Les îles d'Aran, rempart de l'Irlande
Elles sont le rempart de Galway. Au Sud-Ouest des îles d’Aran, les falaises à-pics de plus d’une centaine de mètres empêchent les lames de l’océan Atlantique de s’engouffrer dans la baie. Au Nord-Est de l’archipel, face à la terre, les criques et les plages permettent de débarquer sur les îles en toute sécurité. L’archipel d’Aran se compose de trois îles aux noms gaéliques. La plus à l’Ouest, Inis Mór (grande île) est aussi la plus vaste de l’archipel avec ses quatorze kilomètres de longueur et trois de largeur. Viennent ensuite Inis Meáin (île du milieu) et Inis Oírr (île d’Est), la plus petite des trois îles. Seuls mille deux cents habitants vivent sur cet archipel de 50 km², anciennement de la pêche et aujourd’hui essentiellement du tourisme. En effet, Inis Mór est devenue un lieu incontournable pour ceux qui visitent l’Irlande. Les îles sont ainsi accessibles en bateau depuis Ros a’ Mhil dans le Connemara, Doolin dans le comté de Clare et Galway.
Les premières traces de peuplement des îles d’Aran remontent à l’Âge du bronze, soit au deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Cependant, les vestiges qui attirent aujourd’hui les visiteurs sur l’archipel n’ont pas tout à fait 3 000 ans. Plusieurs forts de l’Âge du fer couvrent les îles, le plus impressionnant étant certainement le fort de Dun Aonghasa (Dun Aengus), surplombant les falaises vertigineuses de l’Ouest d’Inis Mór. Sur cette île se trouvent également les ruines du plus ancien monastère d’Irlande, Killeany, fondé autour de 490 par Saint Enda. Témoin de l’histoire catholique de l’île, le site de Na Seacht dTeampaill (des Sept églises) fut durant plusieurs siècles un des grands centres de pèlerinage irlandais. A l’Est, Inis Oírr est dominée par les ruines d’un château construit par les O’Brien, famille ayant régnée sur l’Irlande jusqu’à son invasion par les Tudor. Sur la plage, les restes du cargo MV Plassey, ex chasseur de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale HMS Juliet et drossé à la côte par une tempête en 1960 avec sa cargaison de whisky, vitraux et fils textiles, sont restés abandonnés depuis soixante ans. L’épave rouillée attise depuis la curiosité des promeneurs. Enfin, Inis Meáin est moins touristique que ses deux sœurs, présentant un esprit plus authentique. Elle attire cependant les amateurs de plongée qui aiment profiter de ses eaux claires.
Les îles d’Aran offrent un paysage étonnant. Les falaises vertigineuses aux arrêtes coupantes offrent un refuge inattendu aux oiseaux marins. Battues par le vent, seule une végétation rase parvient à s’accrocher sur les îles. Ces dernières sont toutes couvertes de murets en pierre sèche qui les divisent en une multitude de parcelles. C’est certainement sur l’archipel que se trouve la plus grande concentration de murets en pierre au monde. Si partout sur les îles des forts anciens et des ruines d’églises témoignent de l’incroyable passé des îles d’Aran, leur culture reste aujourd’hui extrêmement riche. Elles sont en effet considérées comme le dernier bastion de la langue irlandaise. Le gaélique y est couramment parlé par l’ensemble des habitants qui le préfère à l’anglais. Ainsi, de nombreux irlandais viennent dans l’archipel pour apprendre cette langue et retrouver leurs racines.
Les îles d’Aran font partie de ces endroits à l’Histoire riche et au charme authentique. Il est conseillé de visiter les îles à pied et en dehors de la saison d’été ; il est alors possible de marcher seul sur les îles pendant plusieurs heures. Face au regain touristique de l’archipel, ce dernier est de mieux en mieux desservi et, pour les amateurs de tourisme vert, de nombreux Bed & Breakfast y ont ouvert ces dernières années. Cependant, la fascination des français pour le charme authentique de cet archipel ne date pas d’hier : Gilbert Bécaud lui a consacré L’opéra d’Aran en 1962 et la chanson Îles d’Aran du groupe Gold résonne encore dans la tête des fans des années 1990.
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