
Brendan Foley, de l’institut de recherche océanographique Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI), et son équipe ont découvert un squelette humain sur le site du naufrage de l'Anticythère. Les ossements ont été découverts le 31 août, sous 50 cm de débris de poteries et de sable. Membre de l'équipage, passager, esclave ? L'ADN nous le dira. En attendant, Nautisme.com vous propose d'en apprendre un peu plus sur l'épave d'Anticythère.
L’épave d’Anticythère serait le plus grand naufrage de l’Antiquité, d'après l’archéologue américain Brendan Foley (WHOI). Son équipe de chercheurs internationaux, avec le soutien du ministère de la Culture grec, avait déjà mené plusieurs campagnes de fouilles archéologiques, dont la première en septembre 2014, de ce navire vieux de 2000 ans et découvert par hasard en 1900 par des pêcheurs d’éponges près de l'île d’Anticythère en Grèce. Cette épave antique est notamment célèbre pour la machine d’Anticythère, une calculatrice astronomique en bronze composée de 37 roues dentées et qualifiée d’ancêtre de l’ordinateur par les scientifiques. À l’époque, les pêcheurs de cette extraordinaire trouvaille avaient dû mettre fin à leur mission sur le site situé à 55 mètres de profondeur, trop dangereux pour plonger en toute sécurité. Leur expédition avait fait un mort et deux paralysés. Depuis, l’épave mythique a fait l’objet de nouvelles fouilles archéologiques. Deux campagnes ont été menées en 1953 et 1976 par le commandant Jacques Cousteau à bord de Calypso. Les pièces de monnaie découvertes lors de ces explorations sous-marines ont permis d’estimer la période du naufrage entre 70 et 60 avant Jésus-Christ. Le navire acheminait une cargaison de trésors grecs de la côte ouest de l'Asie Mineure à Rome. L'île d’Anticythère se dresse au milieu de cette ancienne voie maritime et le navire a probablement coulé au cours d’une violente tempête qui l’aurait projeté contre des falaises abruptes de l'île. Le Titanic de l’ancien monde L’équipe dirigée par Brendan Foley et Theotokis Theodoulou, du ministère de la Culture grec, est retournée sur le site pendant trois semaines du 15 septembre au 7 octobre 2014. Les premières fouilles de cette opération appelée “Le retour à Anticythère” ont permis de remonter des lieux du naufrage des bijoux, de la vaisselle et d’énormes ancres de plomb de plus d’un mètre de long. D’après Brendan Foley, au vu de la taille des ancres, le navire d'Anticythère est beaucoup plus large qu'on ne le pensait, et mesure près de 50 mètres de long. Jusqu’à présent, les plus longues épaves de la même époque ne dépassaient pas les 37 mètres. Ces observations montrent « qu’il s’agit là du plus grand naufrage antique jamais découvert », annonce Brendan Foley. C’est le « Titanic de l'ancien monde », clame-t-il. Les archéologues ont également récupéré sous la surface du sable une lance de bronze géante de près de deux mètres de long. Trop volumineuse et lourde pour avoir servi d’arme, elle devait appartenir à une statue géante, peut-être un guerrier ou la déesse Athéna, précise le scientifique américain. Des techniques de pointe C’est grâce à des techniques de pointe que les chercheurs ont pu mener à bien leur campagne de fouilles. Une cartographie 3D du site a été réalisée en utilisant des caméras montées sur un véhicule sous-marin autonome. Les chercheurs ont eu également recours à un appareil de plongée à circuit fermé (recycleur) qui conserve et traite l’air expiré, permettant ainsi de rester sur le site pendant trois heures d’affilée. Autre équipement high-tech impressionnant, l’Exosuit. Ce scaphandre rigide ressemble à une armure de métal futuriste, digne des BD de science-fiction. Doté d’une camera HD et de propulseurs à eaux, le plongeur peut descendre jusqu’à 300 mètres de profondeur sans décompression et pendant près de 50 heures. Ses pinces au bout des bras lui permettent de manipuler les objets avec précision. Depuis la découverte du naufrage le siècle dernier, 378 pièces de valeur ont été remontées. Mais les vestiges du navire s’étendent sur une zone plus importante que prévue et couvrent près de 300 mètres de fond marin. S’agit-il d’une seconde épave ou d’une même cargaison ? Cette épave mystérieuse est donc loin d’avoir livré tous ses secrets.