
Le rameur français Emmanuel Coindre, parti fin novembre de la côte nord-ouest australienne à destination de La Réunion, est en passe de décrocher le Grand Chelem des traversées océaniques.
Le rameur de 39 ans, originaire de La Baule, est attendu ce week-end à La Réunion, après 56 ou 57 jours de mer. Il a parcouru les 7.000 kilomètres de la traversée (3600 milles nautiques) en passant 18 heures par jour aux avirons, tantôt sous le cagnard ou les grands vents, dans la pérole ou sur une mer croisée et hachée. Mais ces efforts sont sur le point de payer. Emmanuel Cointre, premier Français à s'attaquer en solitaire à la traversée à la rame de cet océan redouté pour ses conditions difficiles, pourrait également s'emparer du record en temps de cettre transindienne. Cette arrivée tant attendue pourrait également faire de lui le premier homme à avoir traversé à mains nues, en solitaire et sans assistance, les trois grands océans de la planète. Le trentenaire a déjà traversé cinq fois l'Atlantique et une fois le Pacifique. "Je ne suis pas un aventurier, a-t-il commenté mercredi. Je prépare mes traversées avec la plus grande rigueur, en traitant tous les paramètres techniques et humains et en envisageant les situations les plus inattendues et la manière d'y faire face".
A la recontre des cyclones
Le rameur a toutefois compliqué sa traversée en se risquant sur l'océan indien en pleine saison cyclonique. "Les dangers sont certes importants, mais la saison des tempêtes tropicales a au moins deux avantages: me mettre naturellement la pression et m'aider à redoubler d'efforts et d'astuce pour échapper au pire, a-t-il commenté. Et me permettre, avec de puissantes conditions météo avec des vents et courants forts de gagner en rapidité". Et de fait, le terrible océan lui a mené la vie dure: il a subi deux chavirages dès le lendemain de son départ de Carnarvon, en Australie. La semaine dernière, c'est le cyclone Colin qui a effleuré sa frêle embarcation à moins de deux degrés de longitude, le plongeant pendant 48 heures sans dormir dans une mer déchaînée: "J'ai été bien brassé...", résume laconiquement le rameur.