
Serait-ce le nouveau Robinson Crusoé ? Un naufragé, retrouvé jeudi sur un atoll du Pacifique, affirme avoir dérivé 16 mois sur un bateau de 7 mètres de long.
Un homme très amaigri, cheveux longs et barbe fournie, seulement vêtu de sous-vêtements usés, a été découvert jeudi, échoué sur un atoll des Iles Marshall. Il affirme être parti du Mexique en décembre 2012, cap sur le Salvador, avant de dériver pendant 16 mois sur une embarcation de 7 mètres de long. « Le bateau est vraiment abîmé, il a l'air d'être resté longtemps dans l'eau », a assuré à nos confrères de l’AFP Ola Fjeldstad, un étudiant norvégien présent sur l’île. L’embarcation est équipée de moteurs sans hélice. Mais le naufragé, qui s’appellerait José Ivan et ne parlerait qu’espagnol, n’a pas encore eu l’occasion d’en dire plus sur les raisons de sa dérive. 12.000 kilomètres séparent le Mexique des îles Marshall. L’homme a toutefois évoqué un compagnon d’infortune qui n’aurait pas survécu. Lui-même a expliqué avoir sauvé sa vie en mangeant des tortues, des oiseaux, du poisson et en buvant du sang de tortue lorsqu’il ne pleuvait pas. Aucun matériel de pêche ne se trouvait sur le bateau lors de son arrivée dans l’atoll mais il y avait bien une tortue à bord. Le naufragé souffre de basse pression artérielle mais ne semble pas en danger. Il peut marcher. « Il n'est pas en bon état physique, mais il se remet, a commenté Ola Fjeldstad. Nous lui avons donné beaucoup d'eau, il reprend des forces. »
Le premier élu de l’atoll d’Ebon a prévenu le ministère des Affaires étrangères de l'arrivée de ce naufragé hors du commun car celui-ci devrait être transféré dans la capitale des îles Marshall, Majuro. Cependant le seul avion gouvernemental capable de se poser sur l’atoll isolé d’Ebon est en maintenance jusqu'à mardi, au plus tôt. Le naufragé pourrait donc rapidement retrouver l’océan lors d’un rapatriement organisé par les autorités locales.
Une dérive exceptionnelle
Les îles du Pacifique ont déjà recueilli des naufragés exceptionnels mais si le récit de José Ivan se révélait exact, son odyssée serait la plus extrême. En effet, jusque là, la plus longue dérive recensée ces dernières années est celle de pêcheurs de requins, eux aussi mexicains, retrouvés en août 2006 après neuf mois de dérive. Ils avaient survécu à trois sur une embarcation de neuf mètres sur trois, sans toit. Il y a vingt ans, ce sont deux pêcheurs des Kiribati qui avaient dérivé pendant 177 jours avant d’atteindre les îles Samoa. Mais l’une des dérives les plus étonnantes est sans conteste celle de deux habitants des Kiribati qui sont partis à la dérive, en décembre 2011, en raison de la panne de leur GPS au cours d’une partie de pêche. Ils ont finalement parcouru 600 kilomètres à l’aveuglette jusqu’à l’atoll de Namdrik où, parmi les 600 habitants, une seule femme comprenait leur dialecte : c’était leur cousine, fille d’un oncle qui avait lui-même dérivé dans les années 1950 jusqu’à ce petit bout de terre où il avait trouvé l’âme sœur.