
Une navigation d’île en île, en toute liberté
Ce n’est pas un tour de Bretagne au sens strict, mais plutôt un fil rouge côtier : longer les rivages en s’arrêtant sur les îles accessibles, en construisant son itinéraire selon la météo, les marées, et ses envies. Le kayak permet d’explorer les contours de la côte, de s’approcher au plus près des criques, des plages isolées, des îlots oubliés sur les cartes touristiques. Et surtout, de le faire sans impact, dans un silence total.
Contrairement à une traversée continue, les pratiquants optent souvent pour un découpage en tronçons de quelques jours à une semaine. Cela permet de gérer plus facilement les conditions marines, et de profiter de chaque secteur sans pression.
Côte d’Émeraude : un départ en douceur
Commencer dans la baie de Saint-Malo est une excellente option. Les conditions y sont généralement plus calmes, les paysages variés, et les possibilités d’abris nombreuses. L’archipel de Chausey est une première escale emblématique. Les grandes marées y sculptent un territoire mouvant, presque irréel. Ce premier tronçon, entre Saint-Malo et le Cap Fréhel, est idéal pour une mise en jambe : les distances sont raisonnables, la navigation reste côtière, et les points d’escale sont nombreux.

Côtes-d’Armor : Bréhat et les merveilles du Trégor
Plus à l’ouest, les amateurs trouvent dans l’archipel de Bréhat un terrain de jeu idéal. Il est possible d’en faire le tour, de s’éloigner vers des îlots plus discrets, ou de pagayer jusqu’à la côte sauvage de Plougrescant. C’est un secteur qui exige une lecture fine de la marée, car les courants peuvent être forts et les chenaux changeants. Mais il offre aussi un condensé de ce que la Bretagne fait de mieux : granit rose, eaux claires, faune marine abondante.
Certains itinéraires partent de Paimpol pour rejoindre Bréhat, puis filent vers l’ouest en suivant la côte des Ajoncs. Cette portion est souvent plébiscitée pour ses paysages intacts et sa richesse écologique.
Finistère Nord : la navigation engagée
En arrivant dans le Finistère, le cadre change radicalement. L’île de Batz, en face de Roscoff, constitue une belle étape intermédiaire, facilement accessible. Plus loin, les courants s’intensifient, les marées se font plus impressionnantes, notamment autour de Portsall ou de l’Aber Wrac’h. Naviguer ici nécessite plus d’expérience, notamment pour rejoindre l’archipel de Molène. Ce dernier est un des hauts lieux du kayak de mer en France : réserve naturelle, eaux limpides, lumière incroyable. Mais la navigation y est exigeante. Le passage vers Ouessant, lui, reste réservé à des kayakistes expérimentés, bien équipés, et encadrés.
La traversée de cette partie du littoral demande anticipation et rigueur. Les vents d’ouest dominants peuvent rendre certaines étapes longues, voire impraticables.
Finistère Sud : douceur et clarté
À mesure qu’on descend vers le sud, les conditions deviennent plus clémentes. La presqu’île de Crozon, le cap de la Chèvre ou la baie de Douarnenez offrent de nombreux spots protégés. Les plages sont plus nombreuses, les eaux souvent plus calmes en été. C’est aussi une zone parfaite pour faire de petites traversées, comme celle entre la presqu’île et l’île de Sein (avec prudence) ou vers l’archipel des Glénan.
Les Glénan sont parmi les plus fréquentés de Bretagne, mais les kayakistes y trouvent encore des coins tranquilles, notamment en s’éloignant un peu des zones de mouillage. La transparence de l’eau y est exceptionnelle, proche de celle qu’on peut observer en Méditerranée. C’est un passage presque incontournable pour les amateurs de nature et de bivouacs au bord de l’eau.

Le golfe du Morbihan : un final tout en subtilité
Dernière étape possible de ce grand itinéraire insulaire : le golfe du Morbihan. Ce bassin semi-fermé est un paradis pour les petites embarcations. Ici, le kayak révèle tout son potentiel. Entre l’île aux Moines, l’île d’Arz, les innombrables îlots privés ou sauvages, la navigation demande une certaine précision, car les courants sont rapides à chaque marée. Mais c’est aussi une belle manière de terminer son parcours : en douceur, dans une zone à la fois préservée et vivante.
Une aventure qui s’organise
Ce type d’itinérance ne s’improvise pas. Il faut connaître les bases de la navigation côtière, savoir lire une carte marine, anticiper la météo et les marées. De nombreux clubs et structures locales accompagnent les pagayeurs, avec des formules en autonomie partielle ou encadrée. Certaines proposent même la location de kayaks équipés pour le bivouac, avec cartes, sacs étanches et conseils personnalisés.
Il est essentiel de bien se renseigner sur la réglementation du bivouac, très variable selon les îles. Certaines, comme dans les Glénan ou l’archipel des Sept-Îles, sont protégées, et le débarquement y est interdit. D’autres autorisent une nuit sous tente si l’on respecte les zones définies.
Les guides locaux, souvent affiliés à la FFCK ou aux réseaux de moniteurs professionnels, sont des ressources précieuses pour adapter son parcours et éviter les pièges du littoral breton.
Ce tour de Bretagne par les îles n’est pas une performance sportive, ni un challenge réservé à une élite. C’est une autre manière de voyager. Elle demande du temps, de la patience, un peu de préparation, mais elle offre en retour une liberté et une richesse de sensations peu comparables. Le kayak permet de prendre le large tout en restant proche, d’entrer dans des lieux que peu de gens voient réellement.
Et surtout, il donne envie de revenir, encore et encore, pour découvrir une autre île, une autre crique, un autre horizon.
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