Il y aura un moment où on vous obligera forcément à faire un choix. Plutôt Brando ou Sinatra ? Delon ou Belmondo ? Blur ou Oasis ? Prost ou Senna ? Bip bip ou Coyote ? Rassurez-vous, ça marche pour les plus jeunes - Messi ou Ronaldo ? Nadal ou Federer ? – et même pour les passionnés de voile : Birch ou Malinowski ? Gabart ou Le Cléac’h ? Une certitude, ce genre de comparaison n’aurait pas amusé Charlie et Yoann, eux qui ne lâchent rien et sentent le suspense intenable avant l’arrivée. « Les superlatifs, c’est pour les terriens », répliquait hier Yoann Richomme et ça marche aussi pour les comparaisons.Quoi qu’il en soit, il reste théoriquement 661 milles à parcourir. À 7 heures ce dimanche, l'écart est de 133,4 milles entre les deux skippers et d'ici deux nuits, le vainqueur du 10e Vendée Globe sera connu. Alors, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) ou Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) ? « Pour l’instant, les deux suivent les routages à peu près à la même vitesse, explique Hubert Lemonnier, le directeur de course. C’est un coup toi, un coup moi. Ils sont à 520 milles dans les dernières 24 heures avec 20 nœuds moyen. Yoann est peut-être sur une route un peu plus directe mais la différence est minime. Ce qu’on peut dire en revanche c’est que leur route semble vraiment optimale ! »Des accélérations et des coups d’arrêtDans le reste de la flotte, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e, 18,4 noeuds) fait des sacrées moyennes en étant derrière le même système que les leaders. Le duo Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 11e) et Samantha Davies (Initiatives Cœur, 13e) devrait enfin pouvoir accélérer. Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-lux, 14e) a toujours le contrôle du groupe suivant mais ces poursuivants ont de bonnes conditions pour revenir aujourd’hui.À l’arrière, Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 26e) a effectué sa pénalité (problème de plomb moteur). Louis Duc (Five Groupe Lanta Environnement, 25e) et Sébastien Marsset (FOUSSIER, 24e) sont bloqués dans l’anticyclone alors que Conrad Colman (MS Amlin, 22e) et Guirec Soudée (Freelance.com, 23e) sont parvenus à s’en échapper. Une incroyable régateLe match pour la victoire qui concentre toute l’attention, ils seraient nombreux à avoir aimé le vivre. Surtout à plus de 2 900 milles plus au Sud. Là, il y a ceux qui composent le « groupe de poursuivants ». En son sein, certains avaient été catégorisés parmi les favoris (Thomas Ruyant, Jérémie Beyou), d’autres chez les outsiders (Sam Goodchild, Nicolas Lunven, Paul Meilhat, Boris Herrmann et Justine Mettraux). Tous pouvaient légitimement prétendre à une place d’honneur sauf que le scénario de course ne leur aura pas été favorable.Il n’empêche, ils ont bataillé comme jamais lors de la remontée de l’Atlantique Sud, tentant de résister dans une mer croisée et un vent instable à en perdre les nerfs. Les organismes ont souffert, les bateaux aussi : aucun d’entre eux n’y est passés sans déplorer des pépins techniques plus ou moins grands. Avarie de J2 pour Thomas Ruyant (VULNERABLE, actuellement 8e), problème d’aérien pour Nicolas Lunven (Holcim-PRB, 7e), vérin de foil cassé chez Jérémie Beyou (Charal, 5e), casse du hook de J2 chez Boris Herrmann (Malizia Seaexplorer, 9e)…Heureusement, les alizés permettent enfin de souffler un peu et de faire le point sur le groupe. Les premiers vont franchir l’équateur et retrouver l’Atlantique Nord, un soulagement après ce qu’ils ont vécu. « On a eu une dizaine de jours vraiment très éprouvants », souffle Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef, 10e). Ceux qui s’en sortent le mieux, ce sont Sam Goodchild (VULNERABLE, 4e) et Jérémie Beyou (Charal, 5e) qui ont pris les commandes du groupe. Le skipper de Charal, pas vraiment gâté par les situations météo, est forcément plus enjoué :