
L’industrie automobile a ses concept-cars qui préfigurent le design de chaque marque pour les dix années à venir. N’ayant pas les mêmes volumes et donc pas les mêmes moyens, le nautisme en général et les voiliers monocoques en particulier, Issus d’une longue tradition de ‘yachting’, sont à évolution lente. Si la clientèle se délecte des innovations sur les salons, ses choix se font souvent plus conservateurs lors de l’achat. Bien sûr les moins de 20 ans ne peuvent se souvenir des cris d’orfraie entendus lors du lancement par Bénéteau, au siècle dernier, en 1988, du First 35s5 co-signé de Jean Berret et Philippe Starck. Puissent les habituels architectes navals de J&J Design et le designer industriel Gerald Kiska réunis par la nouvelle direction du chantier connaître pareil accueil et surtout autant de succès.

Kiska Design casse les codes
Le programme visé par ce nouveau bateau est lui-même ambitieux et triple. Il se veut week-end sailer, sportif, et croiseur pour les plus ambitieux. Dix mètres de long, 3 mètres de large, 1.80m de tirant d’eau pour 4 tonnes de déplacement les mensurations correspondent bien au cahier des charges et ne présentent rien de révolutionnaire. Mais dès les première esquisses aperçues au printemps, confirmées une fois le bateau mis à l’eau, c’est la ligne qui interpelle. Il y a cette étrave inversée bien sûr, très ‘tendance’ dès que l’on veut exprimer sa sportivité. Mais il y a surtout ce bordé supérieur qui se transforme en delphinière, ce grand hublot de coque très avancé aperçu jusqu’alors uniquement sur des motoryachts. Et puis il y a cette ligne inédite, comme un bouchain prononcé, mais qui ne reste pas sagement au-dessus de la flottaison sur le tiers arrière de la coque comme sur la plupart des voiliers modernes aux largeurs et aux puissances imposantes. Non, il plonge du haut de la poupe au brion d’étrave dans une figure dynamique inédite.

La sportivité se lit aussi à l’intérieur
Mais la « révolution » ne concerne pas seulement la ligne générale du Sunbeam 32.1. Le pont a également été dessiné pour offrir un maximum de surface utile, de l’immense plage arrière basculant électriquement, à la plage avant qui se prolonge entre les arches de roof qui cachent un hublot frontal plus vertical. A l’intérieur, le mobilier propose des courbes apaisantes, des teintes contemporaines et les nombreux hublots apportent un éclairage et une vision sur l’extérieur inédits. Entièrement décloisonné, avec sa vaste couchette double arrière et son triangle avant, il pourra accueillir 4 personnes la nuit venue, et bien plus en journée. En effet, en avant des deux barres à roue, 6 équipiers pourront s’installer confortablement sur les deux grandes banquettes qui entourent la table de cockpit. Les manœuvres reviennent discrètement à l’arrière, cachées sous les hiloires de roof. Avec un rapport de lest de 30% (1 250 Kg de lest) le Sunbeam 32.1 devrait être assez raide à la toile, au moins dans sa version quille classique, car un tirant d’eau court (1.30 au lieu de 1.80). Toute la puissance devrait rester sous contrôle grâce aux deux safrans suspendus.
Inutile de dire que nous sommes impatients de voir ce nouveau vaisseau en vrai et bien sûr de l’essayer. Il n’est pas habituel dans la plaisance d’assister à des innovations aussi marquantes. Alors quand on est à la fois passionné de design et de bateaux on ne peut que se réjouir de l’initiative prise par le chantier Autrichien et attendre la première occasion de le découvrir plus en détail. Cela pourrait être le cas dès le prochain Yachting Festival de Cannes auquel Figaro Nautisme sera bien entendu présent.
Longueur HT 9,98 m Longueur de coque 9,90 m Longueur à la flottaison 8,86 m Largeur HT 2,98 m Tirant d’eau standard 1,80 m Déplacement 4.150 Kg Moteur Volvo Penta D1-20 Eau douce : 80 l Carburant : 60 l Surface de voilure au près 60 m²