
Pas de révolution depuis la création de la Transat AG2R La Mondiale, en 1992, mais une maturité acquise au fil des éditions. Son nom, sa date et sa ville de départ font partie des petits changements opérés ces 22 dernières années par les organisateurs, les sociétés Match Racing puis Pen Duick.
Un départ en automne avant d’être au printemps
En 1992, avec la complicité de l’AGRR (le précédent nom d’AG2R La mondiale), François-Xavier Dehaye prend le pari de créer une épreuve où seuls les marins feraient la différence, avec comme maître-mot la solidarité. Le 11 octobre de cette même année, la première édition de la course est lancée. L’épreuve est donc automnale. Mais deux ans plus tard, en 1994, les organisateurs, qui ne souhaitent pas entrer en concurrence médiatique avec la Route du Rhum, décalent le coup d’envoi au printemps.
Une escale finalement supprimée
Si la course a changé de saison dans le calendrier, elle a aussi été modifiée dans son format. Lors des cinq premières éditions, elle se courait en deux étapes. Elle a d’abord fait escale aux Canaries en 1992, puis à Madère entre 1994 et 2002. Et pour cause, le Figaro Bénéteau, mis à l’eau pour la première fois en 1990, n’avait pas été pensé pour traverser l’Atlantique. A tel point que, lors de la toute première édition, les organisateurs ont même dû demander une dérogation spéciale aux autorités maritimes pour pouvoir rallier Saint-Barth. « A cette époque, les Figaro ne faisaient que des courses par étapes, comme la Solitaire. Ils avaient d’ailleurs la réputation d’être difficiles à gérer au portant. De ce fait, on ignorait totalement s’ils étaient capables de réaliser une transatlantique, explique Pierre Bojic, directeur général de Pen Duick. L’idée a donc été de se dire : faisons une escale, pour le sport et pour la sécurité. » Les choses changent en 2004. Cette année-là, le Figaro Bénéteau 2, déjà présent sur le circuit depuis la saison précédente, fait son apparition sur la course. Plus marin que son prédécesseur, il permet d’envisager l’épreuve d’une seule traite. C’est alors ce que décide la direction de course. Voilà qui donne à la Transat AG2R une autre dimension et lui ajoute un peu de difficulté.. même si elle ne manquait pas de caractère sportif.
Une marque de parcours pour la médiatisation
Reste que si l’escale dans l’archipel portugais est supprimée, une marque de passage obligatoire est instaurée. « C’est un pari qui a été fait pour aider à la médiatisation de l’événement » détaille Pierre Bojic. En 2010, Pen Duick loue ainsi les services d’Ocean Alchimist, un trimaran à moteur permettant à l’équipe embarquée de transmettre en temps réel photos, vidéos et sons pour un suivi de course exceptionnel. « Après une expérience décevante en 2008, nous nous sommes aperçus que le bateau suiveur, aussi rapide soit-il, n’avait pas la capacité de suivre tous les bateaux si nous n’imposions pas une marque obligatoire au niveau des Canaries pour créer une sorte d’entonnoir » avoue le directeur général. « Nous sommes conscients que cela ferme un peu le jeu mais le fait est qu’il y a tout de même des options. Finalement, l’avantage que nous en tirons est supérieur à l’inconvénient. »
De Lorient à Concarneau
Autre changement de la Transat AG2R La Mondiale depuis sa création : son port de départ. De 1992 à 2004, c’est la ville de Lorient qui reçoit les Figaristes. Puis en 2006, celle-ci est remplacée par Concarneau. Une nouveauté pour un nouveau souffle puisque le créateur de l’AG2R, François-Xavier Dehaye vient de céder son entreprise Match Racing à la société Pen Duick, filiale du groupe Télégramme et organisatrice de la Route du Rhum. « En reprenant la course, nous voulions lui donner un petit cachet Pen Duick mais aussi de l’ampleur. Voilà pourquoi nous avons cherché une autre destination que Lorient où je trouvais qu’il n’y avait plus tellement d’engouement populaire pour l’épreuve, explique Pierre Bojic. J'ai eu un coup de coeur pour Concarneau : un port parfaitement dimensionné, une baie magnifique. » Les organisateurs reçoivent alors « un bel enthousiasme » de la ville et de la Chambre de commerce. « Dès la première édition, cela a été un succès et nous avons clairement changé de dimension » ajoute Pierre Bojic, parfaitement conscient que « l’événementialisation » et la médiatisation d’une course passe par un départ puissant. Le lieu d’arrivée, lui, n’a jamais changé. La destination de Saint-Barth est donc aujourd’hui intimement liée à la Transat AG2R La Mondiale. Les marins et les armateurs l’apprécient tout particulièrement. Et pour cause, l’accueil sur place est toujours exceptionnel. Sûr que celui qui sera réservé aux duos de la 12e édition dans quelques jours ne nous fera pas mentir.