Alizée, bloquée aux Philippines « le gouvernement français a fait un travail remarquable »

À 26 ans, cela fait bientôt un an qu'Alizée, globe-trotteuse et navigatrice voyage dans le monde. À l’annonce de la fermeture des frontières françaises, elle s’est retrouvée coincée aux Philippines et nous partage son expérience.
Quel a été votre parcours jusqu'aux Philippines ?
« Il y a 11 mois j’ai quitté mon travail et cela fait deux mois que je voyage en Asie du sud-est. Après la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam, je suis arrivée aux Philippines le 5 mars 2020. J’étais alors décidée à passer 4 mois en Asie. Si tout s’était passé comme prévu j’aurai dû visiter la Malaisie et le Japon avant de quitter définitivement l’Asie. Et lors de la fermeture des frontières internationales, je n’avais pas de vol retour vers l’Europe. »
Comment avez-vous appris que les Philippines fermaient leurs frontières ?
« Quand tout a débuté, j’étais en croisière avec 20 autres passagers. Pendant trois jours, je n’avais aucun réseau sur le bateau donc je n'étais au courant de rien. Le quatrième jour, j’ai débarqué sur une toute petite île entre El Nido et Coron. Une fois sur l’île, on nous a expliqué que pendant la nuit le président avait fermé le pays, et donc que nous étions tous coincés sur cette île car les bateaux avaient reçu l’ordre de ne plus naviguer. Mais exceptionnellement, un bateau avait le droit de voyager pour nous rapatrier sur l’île de Coron. Après quelques temps à Coron, nous avons rejoint l’île de Cebu qui possède un aéroport, dans le but de rentrer chez nous. Lorsque nous sommes arrivés à Cebu nous avons appris que tous les vols de retour allaient être annulés… »
Quel a été le rôle de la France dans votre rapatriement ?
« A Cebu, j’ai commencé à appeler les ambassades. Évidemment le premier soir, je n’avais aucune réponse. À ce moment-là j’envoyais uniquement des mails avec les noms des Français qui étaient sur l’île. Le lendemain, j’ai tenté d’acheter des billets d’avion mais les indications données étaient très incertaines. À certains moments on nous disait que les avions ne décollaient plus et quelques jours plus tard, le gouvernement annonçait que l’on pouvait encore rentrer chez nous par voies aériennes. Les informations étaient régulièrement contradictoires. Cependant malgré cette situation chaotique, j’ai été surprise par l’efficacité du gouvernement français. Un travail remarquable a été fait concernant la communication avec l’armée locale. Nous avons reçu des mails de l’ambassade de France et ils publiaient régulièrement sur leur page Facebook des informations pour nous tenir au courant. Pour pouvoir se déplacer il fallait passer par des « check points » gardés par les forces militaires des Philippines. C’est là où l’ambassade de France à jouer un rôle crucial en nous octroyant un laissez-passer. Nous avions juste à montrer nos papiers français et les soldats nous cédaient le passage alors que pour les autres touristes c’était très compliqué de circuler et de se rendre à l’aéroport. »
Comment s’est passé votre rapatriement en France ?
« Quelques jours après l’annonce de la fermeture des frontières, le 21 mars, nous avions reçu un premier mail qui était une offre de vol de rapatriement pour la France. Même si tout le monde n’a pas pu aller dans ce vol car il était réservé pour les personnes prioritaires, la France était l’un des rares pays avec l’Allemagne à proposer des vols pour les ressortissants européens. Un planning a été publié sur la page Facebook de l’ambassade française aux Philippines qui annonçait très précisément les dates et heures des vols proposés par l’ambassade à un prix très raisonnable. »
Qu'est-il advenu des personnes avec qui vous étiez sur le bateau ?
« Concernant le groupe de 20 touristes avec lesquels j’ai vécu ces aventures, il ne reste là-bas que 2 Américains. Leur ambassade ne leur a apporté aucune aide et ils sont donc bloqués aux Philippines jusqu’à ce que les USA ouvrent à nouveau leurs frontières. Pour l’instant ils logent dans un Airbnb et ont été extrêmement bien accueillis par une famille de Philippins, ce sont des personnes extrêmement généreuses et serviables. »
Justement, quelle était la réaction de la population envers les touristes pendant le « shut down » ?
« Les Philippins ont été incroyables, ils nous ont beaucoup aidé et ils n’ont pas hésité à offrir à manger aux personnes qui dormaient dans les aéroports. J’ai été agréablement surprise par leur gentillesse. La mairie de Moalboal (Ndlr : ville de l’île de Cebu) a notamment orchestré toute la logistique pour que nous puissions nous rendre à l’aéroport en bus. Beaucoup de choses ont été faites pour nous aider. »