« Notre prochaine expédition n'est pas remise en question. Destination l'Atlantique sud ! »
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"Toute l’équipe Tara est confinée. Que ce soit à bord de la goélette ou à terre. Nous travaillons beaucoup en télétravail, comme tous. Cela se passe plutôt bien ! On traite surtout les urgences et le rythme va sûrement baisser au mois d’avril. A bord du bateau, cela ne change pas grand chose puisque sur un bateau, on est confiné de toute façon. La goélette est à Paris. A bord il y a des vivres pour deux mois sans problème et ils sont 5 membres d’équipage. Il y a énormément de travail technique à faire donc ils ne s’ennuient pas !" nous raconte Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Océan.
Comment arrivez-vous à continuer votre mission d'information ? "Sur notre site nous avons mis en avant 8 activités pour s’occuper pendant le confinement, et à côté de cela nous travaillons beaucoup avec les professeurs des écoles qui sont confinés chez eux. Tous les programmes pédagogiques de la Fondation sont en ligne. Tout est accessible, tout peut être facilement partagé. Nous sommes beaucoup sollicité par les instituteurs et professeurs pour savoir comment appréhender ces ressources et les utiliser au mieux. C’est très intéressant que tout soit en ligne et utilisable par un enfant et ses parents. Toute l’équipe pédagogique de la Fondation est à fond !"
De nombreux évènements ont été annulés ou reportés suite à l'annonce du confinement ? "Oui en effet. Déjà les divers évènements autour du bateau amarré à Paris. 80% de ce qui était prévu a été annulé (visites d’école, accueil du public à bord, l’exposition sur le quai), le reste a été fait avant le confinement. C’est de la perte pure pour la Fondation. Nous avions également prévu une mission de trois semaines dans le Golfe de Gascogne au mois de mai avec des scientifiques américains, français et israéliens, des escales en juin à Lisbonne pour la Conférence des Nations Unis sur l’Océan ou encore à Marseille pour le Congrès Mondial de la Nature, qui ont été annulés. Toute la négociation sur la Haute Mer avec les Nations Unie a été reportée également, c’était prévu fin mars. Les négociations sur le climat en novembre et décembre reportés également."
Pouvez-vous nous en dire plus sur la prochaine expédition Tara ? Est-elle impactée par les mesures actuelles ? "La prochaine expédition n’est pas remise en question. Destination l'Atlantique sud avec l’Amérique latine, l'Antarctique, le Chili et l'Afrique, sur le thème de l’enjeu climatique et le microbiome de l’océan. Notre but est d'essayer de comprendre comment ces microbiomes, ces microbes de l’océan, sont impactés par la pollution, plastique mais pas que. Ce sera une mission de 18 mois, départ en automne."
Quelle est votre vision pour l'après-confinement ? "Si ce virus et ce confinement ont eu de nombreux impacts négatifs, cela offre aussi une pause bienvenue à la planète. L’air de Paris n’a jamais été aussi propre depuis qu’on le mesure.
Il y a deux scénarios possibles après cette crise : soit tout le monde veut revivre comme avant et oublier, soit on sort de cela de façon lente et échelonné. Peut-être que la façon de travailler ou de consommer va changer. L’impact sociologique va être important je pense. On se rend compte que l’on vit quand même, que l’on est heureux à partir du moment où on décide de ne pas prendre ce confinement comme une contrainte mais plutôt un choix de participer à la survie des autres, c’est une prise de conscience.
Être confiné c’est comme être sur un bateau : si on sort et on se jette à l’eau on risque de mourir, si on choisit de rester à bord et de se confiner, on fait le choix de la survie. Et au moins, notre maison ou appartement lui ne bouge pas, pas de mal de mer !"