
Figaro Nautisme : Quel était l’objectif de l’expédition Pangaea ?
Mike Horn : Nous voulions donner l’opportunité à des enfants des quatre coins du monde intéressés par la nature et la préservation de notre environnement de participer à une expédition leur permettant de voir la beauté de notre planète. Je ne voulais pas leur montrer à quel point elle est détruite mais au contraire leur montrer sa beauté pour leur donner espoir, leur montrer comment utiliser la science pour effacer l’empreinte de l’homme sur l’élément naturel. Nous avons récolté de nombreuses informations tout au long de notre périple.
Pourquoi avoir choisi d’embarquer des enfants dans l’aventure ?
La plupart du temps, on fait des recherches puis on écrit un livre qui finit dans une librairie et dont on ne parle plus après. A un moment dans la vie, on se doit d’appliquer tout ce que la science nous offre. Et la plus grande source d’énergie qui n’est pas utilisée, ce sont les jeunes. Les adultes consomment les ressources de la planète pour gagner de l’argent, alors que les enfants de 15 à 20 ans ne sont pas encore influencés. Ils se moquent de la politique ou de l’économie. Quand on travaille avec un jeune, c’est comme si on travaillait sur une page blanche. Nous ne les avons pas choisi au hasard. Nous avons choisi ceux qui seront les décideurs de demain. Grâce à cette expérience, les décisions qu’ils prendront plus tard prendront en compte l’environnement plus que l’argent. On a travaillé avec des jeunes qui peuvent changer des choses dans les cinq ou dix ans à venir.
Combien d’enfants aviez-vous à bord ?
On a essayé d’avoir à chaque fois deux enfants de chaque continent, sauf de l’Antarctique. Nous avions 12 enfants maximum sur chaque expédition. Chaque groupe d’enfants est resté environ quatre semaines à bord, voyage inclus. Quand j’ai lancé ce projet, les gens se demandaient qui allait envoyer ses enfants avec moi, loin de chez eux dans des endroits tels que l’Himalaya, désert de Gobi ou le pôle sud. Mais finalement, les écoles ont demandé que leurs meilleurs élèves participent à l’expédition et deviennent ambassadeurs de la planète.
Quel bilan tirez-vous de votre expédition ?
Je suis parti en 2008 pour quatre ans et demi qui m’ont emmenés sur les sept continents et dans chaque élément que la nature propose, de la jungle à la glace, en passant par la mer, la toundra, le désert, les rivières ou encore les montagnes. En tout, le site de l’expédition a reçu 58 millions de visites, c’est beaucoup. Ca a fait beaucoup de buzz auprès des jeunes enfants. Une fois rentrés, ils ont monté leurs propres projets chez eux. On ne pensait pas qu’ils seraient aussi motivés par la sauvegarde de notre planète. L’avenir est entre leurs mains. Ils travaillent dessus, tout cela est très positif. Et puis il n’y a plus d’accident ou d’incident pendant l’expédition. Des scientifiques et des médecins nous ont aidé à travailler avec les enfants. Nous avons réussi à changer la vision du monde de ces jeunes. Ce qu’ils ont vu ou appris restera en eux toute leur vie.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Je viens de rentrer après quatre ans et demi d’expédition mais c’est temporaire. Je ne suis pas capable de rester à un endroit. Et puis on ne peut pas arrêter maintenant. Les ambassadeurs qu’on a formés gèrent aujourd’hui 400 projets autour du monde. On a une responsabilité vis à vis de ces jeunes explorateurs. On se doit de les soutenir, de communiquer, et de continuer à faire grandir notre communauté de jeunes autour du monde. Je veux construire un bateau plus grand pour naviguer plus vite en emmener plus de jeunes à bord. Cela nous permettra de passer plus de temps sur chaque continent et de former plus d’enfants. J’envisage un bateau qui puisse traverser l’Atlantique en trois jours, aller à 50 nœuds, et pouvant accueillir 100 enfants à bord. L’expédition Pangaea n’est que la première phase de ce que je veux réaliser.