
Il est resté prisonnier des glaces pendant plus d'un siècle. Un carnet photographique ayant appartenu à un scientifique de la tragique expédition en Antarctique de Robert Scott a été retrouvé pendant l'été austral.
Cet été, à l’extérieur de la base de la baie de Terra Nova, les scientifiques et personnels de la base ont eu une surprise de taille. La Fondation pour l’Antarctique de Nouvelle-Zélande indique qu’un cahier appartenant à George Murray Levick a été retrouvé pendant la fonte des neiges de l’été austral. L’auteur du document appartenait à l’expédition scientifique qui transporta en 1911 le commandant Robert Falcon Scott et une soixantaine d’explorateurs. C’est cette expédition qui donna son nom à la baie. Et la découverte est d’autant plus précieuse que les écrits de ce cahier son encore lisibles, même si la reliure a été détériorée par la glace. « C’est une découverte passionnante. Ce carnet est une pièce manquante jusqu’alors dans la reconstitution de l’expédition », a indiqué Nigel Watson directeur exécutif de la Fondation Antarctique. L’expédition du capitaine Scott s’était séparée en deux groupes à leur arrivée en Antarctique. Celui emmené par Robert Falcon Scott avait atteint le pôle Sud mais le commandant avait alors dû constater que le Norvégien Roald Amundsen l’avait précédé de plusieurs semaines. Le retour fut dramatique puisque le capitaine Scott et ses compagnons trouvèrent la mort, victimes de malnutrition et de conditions météorologiques extrêmes. L’auteur du carnet appartenait lui à l’autre groupe. George Murray Levick et ses compagnons étaient partis explorer la côte pour y faire des observations. Mais la base qui les accueillait s’est retrouvée prise dans les glaces, empêchant tout bateau de venir récupérer les explorateurs. Les six hommes de ce groupe ont alors survécu en creusant un abri dans la glace et en se nourrissant de manchots et de phoques. L’expérience fut traumatisante, comme le montre un article intitulé « Pratiques sexuelles du manchot d’Adélie », retrouvé en 2012 par des chercheurs du Museum d’histoire naturelle de Londres. George Murray Levick y décrivait les comportements jugés « dépravés » des manchots, adeptes de pratiques homosexuelles ou nécrophiles. L’explorateur avait été si horrifié par la dépravation des manchots qu'il avait écrit certaines de ses observations en grec, afin d'en restreindre le lectorat. L’explorateur avait ensuite participé durant la Seconde Guerre mondiale à la sanglante bataille de Gallipoli (Turquie) puis il avait travaillé pour les services de renseignement de l'armée britannique. Il est décédé en 1956.