
Cent ans plus tard, à bord d’un canot de sauvetage, réplique fidèle de celui de l’explorateur Shackleton, l’aventurier Tim Jarvis a réussi à refaire la même route entre l’Antarctique et la Géorgie du sud.
Le 19 janvier 1915, le rêve d’explorer l’Antarctique s’achève. L’Endurance, le navire de Shackleton, est pris dans les glaces. En novembre suivant, la coque est totalement broyée et aspirée sous la surface de la banquise. Pour les hommes d’équipage, un seul impératif, survivre ! Après maintes péripéties, ils débarquent sur l’île de l’Eléphant, roche escarpée, loin de toutes routes maritimes. Shackleton décide alors d’embarquer avec cinq hommes d’équipage à bord du canot James Caird. Il est mis à l’eau le 24 avril 1916, dans les eaux de l’océan Austral, à la merci des vents et des courants. Affamés, épuisés, ils débarquent en Géorgie du sud, le 9 mai, et doivent traverser l’île à skis pour atteindre la station baleinière de Stromness. Shackleton retournera à l’île de l’Eléphant à bord d’un vapeur chilien et les vingt-deux hommes de l’équipage seront tous sauvés.
Une route au sextant et aux étoiles
C’est le même exploit, jamais tenté, que vient de réaliser l’aventurier australo-britannique Tim Jarvis. Soutenu par la petite fille de l’explorateur, Alexandra, il a reconstruit une réplique exacte du James Caird baptisé Alexandra Shackleton en son honneur. Tout le gréement et les fonctionnalités de ce canot de 6,86 mètres ont été fidèlement reconstitués. La seule concession à la modernité a consisté à se doter d’un équipement d’urgence. Partis de Punta Arenas au Chili, les six hommes d’équipage ont rallié l’île de l’Eléphant d’où ils sont repartis vers la Géorgie du sud le 17 janvier dernier, naviguant au sextant et aux étoiles dans des vents atteignant les 50 nœuds et les vagues les 7 mètres. Le 3 février, ils ont atterri sur la plage de Peggotty Bluff, le lieu exact où Shackleton avait débarqué il y a près de cent ans. Au delà du combat contre l’adversité, l’expédition vise à démontrer l’impact du changement climatique sur la zone. Comme l’explique Tim Jarvis, qui n’en est pas à sa première expédition dans le grand sud, « L’objectif de Shackleton était de sauver ses hommes de l’Antarctique, nous essayons de sauver l’Antarctique de l’homme. »