Ports mythiques : Sydney, opéra emblématique pour océan Pacifique
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C’est un pays continent. Grand comme les Etats-Unis, mais peuplé de seulement 25 Millions d’habitants. Trois au kilomètre carré, c’est moins que sur les plateaux les plus reculés de Lozère. Mais les australiens vivent à 91% sur le littoral de cette île immense. Naviguer y est une activité extrêmement populaire, quel que soit le support. Les Australiens possèdent d’ailleurs cinq fois plus de bateaux que les Français, ramené au nombre d’habitants ! Si Canberra est la capitale politique de l’Australie, et les Wihtsundays son paradis sur mer, Sydney en est la vitrine. Depuis plus de cinquante ans, s’y tient traditionnellement fin juillet, l’International Sydney Boat Show. Même si cette année fait malheureusement exception pour cause de pandémie, nous gardons un souvenir ému de notre première sortie dans les eaux pacifiques, il y a de cela quelques éditions.
Histoire millénaire et buildings futuristes
Au soir du cinquième jour, le salon ferme ses portes. Le lourd décalage horaire (8h) n’est pas encore tout à fait assimilé, mais on aperçoit le bout du tunnel. De quoi profiter des nombreux restaurants en terrasse de Harbourside. Même en plein hiver, il ne fait pas vraiment froid (entre 10 et 20 degrés) et les braséros réchauffent l’ambiance et illuminent les quais. Ne pas suivre le rythme des Australiens est une règle de base si on ne veut pas manquer l’ouverture de Pyrmont Bridge le lendemain matin. Si le métro monorail ne fonctionne plus, la passerelle devenue 100% piétonne doit malgré tout s’ouvrir pour laisser passer le mât de notre catamaran de 50 pieds. Dès les premiers mètres, la ville dévoile sa double personnalité. À bâbord l’un de plus beaux musées maritimes qu’il m’ait été donné de visiter, empreint d’histoire. À tribord défile la Skyline de Sydney, avec ses buildings de verre et d’acier, témoins manifestes de sa volonté de modernité.
Les pionniers de The Rocks
Car Sydney ne date pas d’hier. Ni même de James Cook qui, le premier, jeta l’ancre à Botany Bay, là où l’aéroport de la ville sévit désormais, quelques miles plus au Sud. Non, ce sont les aborigènes qui en sont les premiers habitants. On ne parle plus alors en siècles mais en millénaires. Quelques 50 000 ans avant JC, la mer n’est pas à son niveau actuel, mais 150m plus bas. Depuis l’Asie du Sud-Est qui, à l’époque, ne forme avec l’actuelle Australie, qu’un seul et même continent, et ils sont donc arrivés à pied ! Il faut avoir visité The Rocks Discovery Museum dans le quartier pionnier de Sydney dès le XVIII° siècle. Justement le voilà qui découvre sur tribord, au pied du Harbour Bridge à l’architecture métallique mondialement connue. Pas de problème, notre mât passe sans problème sous les 49m du tablier. Ce bruit est assourdissant, c’est le trafic automobile intense sur la chaussée métallique. Mais pour nous le danger est dans l’intense trafic maritime. En effet, les 55 km² de l’abri naturel unique que forme cette baie sont parcourus par de nombreuses lignes de ferries. Véritable réseau de bus local, ils permettent de relier rapidement des quartiers éloignés en évitant les embouteillages. On se méfie de leur vitesse, on subit leurs vague d’étrave, on se glisse dans leurs sillages et la magie opère !
L’accueil de la houle
L’emblématique opéra de Sydney se dresse devant nous. Qu’elle soit associée à de minces voiles ou aux ailes d’un cygne, la silhouette imaginée par le Danois Jørn Uzon se découpe sur le ciel. La forme donnée par les paraboles symétriques et coaxiales se rencontrant au sommet change constamment en fonction des perspectives. Nous hissons les voiles pour ne pas manquer de tirer quelques bords au pied de cette parfaite symbiose entre architecture et sculpture. Au près, nous nous dirigeons vers la rive Nord, toute de végétation revêtue, contrastant fortement avec l’urbanisation galopante que l’on vient à peine de quitter. Sur l’avant tribord, on distingue la pointe de Watsons Bay avec, à son extrémité, le phare de Hornby. On met le clignotant à droite et, passé l’alignement avec la péninsule de Manly, nous naviguons désormais en plein Pacifique ! Nous aurions fermé les yeux que nous n’aurions pas manqué de ressentir la longue houle qui nous accueille immédiatement. Le vent ne manque pas de fraîchir au sortir de la Baie et nous ne tardons pas à prendre un ris. Remonter au près jusqu’à l’abri naturel suivant, la non moins célèbre et très select baie de Pittwater, ne sera pas une sinécure. Mieux vaudra attendre le printemps Austral pour rejoindre l’armada de tous les plaisanciers qui rejoignent pour l’été les eaux de la grande barrière de corail bien plus au Nord. Mais en attendant, que d’émotions nous avons vécu en traversant cette baie magique.