James Cook, l’homme qui mit le Pacifique en cartes

Culture nautique
Par Figaronautisme.com

Avant de devenir l’un des plus grands explorateurs de l’histoire maritime, James Cook était fils de laboureur. En trois expéditions autour du monde, il bouleverse les connaissances géographiques de son temps, trace les contours du Pacifique, observe les astres, soigne ses marins comme peu le faisaient à l’époque, et meurt tragiquement sur une plage hawaïenne. Son parcours, entre rigueur scientifique et confrontation avec l’inconnu, raconte l’audace d’un monde en pleine exploration.

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Avant de devenir l’un des plus grands explorateurs de l’histoire maritime, James Cook était fils de laboureur. En trois expéditions autour du monde, il bouleverse les connaissances géographiques de son temps, trace les contours du Pacifique, observe les astres, soigne ses marins comme peu le faisaient à l’époque, et meurt tragiquement sur une plage hawaïenne. Son parcours, entre rigueur scientifique et confrontation avec l’inconnu, raconte l’audace d’un monde en pleine exploration.


Après avoir suivi les traces de Jean Cabot et de Jacques Cartier, poursuivons notre exploration historique avec une figure tout aussi marquante des grandes découvertes maritimes : James Cook.

Une ascension depuis les terres du Yorkshire

James Cook voit le jour en 1728 dans le nord de l’Angleterre. Rien, a priori, ne le prédestine à parcourir les mers du globe. Fils d’un métayer écossais, il quitte l’école à treize ans pour travailler dans une épicerie. Mais la routine terrestre ne lui suffit pas. Il embarque à dix-sept ans sur des navires de transport de charbon qui longent la côte est de l’Angleterre. Ces années de navigation côtière sont son premier laboratoire : il y apprend la rigueur, l’observation du ciel, la lecture des courants. Il se passionne surtout pour la cartographie, une compétence rare à l’époque. À vingt-six ans, il prend un risque inattendu : il abandonne un avenir stable dans la marine marchande pour repartir de zéro dans la Royal Navy. C’est un choix stratégique. Il y voit une chance d’apprendre davantage, de naviguer plus loin - et de se faire un nom.

Du golfe du Saint-Laurent à Terre-Neuve : la science en terrain de guerre

Lors de la guerre de Sept Ans, Cook participe à plusieurs batailles clés, notamment à Louisbourg et Québec. Mais c’est surtout par ses relevés précis des côtes canadiennes qu’il impressionne. Il fournit aux commandants britanniques les cartes nécessaires pour manoeuvrer leurs troupes, ce qui contribue à la prise de Québec en 1759. Ces compétences valent à Cook d’être remarqué par les autorités navales et scientifiques.

Après la guerre, il passe plusieurs années à cartographier les côtes de Terre-Neuve. Ce travail long et exigeant, qu’il réalise en autonomie, le distingue comme un homme de méthode. Il observe une éclipse solaire en 1766, publie des données astronomiques, se perfectionne en mathématiques. C’est un marin, mais c’est aussi un homme des Lumières.

L’Endeavour et la première grande traversée (1768-1771)

En 1768, il se voit confier sa première grande expédition. À bord de l’Endeavour, Cook a pour mission d’observer le passage de Vénus depuis Tahiti - un événement astronomique rare - et d’explorer le Pacifique sud, à la recherche du mystérieux continent austral que beaucoup soupçonnent encore d’exister.

Après avoir mené à bien l’observation astronomique, il se lance dans une longue exploration du Pacifique. Il contourne la Nouvelle-Zélande, prouvant qu’il ne s’agit pas d’un vaste continent mais de deux îles principales. Puis il longe la côte est de l’Australie, qu’aucun Européen n’avait encore cartographiée de manière aussi précise. Il frôle la catastrophe en échouant sur la Grande Barrière de corail, mais parvient à sauver son navire.

Pendant tout ce périple, Cook se distingue par une attention constante à la santé de ses hommes : il expérimente une alimentation variée, introduit le lavage des ponts, lutte contre le scorbut. Grâce à lui, peu de marins meurent, une performance rare à cette époque.

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Le regard d’un explorateur sur les peuples du Pacifique

Cook n’est pas qu’un navigateur. Il est aussi un observateur. Accompagné du botaniste Joseph Banks et du dessinateur Sydney Parkinson, il documente plantes, animaux, paysages et populations locales. Il prend des notes détaillées sur les coutumes des Tahitiens, des Maoris, des Aborigènes.
Il n’idéalise pas toujours ces sociétés, mais tente de les comprendre. Il note par exemple que les Européens, « civilisés », sont souvent plus destructeurs que les peuples qu’ils rencontrent. Cette lucidité, rare pour un officier britannique du XVIIIe siècle, donne une dimension plus humaine à ses récits de voyage.

Le deuxième voyage (1772-1775) : dans les glaces du sud

Sa deuxième expédition, à bord du Resolution et accompagnée du Adventure, vise à trancher une vieille question : existe-t-il un vaste continent austral au sud du globe ? Cook pousse ses navires plus loin que quiconque dans les mers glacées de l’Antarctique. Il traverse trois fois le cercle polaire antarctique, affronte des tempêtes, navigue entre les icebergs. Aucun continent habité n’émerge. Il détruit ainsi un mythe qui persistait depuis l’Antiquité.
Il explore aussi de nouvelles terres : la Géorgie du Sud, les Tonga, la Nouvelle-Calédonie. À chaque escale, il continue ses observations scientifiques. Il perfectionne encore ses méthodes de cartographie, au point que certaines de ses cartes seront utilisées pendant un siècle.

Le dernier voyage et la fin tragique (1776-1779)

En 1776, Cook repart pour une ultime mission : découvrir un passage navigable entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique par le nord, au-delà du détroit de Béring. Il remonte la côte ouest de l’Amérique du Nord, longe l’Alaska, mais se heurte aux glaces. Aucune route ne s’ouvre.

Il redescend vers Hawaï, qu’il avait déjà abordée un an plus tôt. Lors de sa première visite, les habitants l’avaient accueilli avec des honneurs, croyant parfois qu’il s’agissait d’un être surnaturel. Mais au retour, le climat a changé. Des tensions surgissent. Un vol d’embarcation dégénère en conflit. Cook est tué à Kealakekua Bay le 14 février 1779, lors d’un affrontement avec les Hawaïens. Son corps ne sera jamais retrouvé en entier.

Un héritage entre science, exploration et pouvoir

James Cook laisse derrière lui des cartes précises, des milliers d’observations scientifiques, des journaux de bord traduits et commentés dans toute l’Europe. Il est à la fois l’outil d’un Empire en expansion et un homme sincèrement curieux du monde. Il a parfois imposé sa force, mais il a aussi cherché à comprendre, dialoguer, préserver la vie de ses marins comme celle de ses interlocuteurs.

Son nom est donné à des îles, des détroits, une université. Mais au-delà des hommages, c’est sa démarche qui marque les esprits : une volonté de repousser les limites de la connaissance, sans jamais cesser de douter, d’apprendre, de regarder.

James Cook n’a pas découvert le Pacifique. Il l’a rendu visible, lisible, compréhensible. Et ce faisant, il a changé à jamais notre façon de voir le monde.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...