
Le principe est simple en apparence : faire vibrer un leurre en métal - le jig - en l’animant de bas en haut, à la verticale, souvent depuis un bateau à l’arrêt. Une fois le leurre coulé à la profondeur désirée, le pêcheur imprime des mouvements saccadés à la canne, comme une danse frénétique censée mimer une proie blessée. Et c’est là que tout se joue : sur la nervosité du geste, la lecture de la colonne d’eau et le bon tempo. Le jigging est une pêche active, qui demande au pêcheur d’être toujours en mouvement, en éveil, à l’écoute de la moindre vibration dans la ligne.
Chaque type d’animation - rapide ou lente, ample ou saccadée - peut déclencher l’attaque selon l’humeur du poisson et les conditions du moment. Il faut donc varier les rythmes, tester différentes profondeurs, et parfois insister longuement sur une zone. Loin d’être monotone, le jigging est une pêche intuitive, presque instinctive.
Une technique venue du Japon
Comme beaucoup d’innovations en pêche sportive, le jigging moderne est né au Japon. À la fin des années 1990, les pêcheurs nippons ont perfectionné l’animation des jigs longs et fuselés dans les grandes profondeurs, donnant naissance au "speed jigging", très rapide, et au "slow jigging", plus subtil mais redoutable d’efficacité. La philosophie japonaise repose sur la précision, la régularité et l’étude du comportement des poissons.
Le concept a vite séduit les pêcheurs du monde entier. Aujourd’hui, le jigging est pratiqué sur toutes les mers, du Pacifique aux côtes françaises, en passant par l’océan Indien. Il a conquis les passionnés de pêche sportive par son efficacité, sa technicité, et le niveau de concentration qu’il exige. En France, il s’est imposé comme une alternative moderne à la pêche à la traîne ou à la dérive, avec un taux de réussite souvent bluffant.
Matériel : du solide, du précis
Oubliez les cannes de plage. Le jigging demande un équipement spécifique, court et nerveux, capable d’encaisser les chocs tout en gardant de la sensibilité. En général, les cannes mesurent entre 1,60 m et 1,90 m, avec une grande réserve de puissance pour encaisser les rushs violents. Le blank doit être réactif, mais aussi souple en pointe pour amortir les coups de tête.
Les moulinets, souvent à tambour tournant, doivent être robustes, avec un frein puissant et une récupération rapide. Certains pêcheurs préfèrent les moulinets spinning pour leur maniabilité, d'autres optent pour le baitcasting pour une animation plus directe. Le choix dépend du style de jigging pratiqué (speed, slow, deep, etc.).
Côté ligne, la tresse est reine : fine pour une bonne pénétration dans l’eau, mais solide pour résister aux tensions extrêmes. Un bas de ligne en fluorocarbone, plus discret, permet de limiter les coupes sur les poissons à dents. Quant aux jigs, leur diversité est presque infinie : longs, courts, plats, incurvés, asymétriques, avec ou sans hameçons assisté. Le choix dépend de la profondeur, de la cible et du courant. Un bon pêcheur de jig a toujours plusieurs modèles à portée de main.
Des adversaires de taille
Le jigging s’adresse aux pêcheurs qui aiment le muscle. Dentis, sérioles, thons, pagres, mérous, pélamides... Les prédateurs marins raffolent de ces leurres nerveux qui leur passent sous le nez. En Méditerranée, dans l’Atlantique ou sous les tropiques, les rencontres sont souvent brutales, les combats intenses. Le ferrage est immédiat, l’adrénaline aussi.
Certains poissons, comme les carangues ou les amberjacks, attaquent en meute dès les premiers mètres de remontée. D’autres, comme les pagres ou les lieus, demandent plus de finesse et une animation plus lente. C’est cette diversité qui rend le jigging passionnant : on ne sait jamais vraiment ce qui va répondre, ni à quel moment.
Et quand ça mord, il faut tenir bon. Les combats sont verticaux, intenses, souvent violents. Les erreurs de freinage ou de ferrage ne pardonnent pas. Pour beaucoup, c’est ce moment-là - la touche franche, suivie du rush - qui rend le jigging totalement addictif.
Une pêche exigeante... et grisante
Ce n’est pas une pêche de tout repos. Le jigging réclame du rythme, de la patience, une bonne connaissance des fonds et une lecture fine du sondeur. Les échecs sont nombreux, les courbatures garanties, mais les touches sont franches et les combats sans concession. Un terrain de jeu parfait pour les pêcheurs sportifs qui veulent sortir des sentiers battus.
Mais attention : si le jigging est exigeant, il est aussi gratifiant. Il pousse à s’améliorer, à comprendre les conditions, à adapter sans cesse sa technique. Il enseigne l’humilité autant que l’endurance. Et il permet, parfois, de faire monter des poissons spectaculaires sans avoir quitté le poste.
Le jigging, c’est la pêche verticale par excellence. Une méthode moderne, vivante, physique, qui bouscule les habitudes. Pour ceux qui veulent pêcher autrement, avec les bras, la tête, et un peu de folie.
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