
L’avantage du daysailer ou, en français, voilier promis à de courtes navigations diurnes, c’est que les aménagements peuvent être réduits à leur plus simple expression, faisant gagner en élégance ce que l’on perd en volume intérieur. Et plus la longueur augmente, plus l’effet semble positif, améliorant dans le même temps, performances et comportement marin. Dans le style néo-classique nous ne pouvons cacher notre inclination pour la gamme du chantier Latitude 46, notamment leur dernier opus, le Tofinou 9.70 cosigné par Peugeot Design Lab, avec son rouf serti d’acajou et sa ligne aussi séduisante que celle d’une Porsche 911 Targa 1965. A Düsseldorf nous avons revu aussi avec plaisir la gamme Saffier, version Néerlandaise du concept de daysailer haut de gamme et moderne. Mais entre les halls 15 et 16, un stand sans bateau présentait un mur d’images, mêlant visuels de l’America Cup et un concept nommé « L’été » qui rassemble toutes les qualités pour capter instantanément nos yeux à la fois curieux et exigeants.

Un voilier très aérien
« L’été » est l’œuvre du designer français Thomas Tison dont le double cursus aéronautique (Cranfied University) et naval (l’incontournable école de Southampton) l’a amené à collaborer avec l’équipe Suédoise d’Artemis pour l’America Cup 2014, sur les catamarans à foils volants que l’on retrouve aujourd’hui sur le circuit SailGP. Nous avions déjà repéré ce Rochelais de naissance, désormais installé au cœur de la "Sailing Valley" Bretonne, à Lorient, en 2021 lorsqu’il avait présenté son Mini 650 PRO. Il faut dire que déjà, ce scow à l’étrave carrée et aux foils inspirés de ce qui se fait de mieux en Imoca, ne passait pas inaperçu. L’an passé c’est ELIDA, un course-croisière des plus élégants mêlant bois apparent et carbone, qui attirait l’œil des photographes. En ce début d’année 2023 c’est donc ce nouveau daysailer de 12 mètres que l’on imagine aisément fendre les eaux méditerranéennes ou du lac Léman qui est dévoilé. Un voilier dessiné sans autre contrainte que celui du plaisir de naviguer et, à notre humble avis, celui des yeux. Toutes ses caractéristiques annoncent un bateau particulièrement rapide mais restant manœuvrable en équipage réduit, voire en solitaire. Poids plume avec ses 3700 kg sur la balance, grand-voile à corne, construction en fibre de carbone pour le pont, la quille et le gouvernail, tendent à confirmer le premier point. Les winchs électriques pour le solent autovireur et la grand-voile sont les garants d’une simplicité facilitant le deuxième.

Une ligne à damner tous les skippers
Mais c’est bien sûr sa ligne a tomber qui a d’abord retenu notre attention. Selon son concepteur, le design se veut « organique », et la construction bois révèle une structure qui n’est pas sans évoquer il est vrai une forme de bio mimétisme. Les lignes de coque sont sculpturales, roof, passavants et cockpit se fondant dans un même mouvement qu’accentue le travail des lattes de bois, travaillées manuellement. La large descente large de 1,3 mètre, donne accès à un intérieur en seul volume avec sa grande banquette en U au style élégamment épuré, deux ipads accrochés comme des tableaux pour la navigation et une surprenante hauteur sous barrot de 1,75 mètre. Le plafond, paré de feuilles d'or (!) est léger et maximise l'effet de la lumière naturelle provenant des hublots sur les côtés et le haut du roof sans laisser entrer la chaleur de midi. Originalité supplémentaire, la salle d'eau située dans l’étrave est accessible uniquement depuis l'extérieur ce qui en limitera quand même son utilisation. A l’arrière du cockpit, un immense bain de soleil de deux mètres de long cache deux rangements tout aussi grands où annexe, paddle, wing foil ou planches de surf trouveront toute leur place. L'ÉTÉ est un concept vraiment unique, pour les amateurs de performance à la recherche d’un design à la fois distinctif et séduisant, associé à une qualité de construction haut de gamme.