
Une Québécoise sur l'Atlantique - Ce mercredi, la rameuse entame la seconde moitié de sa traversée de l’Atlantique. Une étape symbolique qui arrive après deux tempêtes éprouvantes, bloquant la rameuse dans sa cabine, harnachée et casquée.
Mylène Paquette a parcouru 1225 milles entre Halifax, son point de départ le 6 juillet dernier, et Lorient, où elle espère rejoindre la terre à la mi-novembre. Initialement, elle prévoyait son arrivée en France à la mi-septembre. «Je vais peut-être croiser la flotte de la Jacques Vabre en approchant des côtes, commente Mylène Paquette. L’un de mes grands amis Louis Duc, y participera en Class 40. Il avait prévu de venir m’accueillir à Lorient mais j’arrive trop tard… L’autre jour il m’a proposé de me rejoindre pour me saluer mais quand je lui ai communiqué ma position il a réalisé que j’étais trop loin. » La rameuse a pris du retard en raison d’un début de traversée particulièrement frustrant avec d’abord un important mal de mer puis des conditions météorologiques défavorables l’empêchant de ramer. « Sur les 60 premiers jours de navigation, je n’ai sorti mes rames que pendant 14 jours, rappelle-t-elle avec déception. Alors qu’en partant, je pensais pouvoir ramer 6 jours sur 7 ! » Heureusement, Mylène Paquette a depuis retrouvé des vents portants qui l’aident à mettre le cap sur l’est et du soleil. « Enfin ! » s’exclame-t-elle avec le sourire. Pendant des semaines, elle s’est battue pour rejoindre le Gulf Stream qu’elle voyait comme un courant portant salvateur mais il n’a aidé l’aventurière que le temps de 200 à 300 milles nautiques. « J’ai vraiment l’impression que le Gulf Stream était une carotte, au bout d’un bâton, après laquelle j’ai couru pendant deux mois ! Le seul avantage de cette histoire c’est que cela me donne beaucoup de matériel pour mes conférences ! » En France, son routeur, Michel Meulnet explique : « Les conditions sur l’Atlantique nord étant imprévisibles, nous avons dû revoir le plan de route à quelques reprises à cause des vents contraires et d’une météo somme toute défavorable. » Le spécialiste météo assure que malgré le retard, une arrivée sécuritaire est toujours possible. « Heureusement que j’arrive en Bretagne et non au Canada où l’hiver est quand même plus prononcé ! », commente la rameuse québécoise. Et son équipe au sol s’est assurée que la rameuse avait suffisamment de vivres à bord pour poursuivre son exploit. Mylène Paquette ne déplore qu’un manque de café.
Les premiers chavirages
La semaine dernière, Mylène Paquette a connu deux chavirages dans la même journée à cause de la tempête tropicale Humberto. « J’étais clouée au lit ou plutôt même vissée ! », rapporte-t-elle. « En constatant les dégâts après la tempête, j’étais très déçue et frustrée car j’ai recensé pas mal de bris de matériel », rapporte-t-elle. Son Smartphone qui lui permettait d’envoyer des SMS à ses proches et à son équipe à terre, grâce à un abonnement spécial, a rendu l’âme. Même chose pour son AIS, qui ne lui permet plus de signaler sa présence aux autres bateaux, et ses haut-parleurs extérieurs. L’aventurière a aussi cassé un gouvernail, perdu une ancre et l’une de ses huit rames. Heureusement, le lendemain, Mylène Paquette a reçu la visite inattendue du célèbre bateau de croisière Queen Mary 2. « Mylène, here is Queen Mary 2 », a soudain entendu la jeune femme à la radio. L’équipage du paquebot avait choisi de dévier sa route pour prêter main forte à la rameuse au milieu de l’océan en lui fournissant un nouveau téléphone satellite et une nouvelle ancre Jordan. Mylène Paquette a aussi reçu des sacs de provisions avec des aliments frais et des articles de toilette. « Mais surtout, j’ai vu des humains ! Je les ai entendus crier, siffler et s’époumoner pour m’encourager, encore et encore. Je ne sais pas si j’ai déjà vécu une journée plus émouvante, assure-t-elle. J’étais épuisée par la tempête et je criais, pleurais et riais en même temps, submergée par toutes ces émotions. » Une journée qui lui a permis de reprendre de l’énergie pour la suite de son parcours. « Soudainement, j’étais une rock star au milieu de nulle part », a assuré l’aventurière dans une lettre de remerciement destinée au commandant du Queen Mary II. Mylène Paquette espère devenir la première nord-américaine à franchir, à la rame et en solitaire, les 2.450 milles nautiques qui séparent le Canada et la France.