Les pièges à éviter sur l'électronique d'occasion

Equipements

Lorsque l’on acquiert un bateau d’occasion équipé d’électronique, voire de l’électronique d’occasion, très présente sur les sites de petites annonces, il est prudent de vérifier certains points. On a tendance à dire que ce matériel décote vite, mais ce n’est pas pour autant qu’il est obsolète.

©© Figaro Nautisme
Lorsque l’on acquiert un bateau d’occasion équipé d’électronique, voire de l’électronique d’occasion, très présente sur les sites de petites annonces, il est prudent de vérifier certains points. On a tendance à dire que ce matériel décote vite, mais ce n’est pas pour autant qu’il est obsolète.

La durée de vie de l’appareillage électronique

Lors d’un sinistre, les experts appliquent une décote en fonction de l’âge, mais pas nécessairement en tenant compte de la valeur de remplacement. En règle générale, cette décote est de 20 % la première année pour atteindre 50% au bout de la cinquième et ne plus avoir qu’une valeur sentimentale au-delà de sept ans. Dans la pratique, si celle-ci est applicable en cas d’avarie, elle doit être plus nuancée lors de l’achat d’un bateau ou d’équipement d’occasion. On doit prendre en compte un certain nombre de critères qui vont de la marque à l’évolution du produit en passant par son prix, etc.

Tout le matériel n’a pas la même cote

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Sondeur éclat : n'a plus aucune valeur marchande.© © Albert Brel

L’électronique de navigation est un équipement qui évolue vite du point de vue des fonctions et dont le prix peut être inversement proportionnel à son évolution. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder les catalogues et de comparer les prix sur quelques années. Si nous prenons, par exemple, une VHF fixe Furuno FM4721 avec ASN, elle était proposée à 1194€ en 2014, le modèle FM4800 beaucoup plus complet (ASN, GPS, récepteur AIS) est à 690€ au catalogue 2019. Cet exemple sur une VHF peut s’appliquer sur bon nombre de produits avec certaines nuances, en particulier, lorsque le produit est toujours commercialisé. Dans le cas de notre VHF, le modèle a évolué, il a changé de référence et le prix a baissé de plus de 40%. Si on prend le cas d’un radar référence 1835, le prix était de 5454€ en 2014, il est de 5394€ en 2019 soit pratiquement identique. En résumé, un appareil qui est toujours sur le marché décote beaucoup moins qu’un modèle qui n’est plus sur le marché et qui est remplacé par un plus performant.

Une décote inversement proportionnelle à l’âge est-elle justifiée ?

Dans certains cas, oui, dans d’autres, non. Bien souvent, le prix des bateaux d’occasion est proposé suivant la formule consacrée « prix selon inventaire ». En pratique, cette formulation doit être prise avec beaucoup de réserve, en particulier, sur le sujet qui nous intéresse dans cet article l’électronique. La première démarche est de demander cet inventaire. Il doit être complet avec la marque de l’appareil, sa référence et sa date d’achat. Avec ces trois éléments, dans un premier temps, on peut comparer le prix d’achat par rapport au prix d’un neuf, comme nous venons de le voir pour la VHF et le radar et appliquer une décote en fonction de l’année et de l’état. Il faut savoir que pour certains produits qui ne sont plus commercialisés, on ne trouve plus de pièces et les services après-vente n’assurent plus les réparations. Nous n’allons pas voir tous les équipements électroniques mais nous intéresser à ceux d’un certain prix qui, aux yeux des vendeurs, voire des acheteurs, présentent un intérêt.

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Radar monochrome, qui n'est plus fabriqué© © Furuno

Le radar : depuis les années 2000 où les modèles à écran monochrome cristaux liquides (LCD) ont été mis sur le marché, bon nombre de plaisanciers en ont fait l’acquisition. Qu’en est-il aujourd’hui ? Ces modèles monochromes ne sont plus commercialisés. Ils sont remplacés par des écrans couleur voire des appareils multifonctions. Bien entendu, ils peuvent toujours assurer leur fonction, mais, du point de vue marchand, lors de l’achat d’un bateau d’occasion, ils n’ont aucune cote. Sur le marché de l’occasion, on en trouve à moins de 250€ mais, attention, en cas de panne, il est souvent difficile de trouver des pièces.

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Ecran multifonction avec radar sondeur© © Raymarine

La cartographie : s’il y a un domaine qui a beaucoup évolué, c’est celui de la cartographie électronique. Les lecteurs sont plus performants, la cartographie aussi. La majorité des cartographies que l’on trouve sur le marché provient des services officiels hydrographiques. Les lecteurs sont maintenant tous couleur. Les monochromes ont disparu et n’ont aucune valeur marchande. Les couleurs sont soit des lecteurs simples avec GPS interne ou externe, combinés avec un sondeur soit conditionnés dans un écran multifonction. Un écran multifonction nouvelle génération est toujours à la base un lecteur de carte sur lequel on peut connecter d’autres instrumentations (radar, centrale, pilote, etc.). Reste la cartographie. Elle est présentée sur des cartouches aux formats SD ou Micro-SD. Des formats comme la Compact-Flash que l’on trouvait encore il y a quelques années, y compris sur des lecteurs haut de gamme, ne sont plus sur le marché. Si vous achetez un bateau avec un lecteur équipé de Compact-Flash, fonctionnant parfaitement sur la cartographie présente sur la carte, il devient obsolète pour une autre zone car vous ne trouverez pas de cartes ou alors d’occasion et la mise à jour ne sera pas possible.

Le pilote in-bord : c’est sans aucun doute l’équipement qui vieillit le mieux. Un modèle de 10 ans voire plus, s’il est d’une grande marque toujours présente sur le marché, s’il fonctionne bien et ne présente pas de signes de fatigue (fuite sur le vérin s’il est hydraulique, connectique en mauvais état, connections électriques oxydées, écran, etc.) n’a aucune raison de ne pas continuer à fonctionner pendant plusieurs années.

Les centrales de navigation : là, il est impératif de tenir compte de la marque et de vérifier qu’elle est toujours présente sur le marché. Bien souvent, les éléments de la centrale communiquent avec un bus dit propriétaire. Si vous souhaitez la compléter voire changer un élément (par exemple un anémo-girouette ou un écran), il faut qu’elle soit compatible avec la nouvelle génération. Des points importants à vérifier.

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Centrale de navigation© © Furuno

Les logiciels de navigation : les logiciels de navigation sont dits évolutifs. Ils suivent l’évolution de l’informatique et des appareils auxquels ils peuvent être interfacés (AIS, météo, radar, ARPA, etc.), des supports cartographiques et des réseaux (NMEA 0183, NMEA 2000, bus CAN, etc.). En clair, la prudence est de mise. Un seul exemple sur un logiciel très diffusé : Maxsea. Il y a quelques années, il a mis sur le marché un nouveau logiciel Time Zéro. Cette version n’est pas compatible avec les anciennes, les mises à jour et l’évolution de ces dernières ne sont plus assurées.

Les sondeurs : c’est l’un des équipements le plus présent sur le marché (plus de 400 modèles). Le sondeur standard n’a guère évolué du point de vue fonctions. La différence est la qualité de l’écran qui a suivi celle de l’informatique. Un écran qui était haut de gamme dit « plein jour » il y a cinq ans est considéré aujourd’hui de qualité moyenne. Les fonctions, c’est là les principales évolutions. On trouve sur le marché des produits, à des prix attractifs, qui présentent des fonctions inédites en particulier pour la pêche, avec une représentation proche de l’imagerie médicale.  

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Sondeur ancienne génération© © Furuno

En conclusion

Les équipements électroniques, même récents, dont la marque n’existe plus n’ont aucune valeur marchande. Il en est de même des appareils qui ne sont plus diffusés (voir les exemples cités). Pour les autres instrumentations, suivez nos conseils en vérifiant que la marque assure toujours la maintenance voire l’évolution du produit. Dernier point : le prix. Beaucoup d’appareils ont vu leurs prix baissés dans des proportions importantes tout en proposant des fonctions supplémentaires.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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