
Après Francis Joyon, le vainqueur de la catégorie ULTIME, et son dauphin François Gabart arrivés lundi au cœur de la nuit, c’est le premier de la Classe Multi50 qui est attendu à Pointe-à Pitre. Armel Tripon devrait en finir avec un bon matelas d’avance sur un trio compact qui doit encore se départager à près de 1 400 milles de l’arrivée ! Et les quatre autres leaders dans les autres catégories ont aussi du gras sur leurs poursuivants… Cinq hommes dans cinq classes différentes doivent désormais maintenir le rythme et contenir les assauts de leurs concurrents.

Des grains plus nombreux
Mais voilà ! La masse orageuse qui a sévi ces jours derniers sur l’arc caraïbe est heureusement en train de s’étioler en glissant vers Cuba : l’anticyclone des Açores qui s’était rétracté, revient à sa position habituelle en s’étalant des Bermudes à Madère. En conséquence, les alizés prennent du coffre sur le tropique du Cancer, mais en contrepartie, les grains gagnent en intensité. Ce qui ne fait pas toujours les affaires des solitaires, surtout de nuit avec le grand spinnaker à poste ! Ainsi après les coups de chiens des premiers jours, la transition vers le soleil n’est pas si fluide que prévue : il faut non seulement rester aux aguets à la nuit tombée avec juste un croissant de lune au commencement des ténèbres, et un ciel plutôt plombé qui ne laisse briller que quelques étoiles… et enchaîner les empannages pour être en phase avec les bascules du vent.
Dans ces conditions, les leaders ont l’avantage de pouvoir baisser le rythme d’un cran car ils ont de la marge tandis que leurs poursuivants doivent faire le break entre eux. C’est le cas pour les Multi50 où Erwan Le Roux et Thibaut Vauchel-Camus doivent désormais compter avec Lalou Roucayrol, revenu par l’Est avec une position plus méridionale intéressante pour la suite du programme. Même topo chez les monocoques IMOCA puisque Alex Thomson compte plus de 180 milles sur un trio compact où Paul Meilhat, Vincent Riou et Yann Éliès enchaînent les empannages pour profiter des bascules d’un alizé de plus en plus soutenu. Ce triumvirat devrait d’ailleurs se faire déborder par le trio des Multi50 d’ici l’arrivée car les multicoques sont un peu plus rapides dans ces conditions de vent portant.

Des écarts et des groupes
Il est étonnant de constater que chaque catégorie reprend un peu le même schéma avec un leader largement en tête, poursuivi par des grappes de solitaires à la bataille entre eux. Ainsi Yoann Richomme a-t-il pu faire le break en Class40 avant Madère et conforte son avance à chaque pointage, son plan Lombard s’avérant particulièrement à l’aise dans ces conditions. Plus de cent milles de bonus face à Aymeric Chapellier et Phil Sharp, 150 milles sur Kito de Pavant, près de 200 milles sur Arthur Le Vaillant et Luke Berry. Notons d’ailleurs que ce pack est au contact du deuxième groupe des monocoques IMOCA où se retrouvent Damien Seguin, Alan Roura et Stéphane Le Diraison… Belle performance pour ces bateaux et surtout pour ces skippers qui leur rendent 20 pieds de longueur de coque !
Côté Rhum Multi, Pierre Antoine fait un festival : il compte près de 500 milles d’avance sur son poursuivant direct, Jean-François Lilti sur son étonnant catamaran qui n’a finalement pas voulu faire une escale technique au Canaries. Étienne Hochédé est tout aussi surprenant sur son trimaran en aluminium qui date des années 80 et qui n’est pas franchement l’exemple du confort ! Quant à Loïck Peyron, il bataille ferme entre Madère et Canaries en compagnie du trimaran de François Corre, deux sisterships de 1980… Et pour conclure, Sidney Gavignet réalise la course parfaite parmi les Rhum Mono avec 200 milles de marge sur Sébastien Destremau à bord d’un ex-IMOCA théoriquement beaucoup plus véloce. Le solitaire plonge franchement vers le tropique du Cancer pour aller chercher encore plus de pression et se glisser probablement au milieu du peloton des monocoques de 60 pieds…