
La flotte de la Solitaire du Figaro Éric Bompard cachemire devrait entamer prochainement le dernier tronçon en direction de la Vendée.
Depuis lundi midi, l’insoutenable évanescence de l’air jouait avec les nerfs des 35 concurrents encore en course sur la troisième étape de 505 milles de cette Solitaire 2014. Claire Pruvot (Port de Caen-Ouistreham), Joan Ahrweiller (Région Basse-Normandie) et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) ayant abandonné en cours de route. Au lever du jour, alors que l’onde avait des teintes nacrées, avançant avec une lenteur de tartane espagnole, les voiles ondulant dans des postures évasives, les Figaro Bénéteau tentaient tant bien que mal de se rapprocher de la bouée ODAS Gascogne en plein milieu du golfe éponyme. Une centaine de milles à voir défiler à contrecourant d’une myriade de méduses étonnées. A l’écoute du bulletin proposé par Météo Consult à la vacation de 9 h, les marins ont vite compris que l’audace ne serait pas en premier lieu leur moteur en cette troisième journée en mer. Les yeux clignant de moins en moins vite, leurs paupières bombées par la fatigue s’avachissant comme les montres de Dali, il était annoncé en fait que le vent devait créer quelques ridules sur le miroir qu’à partir de midi. Alain Gautier (Genérali), en vieux sage, restait pragmatique : « La météo n’a jamais été une science exacte. C’est la nature qui décide. Maintenant, il faut être attentif au réglage et en même temps faire attention de ne pas se cramer en barrant tout le temps. Il faut savoir observer et se reposer quand on le sent. »
Vers 10 h, les rêves de vitesse étaient enfin exhumés. Rien de décoiffant dans un premier temps, juste de quoi amuser les girouettes. En tête, l’inévitable Yann Éliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir). Et oui, encore lui ! Ce dernier pouvait jubiler alors qu’il progressait sous spi à 6 nœuds une poignée d’heures plus tard : « On a enfin touché du vent mais on a un peu de courant dans le nez. Et il va y avoir sans doute des bascules à gérer. C’est loin d’être fini, on est encore qu’à la moitié du parcours. Pour l’instant, je me suis bien gavé de sommeil même si la nuit a été difficile pour gagner des mètres avec des voiles qui font flap-flap. La photo est belle en ce moment, mais je sais que l’arrivée est aux Sables-d’Olonne. En tous les cas, je me bats pour la gagne. »
Gildas Mahé (Interface Concept) était à ses basques au classement de 17 heures. Sa voix était tout aussi enjouée alors qu’il devançait de peu Jérémie Beyou (Maître CoQ), leader virtuel du classement général à ce moment-là : « C’est encore un peu calme mais on a de quoi avancer. C’est intéressant, il y a du jeu et cela distribue. C’est mieux qu’un bord tout droit. Avoir Yannou devant c’est stimulant, ça aide à pousser le bateau au maximum. »
Relégués à plus de 15 milles, les partisans de l’option Nord-Est étaient dès lors bel et bien relégués au diable Vauvert. La bouée ODAS passée la nuit dernière, 200 milles restaient à couvrir, la flotte devant aller chercher une marque devant l’estuaire de la Gironde pour une remontée côtière au louvoyage en direction de la Vendée. Arrivée envisagée jeudi midi.
Classement à 17 h :
1. Yann Éliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir) à 261, 31 milles de l’arrivée
2. Corentin Horeau (Bretagne-Crédit Mutuel Performance) à 1, 11 mille du leader
3. Erwan Tabarly (Armor Lux-Le Comptoir de la Mer) à 1, 13
4. Gildas Mahé (Interface Concept) à 1, 14
5. Jérémie Beyou (Maître CoQ) à 1, 66
6. Charlie Dalin (Normandy Elite Team) à
7. Adrien Hardy (Agir Recouvrement) à 2, 00
8. Paul Meilhat (SMA) à 2, 58
9. Corentin Douguet (Un maillot pour la Vie) à 2, 59
10. Vincent Biarnès (Guyot Environnement) à 4, 51
11. Gwenolé Gahinet (Safran-Guy Cotten) à 4, 72
12. Isabelle Joschke (Generali Horizon Mixité) à 5, 36
13. Gildas Morvan (Cercle Vert) à 8, 25
14. Alexis Loison (Groupe FIVA) à 8, 63
15. Frédéric Rivet (DFDS Seaways) à 9, 18
16. Alain Gautier (Generali) à 10, 61