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Aussi décalé que l’ « English man in New-York » de la chanson éponyme de Sting, Broadblue assume sa différence, entre héritage des pionniers Britanniques du multicoque de croisière et modernité. Avec leurs mâts très reculés, posés sur la cloison arrière de roof, la silhouette des Broadblue est immédiatement reconnaissable entre toutes. Le 425, qui vient chapoter deux modèles plus petits de 35 et 39 pieds, en conserve les grandes lignes et toutes les manœuvres sont donc très facilement accessibles. La bôme plutôt basse et courte dessine une grand-voile à corne à fort allongement. Toutes les drisses, les ris, les écoutes reviennent à cet endroit. L’absence de renvoi limite les frottements et donc les efforts nécessaires aux réglages. On manœuvre qui plus est face à la route, tout se trouvant à portée de main du poste de barre. On n’a donc pas besoin de quitter ce poste stratégique, même pour virer de bord grâce au solent auto-vireur. Du fait de la position du mât la surface du solent est importante même si bien sûr une voile de portant encore plus grande est disponible en option. Elle viendra s’amurer sur le solide et rassurant bout dehors composite, qui accueille également le davier d’ancre. Les deux voiles d’avant pourront donc être associées à des enrouleurs électriques, ce qui rend les manœuvres vraiment accessibles à tous, y compris en solitaire. L’idée n’est pas ici de naviguer « en solitaire » au sens littéral du terme, mais la cible visée étant la navigation en couple, ponctuellement avec quelques amis ou famille à bord, il est rassurant de pouvoir tout effectuer seul quand l’autre se repose ou vaque à d’autres occupations.
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Un cockpit tourné vers l’avant
Le deuxième point qui tranche sur ce Broadblue avec les grandes productions actuelles, est le choix d’un cockpit surélevé. A l’heure où l’ensemble du marché ne jure que par les cockpits de plain-pied avec l’intérieur et les flybridge, Broadblue positionne son cockpit à mi-hauteur. Cette géométrie particulière doit permettre en effet de voir vers l’avant, par-dessus le roof, lorsque l’on est assis dans le cockpit. L’idée est que la navigation soit au cœur de la vie à bord, Mark Jarvis, directeur de la marque, regrettant que « sur la plupart des catamarans actuels on tourne le dos à la route. C’est bien au mouillage, mais quand on navigue vraiment, la plupart des gens ne voient pas où ils vont, sauf à rentrer à l’intérieur ou à monter sur le roof ». Le cockpit peut bien sûr être couvert d’un bimini rigide en polyester, protégeant ainsi des rayons du soleil, ou des désagréments de la pluie. Il est prévu que l’on puisse d’ailleurs récupérer l’eau de pluie et l’envoyer directement vers les réservoirs. Si la partie centrale est fixe et permet d’accéder à la bôme, les côtés peuvent être soit équipés de panneaux rigides à même de supporter des panneaux solaires, soit de panneaux coulissants souples, pour un effet plus « cabriolet ». Le vitrage avant est dessiné pour qu’il soit parfaitement plat, et il peut donc être souple ou rigide, ouvrant ou amovible, selon le programme de navigation.
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Moteurs électriques en standard, diesel en option.
Modernité oblige, le Broadblue est conçu d’origine avec une motorisation électrique, même si une option moteurs diesel est toujours possible. L’important parc batterie inhérent à la première version est placé avec soin au centre de gravité du bateau afin de réduire au maximum le tangage. Si de simples bossoirs apparaissent sur les premiers visuels disponibles, il est fort probable que la plupart des propriétaires s’orienteront vers un arceau rigide supportant des panneaux solaires, et capable de soulever leur annexe. La conception de cette unité est le résultat d’un travail collectif signé de l’équipe Broadblue, qui intègre bien sûr un architecte naval, avec un cahier des charges et des idées proposées par Mark Jarvis. Le retour de centaines d’expériences clients a également participé à la définition des aménagements intérieurs. Le carré est ainsi illuminé par un grand vitrage sur le dessus du roof, la volonté des concepteurs étant que l’on se sente comme à l’extérieur même à l’intérieur.
Ambitieux sous voiles
Les aménagements justement sont personnalisables avec, au-delà bien sûr des choix de décoration et de matériaux, la possibilité d’ajouter un bureau là, un atelier ici, et même jusqu’à l’intégration d’un piano électronique pour une propriétaire mélomane. Les vitrages du roof sont en verre et non en acrylique, ce qui assure une visibilité et une étanchéité parfaites. La ventilation naturelle a également été particulièrement étudiée pour maintenir une température agréable même sous les tropiques. Les Broadblue sont construits uniquement sur commande, en infusion. Les trois cloisons principales, stratifiées aux coques, assurent une très bonne rigidité de la plateforme. Un process de construction somme tout assez classique et fiable qui vise un poids lège total de 8.5 tonnes, pouvant monter jusqu’à 11 tonnes à pleine charge. Sans être au niveau des unités les plus sportives type Outremer ou Balance, le ratio poids/surface de voilure est plutôt rassurant, plus favorable en tous cas que sur la plupart des multicoques à vocation charter. La production du Broadblue 346, basée en Pologne, oscille entre quatre à cinq unités par an, et le numéro 23 de la série vient d’être vendu. Quant à ce nouveau Broadblue 425, la production devrait débuter après l’été, pour de premières livraisons fin 2024, début 2025.