
Le succès de la plaisance nautique ne se dément pas. La pratique compte de plus en plus d’adeptes en France. Pourtant, selon la Fédération des Industries Nautiques (FIN), on observe une baisse significative du nombre d’immatriculations de bateaux neufs depuis deux ans. Après l’effervescence de « l’après covid » les reculs sont de 23,1 % en 2023-2024 et de 25,5 % depuis 2018-19. « Les bateaux neufs se vendent moins bien mais le marché de l’occasion se maintient », relativise Paul Blanc, représentant du groupe Beneteau à la FIN, chargé de travailler sur le sujet des usages. La hausse annuelle du nombre de permis bateau est un autre indicateur positif pour la plaisance. « Au début des années 2010, on comptait entre 50 et 70 000 passages de permis par an, depuis 7 à 8 ans on est quasiment à 100 000. Il y a même eu un pic à 120 000 pendant le covid. » Une croissance spectaculaire qui s’explique en partie par : une plus grande accessibilité des bateaux à moteur, la diversité des modèles, leur maniabilité, leur rapidité, la liberté qu’ils offrent ... mais pas uniquement.
Toujours plus de pratiquants, mais moins de bateaux sur l’eau : que se passe-t-il sur le marché nautique ? Sans nulle doute un changement de fond de la manière de consommer.
La location et les boat club en croissance
Ainsi, la plaisance glisse progressivement d’un marché de propriétaires à celui d’usagers. Cela peut prendre différentes formes. La location simple, avec ou sans skipper pour une pratique ponctuelle se déploie. Le phénomène n’est pas nouveau. « La location de voilier s’est beaucoup développée dans les années 80-90. On observe une accélération pour les bateaux à moteur depuis dix ans. » Le marché se structure autour de plateformes comme Click&Boat ou SamBoat. Les particuliers se sont également engouffrés dans la brèche avec le développement des locations « types Airbnb » que l’on retrouve dans l’immobilier. La location est pour des non-professionnels une source de revenus attractive.
Les acteurs historiques se sont adaptés et proposent aussi de nouvelles offres, notamment pour ceux qui naviguent de façon régulière. « Les formules de boat club, de location par abonnement, sont en forte croissance aux États-Unis depuis quinze ans, indique Paul Blanc. Le leader s’appelle Freedom Boat Club, il atteint 90 000 membres. » Le concept gagne du terrain en Europe. Le groupe Beneteau a mis Wiziboat en place pour capter les nouveaux consommateurs. Libertypass est un troisième acteur notable. « Le marché de la location et des boat club est en croissance de 10 à 15 % par an », précise Paul Blanc.
Le partage pour lever les freins
Et si cette nouvelle donne était une aubaine pour le secteur ? « Nous pensons qu’il y a une vraie réserve de consommateurs. Des gens qui ont envie de faire du bateau mais rencontrent des freins. » Selon une étude menée avec l’IFOP, la FIN identifie quatre obstacles à la plaisance nautique. La charge mentale d’abord, tant il semble compliqué d’entretenir un bateau, de trouver une place de port... La formation ensuite, car il parait ardu et long d’apprendre à manoeuvrer un navire. Le temps disponible et l’aspect financier sont d’autres barrières à priori difficiles à surmonter pour beaucoup. Le partage peut apporter des réponses pour une pratique plus libérée, sans les soucis de la propriété et des coûts associés. Les attentes évoluent. Les professionnels ont face à eux « des gens plus en quête d’expériences que de propriété, des personnes qui souhaitent tester des loisirs différents, qui vont peut être changer plusieurs fois de vie, déménager et sont plus rétifs à l’engagement ».
Plus qu’un bouleversement abrupt, la FIN observe ainsi une accélération du changement de génération sur l’eau, même s’il subsiste toujours des adeptes du modèle historique porté par les babyboomers. « Il y aura toujours des propriétaires, précise Paul Blanc. Les plus passionnés par leur bateau, qui souhaitent l’équiper selon leur goût, y avoir accès sur un coup de tête. Mais on sait que la moyenne d’utilisation d’un bateau n’est que de 20 à 25 sorties par an. » Il y a de la place pour le partage ! L’enjeu est donc d’aller chercher ces futurs néo-plaisanciers : plus de femmes, des classes sociales diversifiées et une nouvelle démographie. « On sait par exemple que la moyenne d’âge des personnes qui louent des bateaux est de 45 ans, inférieure de dix ans à celle des propriétaires. »
Ainsi l’économie du partage a beaucoup de sens pour l’ensemble de la filière nautique. Plus de pratiquants - pour un même nombre de bateaux - c’est augmenter la fréquentation aux environs des ports, contribuer à dynamiser le commerce, stimuler les zones d’accueil. Les ports sont invités à se réinventer et à dépasser leur vocation de simples parkings à bateaux. Ils aspirent à devenir des lieux de vie avec des services associés. Dans certains secteurs géographiques, le sud notamment, ce sera l’opportunité d’accueillir de nouveaux consommateurs en contournant la problématique de saturation des places disponibles. Et pour nous, la possibilité de diminuer les impacts écologiques liés à l’entretien et à la construction.
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