La météo : une science exacte ?
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Parce qu’il arrive qu’elle se trompe, pourtant moins souvent qu’on ne l’imagine, on entend souvent dire, comme un reproche, que la météo ne serait pas une science exacte....
La météo ne serait pas une science exacte ? En fait la science est dite exacte quand elle repose sur des résultats chiffrés et des théories non équivoques. C’est le cas des mathématiques, de la physique, de l’informatique mais aussi des disciplines de la nature dont la météo fait partie au même titre que l’agronomie, l’astronomie, la biologie, la chimie, etc. Les « exactes » s’opposent aux « inexactes » que sont les sciences humaines et sociales comme la psychologie, la sociologie, l’histoire, la philosophie. C'est généralement impossible de chiffrer quoi que ce soit dans les sciences humaines alors que la prévision météo est basée sur des observations quantifiées comme la température, l’humidité, la pression, et sur du calcul numérique avec un système d’équation que l’on appelle modèle pour obtenir des résultats chiffrés : quantité de pluie ou vitesse du vent. Dans l’expression « la météo n’est pas une science exacte » je ressens une intention un peu péjorative incriminant comme un manque de rigueur. Le météorologue devrait se vexer, au moins un peu, mais je ne peux m’empêcher de ressentir au contraire comme un sentiment d’admiration pour la complexité de notre matière. Il faut reconnaître que nos modèles contiennent un certain nombre d’approximations et que même si les calculs sont justes ils sont effectués sur des hypothèses qui ne seront jamais totalement abouties. On sait aussi qu’une petite fantaisie dans l’état initial, à la base de la prévision, peut se traduire par une grande extravagance dans les résultats escomptés à quelques jours d’échéance, confer l’effet Papillon. Alors oui, on peut douter de l’exactitude. De plus, la météo devient vite une affaire de communication et là on est bien dans le domaine de l’humain et du social. D’ailleurs communiquer est plus un art qu’une science. Et même à l’échelle de la France le météo doit adapter son discours au montagnard qui ne ressent pas le froid comme le marin ou au Cthimi qui trouve merveilleux un ciel à moitié nuageux tandis que le Méditerranéen y voit son plaisir gâché. Il est intéressant de noter que les scientifiques préfèrent les expressions « sciences dures » à « sciences exactes » et « sciences molles » à « sciences inexactes ». Ce n’est pourtant pas plus facile de trouver le mi-chemin entre dur et mou qu’entre exact et inexact. Et si l’on finit par accepter que la météo n’est pas loin de ce mi-chemin il faudra quand même ne jamais laisser croire qu’elle puisse avoir un lien avec un troisième type de sciences, celles dites occultes qui, comme l’alchimie, l’astrologie ou la magie, touchent aux secrets de la nature. Laissons le dernier mot à Aristote : « Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont. »