
Yann Eliès a remporté avec brio la deuxième étape de La Solitaire du Figaro mais il ne joue plus la victoire au classement général en raison de son abandon sur la première étape. En revanche, Fabien Delayahe, skipper Macif, s'impose à mi-course sur ce classment général, avec discrétion et pugnacité. Portrait d'un jeune marin très motivé.
Si le tenant du titre, Yann Eliès, occupe largement la scène médiatique avec sa motivation à toute épreuve, son dramatique démâtage et sa victoire d’étape à Roscoff, c’est bien Fabien Delahaye qui mène la flotte à mi-course. Avec sa deuxième place à Plymouth et sa quatrième à Roscoff, « à deux encablures du podium », le jeune marin occupe la tête du classement provisoire général. Et il pourrait bien fêter sa première victoire sur la Solitaire avant ses trente ans, le 7 juillet prochain.
Un travailleur infatigable
Après avoir tiré ses premiers bords avec son école primaire à Ouistreham, Fabien Delahaye a suivi un parcours classique en centre de voile, avant de naviguer quatre saisons en 470, un dériveur olympique. Mais c’est bien le circuit Figaro qui lui permet de se faire un nom en 2011 : il arrive deuxième de La Solitaire du Figaro puis succède à un certain François Gabart au titre de champion de France de course au large en solitaire. Il rejoint le même programme de formation que son aîné, l’écurie Macif, la saison suivante. « Ce n’est pas le champion de France de course au large en solitaire que nous avons choisi en 2011 mais le talent en devenir », tient toutefois à préciser Jean-Bernard Le Boucher, responsable du programme skipper Macif. Depuis, il travaille sans relâche, en s’astreignant à une hygiène de vie irréprochable et en collectionnant les heures sur l’eau. Sur tous les supports. Lorsque, pour la Transat Jacques Vabre de l’automne dernier, François Gabart choisit d’embarquer son plus fidèle soutien, Michel Desjoyeaux, sur le voilier Imoca de l’écurie Macif, celui qui a remporté le dernier Vendée Globe, Fabien Delahaye ne laisse pas s’installer la déception et s’engage aussitôt en Class 40 – un voilier plus petit mais de même structure que l’Imoca – avec Sébastien Rogues. Et le duo file sur l’Atlantique pour une victoire sans partage. En ce début d’année 2014, il est revenu sur le circuit Figaro avec une dose de confiance supplémentaire et une motivation à toute épreuve.
La récompense de la régularité
Depuis le départ de Deauville, Fabien Delahaye ne parle que de régularité et cela lui réussit. Avec une deuxième et une quatrième place, il tire le meilleur parti de cette épreuve au temps. « J’ai un capital d’avance, c’est toujours ça de pris », constate-t-il à mi-course. Aux options tranchées, Fabien Delahaye préfère la navigation au contact. Très technique, il aime faire la différence sur une manœuvre : la bascule de vent qu’on sent quelques secondes avant les autres, le spi qu’on sort avant son adversaire… Et dans le rôle du principal concurrent sur cette solitaire 2014, on retrouve Jérémie Beyou, un marin expérimenté venu chercher une troisième victoire. Les deux concurrents ne sont séparés que par 1 minute et 30 secondes au classement général. Soit une grosse centaine de mètres sur l'eau. Sans compter cette dizaine de concurrents, toujours aux avant-postes depuis le départ de Deauville. Le jeune leader n’a pas le droit à l’erreur pour concrétiser cette première place sur la ligne d’arrivée de l’épreuve. Dans 995 milles, le temps d'aller saluer le golfe de Gascogne, la ville des Sables d'Olonne, la Manche à nouveau puis la ligne d'arrivée de Cherbourg.