Il neige aussi sous la mer

La neige tombe silencieusement sur la terre comme sur la mer. Mais quand on parle de neige à l’intérieur même du Monde du Silence que filmait le commandant Cousteau il s’agit d’autre chose.
Dans l’atmosphère, chaque flocon de neige se dit unique. Il doit sa création à l’assemblage de milliers de cristaux de glace qui se structurent autour d’un cœur. En fonction des conditions de température et d’humidité, les cristaux vont se joindre en des endroits bien précis constituant alors des formes en étoile, en plaquette, en aiguille ou même en colonne.
Dans la mer, ce sont des poussières, du sable, ou des organismes en décomposition, qui plongent lentement, parfois pendant des semaines, vers les couches profondes de l’océan. Comme pour la neige atmosphérique ces matériaux s’assemblent au cours de leur chute pour former progressivement des « flocons » qui peuvent atteindre plusieurs centimètres de diamètres.
Sur terre chacun perçoit la part prise par la couverture neigeuse dans l’équilibre écologique. On peut imaginer l’enchaînement d’un réchauffement climatique qui se traduirait par une diminution de l'épaisseur de neige au sol, de l'étendue des surfaces enneigées et de la durée d'enneigement. S’en suivront des impacts sur les réserves en eau ou sur la libération de carbone et de méthane qui étaient emprisonnés jusqu’à présent sous des neiges éternelles.
Sous l’eau, il ne faut pas croire que notre neige marine reste insensible à l’évolution du climat. Puisque l’eau de mer est un puits à carbone, c’est-à-dire qu’elle veut bien absorber une part du trop-plein de ce gaz trouvé dans l’atmosphère, la neige marine absorbe de plus en plus de ce gaz. Et comme la neige marine est source de nourriture dans les profondeurs de l’océan, on peut s’attendre à ce que le cycle naturel de la vie marine se modifie aussi.
Souffrir en silence. C’est probablement ce qu’est en train de faire le monde sous-marin.