
Parmi les conférences qui se tiennent, il est souvent rappelé comme postulat de départ des échanges que 80% des apports à la mer proviennent de la terre. On pourrait discuter de la réalité de ce chiffre. Il est de presque 100% quand on parle nos eaux usées et bien inférieur à 80% pour les déchets sauf à ne pas vouloir intégrer la contribution en déchets de la pêche professionnelle et de loisir ou de l’aquaculture. Mais au-delà du débat sur les chiffres, ce postulat de base peut laisser entendre que tous les enjeux de la mer se situent à terre et que, finalement, cela dédouane un peu les marins. Ce n’est pas le cas.
La surpêche est de la responsabilité des marins, ceux qui la pratiquent et ceux qui la régulent. Tout comme la pêche de loisir qui elle n’est que rarement réglementé.
La collision des navires de commerce avec les mammifères est de la responsabilité des marins qui naviguent et de ceux qui réglementent le transport maritime.

La destruction des habitats côtiers par les ancres des navires n’est pas de la responsabilité des terriens.
Les conflits d’usage relèvent de l’organisation des usages maritimes, tout comme l’impact des nouveaux aménagements dans les eaux du large.
Alors oui il y a encore beaucoup de choses à faire à terre : poursuivre la réduction des apports à la mer, tenir compte des effets du changement climatique dans les aménagements littoraux et apprendre à s’adapter, maîtriser la surfréquentation du littoral qui induit des impacts sur la zone côtière, renforcer la coopération intercommunale. Informer, éduquer, sensibiliser, éveiller les consciences, réglementer ...

Pour autant, cela ne réglera pas tout et encore moins à la place de ceux qui sont en mer.
Alors, 80%, pourquoi pas, mais finalement cela n’a pas beaucoup d’intérêt. Ce qui est nécessaire maintenant est que chaque acteur reconnaisse ses propres responsabilités, sans se dédouaner sur l’action ou à l’inaction de l’autre.

En matière de biodiversité marine et d’écologie, les lacunes de connaissance sont importantes, notamment dès que l’on s’éloigne des côtes en direction du grand large. Pour autant, nous savons aujourd’hui où nous pouvons agir et qui doit agir.
Un jour, les marins pourront dire qu’ils ont fait autant si ce n’est pas plus que les terriens pour la mer. Ce jour n’est pas encore pour demain. Hélas !
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