VIDEO - Deux marins partent à la conquête de records ce vendredi. Le premier, Thomas Coville, est parti pour un tour du monde, peu avant 8 heures, et le second, Lionel Lemonchois, devrait mettre le cap sur l'océan indien dans l'après-midi. Les deux patientaient depuis le mois d'octobre.
Ce ne sont pas vraiment les conditions rêvées mais la saison des départs touche à sa fin et les marins, qui cherchent tous les deux à faire tomber un record détenu par l’incontournable Francis Joyon, ont des fourmis dans les jambes. Depuis octobre, ils entendent chaque jour : « Alors, quand pars-tu ? »
C’est d’autant plus dur pour Thomas Coville qui a dû faire demi-tour en novembre - le cordage d'accroche du petit gennaker avait rompu, entraînant la perte du balcon qui assure la sécurité du skipper lorsque celui-ci doit manœuvrer à l'étrave de la coque centrale - après trois précédentes tentatives de record autour du monde. « La fenêtre est tentante même si les 36 premières heures seront compliquées à gérer avec 12 à 14 heures contre du vent fort avant de traverser le front et de récupérer du vent d’Ouest-Nord-Ouest portant, a commenté le marin avant d’embarquer. Ensuite, ce sera une descente sportive dans du vent et de la mer. » Le skipper de Sodebo a été contraint de décaler son départ de quelques heures pour laisser passer un nouveau coup de vent nocturne, qui aurait rendu la manœuvre de port délicate, tout en quittant les pontons avant le lever du jour pour éviter un coup de mou matinal. « Partir de nuit au près dans de la mer formée et des creux de 5 à 7 mètres, soit environ deux étages d’un immeuble, devient vite compliqué en solitaire sur un bateau de 30 mètres. Il fallait simplement choisir le bon moment pour éviter de se retrouver coincé dans la matinée à Brest où on annonce moins de 7 nœuds de vent. » Mission accomplie donc puisque le marin s’est élancé de Ouessant, sur son maxi-trimaran Sodebo, ce vendredi à 7 heures, 42 minutes et 44 secondes. Mais il ne va pas devoir traîner en chemin pour ne pas être ralenti à hauteur du golfe de Gascogne. « Il faudra être à l’ouest du 10e ouest avant samedi matin, analyse Eric Mas pour Météo Consult. Il aurait peut-être pu gratter une douzaine d’heures avec de meilleures conditions dans le golf. Mais ensuite, la situation deviendra intéressante dans les alizés. » Pour valider son record, Thomas Coville doit passer la ligne d'arrivée avant le 15 mars à 21 heures, 15 minutes et 50 secondes.
La cartographie du maxi-trimaran Sodebo
Lionel Lemonchois est lui toujours à terre. Sur le papier, ce jeudi soir, les conditions paraissaient plus confortables pour le skipper de Prince de Bretagne qui prépare le record de la Mauricienne entre Port-Louis, en rade de Lorient et Port-Louis, dans l’archipel des Mascareignes. En effet, en partant du port morbihannais et non de Brest, il profite d’un décalage à 80 milles au sud, ou 150 kilomètres, et devrait ainsi échapper au coup de mou que Thomas Coville souhaitait éviter. Le vent devrait souffler entre 15 et 20 nœuds ce vendredi midi. Toutefois, l’équipe de Lionel Lemonchois, qui préparait un passage de ligne en milieu de journée, a annoncé un nouveau report. Le trimaran ne devrait pas quitter le port avant 14 heures. "Pour bénéficier d’un meilleur angle, j’ai décidé d’attendre que le vent adonne en prenant un peu de gauche et donc de décaler un peu mon départ", a-t-il expliqué. "La fenêtre n'est pas idéale mais il n'y en a pas eu beaucoup cet hiver, rappelait Lionel Lemonchois jeudi soir. Le skipper devait initialement partir avant le 1er janvier, puis avant le 15 janvier... " Donc soit on décidait de tenter cette fenêtre, soit on n'en prenait pas du tout." (EDIT: Lionel Lemonchois a finalement franchi la ligne de départ ce vendredi à 14 heures 52 minutes.)
La cartographie du maxi-trimaran Prince de Bretagne
Le message de Francis Joyon à ses deux challengers: « Thomas tu pars de Brest pour aller à Brest, Lionel tu vas quitter Port-Louis pour aller à… Port-Louis ! Dans les deux cas ce sont deux trajectoires formidables sur les océans du monde. Ce n’est qu’à Bonne Espérance que vos trajectoires vont diverger, quand Lionel remontera l’Océan Indien. J’ai adoré naviguer sur ces deux grands trajets et j’espère que vous aurez aussi beaucoup de joie sur ces records, même si je sais bien que la compétition sera votre motivation principale.
Je vais suivre vos routes avec passion, observer vos trajectoires, votre stratégie météo, vos choix de route… pour voir si vous reprenez ces records bien sûr, mais aussi pour comparer vos vitesses si, comme c’est probable, vous vous retrouvez à naviguer à proximité l’un de l’autre. Cela permettra d’avoir quelques idées dans la perspective de la Route du Rhum et peut-être d’anticiper un peu sur cette course où nous serons cette fois en mer ensemble, d’ici quelques mois. En attendant… soyez prudents et n’allez pas trop vite ! »
Ci dessous, vidéo du départ de Thomas Coville, à Brest: