
Figaro Nautisme : En quoi consiste le rôle de directrice marketing et commerciale d’un grand chantier comme Nautitech ?
Maya Gautier : Mon rôle consiste à piloter et organiser l’ensemble des métiers en contact direct avec les clients. Cela inclut donc les propriétaires de catamarans mais aussi les concessionnaires. Chez Nautitech, nous avons créé un pôle que l’on appelle le « pôle clients ». Il regroupe différents métiers à savoir le marketing, le commerce mais aussi le service Premium qui est l’activité de personnalisation de nos bateaux, l’activité de préparation, de livraison des catamarans et le service après-vente. Je manage ce pôle essentiel pour notre marque et je suis plus spécifiquement en charge de la partie marketing produit. Un poste qui est très stimulant car très transversal. Je travaille avec de très nombreux intervenants aussi bien en interne qu’en externe, comme les architectes, designers, les fournisseurs, et évidemment avec tous les services du chantier.
J’ai la chance de faire un métier très excitant même s’il faut se méfier toujours un peu de la passion pour le nautisme et les bateaux. Mon père était directeur du port d’Arcachon. La mer et les bateaux font donc partie intégrante de ma vie. Mais dans mon travail, je dois rester objective, capable d’écouter et d’analyser ce que veulent les propriétaires. Il ne s’agit pas d’imaginer le bateau de mes rêves, mais celui qui va correspondre aux clients de Nautitech...
Figaro Nautisme : Les bateaux actuels sont de plus en plus pensés pour répondre à un marché, à une demande spécifique. Quelle est la part réelle du service marketing dans la conception d’un nouveau Nautitech ?
Maya Gautier : Elle est prépondérante. Concrètement c’est le service marketing qui va initier - en tous les cas chez nous - les premières orientations sur les futurs bateaux de la gamme. C’est grâce à notre « pôle clients » et aux liens que nous entretenons avec les propriétaires et les concessionnaires que nous pouvons commencer notre travail et imaginer les prochains bateaux. Il faut bien entendu chercher à répondre aux besoins, aux aspirations des futurs propriétaires tout en restant en cohérence avec l’image de la marque et bien sûr le marché. Le tout en ayant toujours à l’esprit les contraintes industrielles que la fabrication d’un catamaran implique.
Quand les grandes lignes du bateau ont été validées, commence le travail avec les architectes, designers et bien sûr notre bureau d’études. Le temps de développement d’un nouveau bateau est finalement assez court, entre 13 et 15 mois.

Figaro Nautisme : Selon votre point de vue de spécialiste à la fois du marketing et du commercial, à quoi ressembleront les bateaux sur lesquels nous naviguerons dans 10 ou 15 ans ?
Maya Gautier : Il me semble évident, comme dans beaucoup d’autres secteurs d’activité, que la question des ressources est une exigence incontournable que ce soit dans la fabrication des bateaux mais aussi dans leur usage. Notre priorité aujourd’hui chez Nautitech est de penser le bateau et son utilisation tout au long de son cycle de vie. Les solutions techniques et technologiques vont bien sûr évoluer et murir, même si aujourd’hui leurs coûts sont encore trop importants pour être forcément intégrés dans les prochaines gammes, mais ce n’est qu’une question de temps... Ce que nous imaginons déjà, en revanche, c’est de penser nos catamarans pour toute leur durée de vie. Un bateau va avoir plusieurs propriétaires, va devoir répondre à différents projets de navigations et s’adapter au fil du temps à chaque marin. Les bateaux de demain devront offrir cette possibilité de remplacer un module si telle ou telle configuration ne correspond plus aux besoins du propriétaire. Le bateau doit pouvoir être upgradé et rester en très bon état cosmétique pour augmenter sa durée de vie. Il est indispensable, aujourd’hui pour nous, de produire de manière plus durable, de produire mieux et de s’adapter tout au long de la vie du bateau aux usages réels dont a besoin son propriétaire. Durabilité et personnalisation : voici ce qui pourrait qualifier le mieux les « bateaux de demain ».
Figaro Nautisme : Quelle est l’actualité du chantier, les nouveautés que vous pouvez nous annoncer ?
Maya Gautier : Nous avons présenté notre nouveau projet au salon international du multicoque de La Grande Motte fin avril dernier. Le Nautitech 41 type S. Un tout nouveau modèle qui va justement répondre à la durabilité et à la personnalisation dont nous venons de parler. Un catamaran léger pour garder les performances sous voiles chères à l’ADN du chantier, avec des possibilités très poussées de customisation. C’est un projet audacieux, car il doit permettre à chaque propriétaire de façonner son propre bateau à son image. Un véritable challenge ! Il va remplacer dans notre gamme l’emblématique Open 40 qui sera resté au catalogue pendant dix ans. Un catamaran que nous avons pensé comme une vraie plateforme évolutive et capable de s’adapter aux besoins de son propriétaire au fil du temps. Ce Nautitech 41 Type S sera mis à l’eau et présenté au public au printemps 2026...
Nous venons aussi de créer un tout nouveau département au sein même du chantier pour faciliter la personnalisation de nos bateaux. Cela peut aller d’un mât et bôme carbone, au choix de voiles spécifiques ou... du linge de bord en passant par l’installation d’un dessalinisateur ou tout autre aménagement spécifique. Ce service vient en support de nos concessionnaires et permet d’offrir une conception encore plus souple pour les propriétaires.
Figaro Nautisme : Nautitech en chiffres ?
Maya Gautier : Le chantier a maintenant plus de 30 ans avec un véritable ancrage local en Charente-Maritime. Nous sommes environ 110 salariés à ce jour. Nous produisons entre 25 et 30 catamarans par an dont 70% partent à l’export. Notre dernier exercice était bénéficiaire. Une belle histoire que nous continuons à écrire tous ensemble.
Figaro Nautisme : Dernière question : votre dernière navigation et la prochaine ?
Maya Gautier : Ma dernière navigation est très récente puisqu’elle date d’hier soir sur un Nautitech 48 Open un peu particulier. Un catamaran très customisé avec un mât et une bôme carbone et des aménagements spécifiques dans la coque propriétaire.
Quant à la prochaine navigation, ce sera aussi sur un bateau du chantier et bien sûr sur le nouveau Nautitech 41 type S dès que possible...