Madagascar : au pays des Vezo, nomades de la mer
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Parmi les 28,92 millions d’habitants (source : Banque Mondiale, 2021) divisés en 18 ethnies qui occupent cet état insulaire établie dans l’océan Indien, les Vezo sont une tribu de valeureux semi-nomades qui naviguent le long des 3000 km du rivage de la côte sud-ouest de Madagascar.
Le manque de moyens du gouvernement et l’isolement les contraints à se débrouiller seuls face aux problèmes récurrents de l’extrême pauvreté : famine, maladies et éducation. Ils ne sont pas moins de 8000 membres, tous accompagnés de leur « Laka » ou pirogue banane, un bateau à balanciers en bois, armés d’une voile carré montée sur deux mâts, qu’ils empruntent pour naviguer.
Ils vivent exclusivement de la pêche et des ressources naturelles environnantes. Ce mode de vie authentique les déconnecte entièrement de la société moderne mais aussi du gouvernement malgache, concentré sur la capitale Antananarivo et donc bien trop éloigné pour pouvoir s’occuper de cette population. Sans électricité ni eau potable, ces lointains descendants indonésiens vivent reclus sur les plages allant de Morondava à Tuléar.
Un clan uni
La légende raconte qu’il y a très longtemps « un pêcheur sakalava (ethnie majoritaire de la région) rencontra une sirène alors qu’il n’arrivait pas à pêcher le poisson. Elle lui proposa de lui enseigner l’art et les techniques de la pêche, ce qui entraîna une histoire d’amour entre les deux. Après avoir eu un enfant avec cet homme, la sirène décida de retourner en mer. En contrepartie de cet abandon, elle promit au pêcheur de rabattre tous les poissons vers lui mais demanda que toute la descendance de ce fils ne soit pas enterrée dans la terre, mais le long des côtes. » raconte William, un vezo du village de Tsifota au journaliste Patrick Profit pour son documentaire, Madagascar, les Vezo seigneurs de l’océan.
Pour eux la mer n’est pas qu’un simple élément, il y a un rapport sacré à l’eau que leurs ancêtres leur ont légués. Les Vezo ont été choisis par les dieux pour voguer au vent des marées. Souvent vous verrez les femmes de la tribu avec un épais masque jaune, appliqué uniformément ou en forme de fleurs sur leurs visages. Il s’agit du « Masonjoany », maquillage en malgache. C’est un protecteur naturel contre les rayons du soleil et un produit de beauté locale. Confectionné à partir de bois de santal, il suffit de frotter une branche de ce bois à une pierre de corail mouillée pour obtenir cette pâte typique.
Ils se nourrissent exclusivement de riz accompagné de viande ou de poisson, qu’ils ont séché au préalable. Quand ils ne sont pas à bord de leurs pirogues, ils vivent dans des habitations rudimentaires en bois, souvent composé d’une seule pièce. Chez eux, la hiérarchie est très importante, les anciens sont les dirigeants. Ils prennent les décisions et rien ne se fait sans leur accord. Un enfant ne devient membre à part entière de la collectivité qu’une fois qu’il sait nager.
Un écosystème menacé
Les Vezo vivent au gré des récoltes. Si le poisson vient à manquer à un endroit, ils se déplacent vers de nouveaux horizons. Leur principale économie provient de la pêche car les récoltes sont de plus en plus difficiles, notamment à cause de la sécheresse. Mais le poisson aussi tend à se faire rare, à cause de la surpêche et l'industrie. Une situation complexe pour ces populations dont le mode de vie est en fusion avec la nature.