Témoignage d'une française coincée aux Philippines « Personne ne nous aide, le climat est très anxiogène »
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Depuis le 17 mars, les Français sont priés de rester chez eux. Ainsi, à cause d’un confinement qui s’est mis en place très rapidement, beaucoup de touristes français se sont retrouvés coincés malgré eux à l’autre bout du monde… Nous avons discuté avec Ophélie Petit, étudiante en événementiel. Il y a deux semaines, elle est partie avec son petit-ami pour une destination de rêve : les Philippines. Sans se douter une seule seconde que leurs vacances de rêve allaient prendre une toute autre tournure. Elle témoigne et nous raconte le chaos qui règne sur l’archipel et le désarroi que vivent, comme elle, des milliers d’autres touristes français « emprisonnés » à l’étranger.
Avez-vous été mis en garde d’un possible risque que vous preniez en voyageant pendant l’épidémie ?
"Quand je suis partie pour les Philippines, l’Italie venait de mettre en place un confinement, mais je suis partie assez sereinement. Une fois à l’aéroport aucune vérification des symptômes n’était effectuée avant le vol ni aucune prise de température. Il serait hypocrite de dire que je ne savais pas que je prenais des risques en voyageant. L’épidémie avait déjà bien affecté l’Italie et c’était le début en France. J’ai rationalisé ma peur en me disant que j’allais pouvoir profiter des plages des îles des Philippines seule sans le nombre de touristes habituels. Donc sur cette idée, nous sommes partis, mon copain et moi, pour un voyage qui aurait dû durer 2 semaines…"
Cela fait plus de 2 semaines que vous êtes bloqué aux Philippines, que s’est-il passé ?
"J’ai pris l’avion pour me rendre aux Philippines il y a maintenant 3 semaines. Je suis arrivée sur l’île de Manille (capitale de l’archipel ndlr) où j’ai transité sur l’île paradisiaque de Coron. Une fois arrivée, j’ai pu profiter de tout ce dont elle avait à offrir. Pendant 3 jours, c’était le rêve, nous avons fait du bateau avec un skipper qui nous a conduit sur une plage déserte et profité de la mer et du soleil. Puis nous sommes rentrés à l’hôtel et tout s’est accéléré. Sans crier gare, nous avons été expulsé par l’hôtel qui nous a annoncé que nous devions partir de l’île d’ici 48h ! Nous nous sommes donc exécuté avec tous les autres touristes et sommes allés sur l’île de Cebu, afin de nous rapprocher de l’aéroport dans l’optique de rentrer en France. Arrivés à Cebu nous avons appris que les frontières seraient fermées par le gouvernement français. Nous avons donc décidé de changer nos billets pour rentrer plus tôt. 750 euros, c’est la somme que nous avions dû payer pour rentrer dans la semaine. Notre vol a ensuite été annulé à cause de la réduction des transports. Depuis, nous sommes bloqués dans notre hôtel qui se trouve dans la ville de MoalBoal à 3h de l’aéroport de Cebu."
Comment se passe la confinement dans l’hôtel ? Avez-vous le droit de profiter de la mer et des activités extérieurs ?
"Les autorités ont interdit l’accès à la mer pour inciter les touristes à rester dans les hôtels, donc je suis en quarantaine dans ma chambre d’hôtel. On ne peut plus du tout nager dans la mer. Toutes ces informations nous ont été transmises par des mails envoyés par l’hôtel au jour le jour. Tous les jours il y avait une nouvelle interdiction. Un jour nous avions interdiction de faire de la plongée et le lendemain on nous annonçait que l’activité pouvait être pratiquée mais uniquement par groupe de 4. Enfin quelques jours plus tard l’hôtel nous a définitivement prohibé la plongée sous-marine, qui est l’attraction principale de l’île de Cebu. Nous étions venu spécialement pour en profiter… Tous les jours nous recevons de nouvelles consignes à suivre ainsi que des contre-indications. C’est très déstabilisant et cela nous montre que les autorités du pays ne savent pas quoi faire. L’atmosphère est très anxiogène, le personnel de l’hôtel nous surveille tout le temps. Si nous allons à la piscine de l’hôtel ils ne nous embêtent pas mais s’ils viennent contrôler et si nous n’avons pas un mètre de distance les uns avec les autres, ils peuvent nous pénaliser d’une amende."
Est-ce que l’ambassade vous prend en charge pour rentrer ?
"Nous nous sommes inscrits sur le site de l’ambassade mais nous ne recevons aucun mail. Nous n’avons également aucune nouvelle du gouvernement français aux Philippines. Nous avions reçu l’information d’un rapatriement grâce à un groupe WhatsApp constitué de Français bloqués aux Philippines que nous avons rejoint. Tous les éléments que nous recevons concernant notre possible retour viennent de ce réseau social. L’ambassade nous a laissés tomber. Pour tout vous dire, nous avons même dû faire la liste avec tous les ressortissants français coincés aux Philippines pour les prochains rapatriements… Personne ne nous aide. Pour le rapatriement qui avait lieu mercredi 18 mars, l’ambassade ne nous a pas prévenu que moi et mon ami n’étions pas sur la liste. Nous avons donc attendu jusqu’à midi à l’aéroport de Cebu pensant que nous allions enfin pouvoir rentrer chez nous.
Le problème principal est le cruel manque d’informations et de prise en charge. Les seules indications que nous recevons proviennent du groupe WhatsApp et sont uniquement fondées sur des témoignages flous… Pour l’instant, nous n’avons reçu aucune information à propos d'un prochain rapatriement de l’ambassade ou du gouvernement français. Le climat est donc très anxiogène."