
Sans le chavirage d’Armel Tripon le mois passé, ils auraient été huit trimarans à se retrouver en Corse. Finalement au nombre de sept sur la ligne de départ jeudi dernier, ils confirment néanmoins la montée en puissance de ce circuit annuel, porté par des skippers unis au sein d’une classe de bateaux vraiment séduisants. Ces trimarans de 50 pieds ont tout pour eux. Ils sont tout d’abord opportunément photogéniques pour les médias. Les images de passages de bouée très disputés, au pied des falaises de craie dominées par une citadelle de Bonifacio ensoleillée, sont absolument magiques. De plus, la classe a eu la bonne idée d’autoriser la présence d’invités à bord lors des manches inshore, ce qui ravit sponsors.
© Lloyd Images - Pro Sailing Tour

De la régate à haut niveau
Mais surtout, ils sont très performants sur l’eau et le niveau sportif est particulièrement relevé. Sur les parcours courts entre trois bouées, il fallait être devant dès le départ et ne pas louper la moindre manœuvre pour espérer le rester. Les expérimentés skippers habitués du circuit n’hésitent d’ailleurs pas à faire appel aux meilleurs talents pour enrichir leur équipage. Ainsi, cet épisode corse marquait le retour de l’excellent Alex Pella après son expérience malheureuse autour du monde. On pouvait aussi croiser à Bonifacio Pierre Pennec, grand spécialiste de la régate au contact en multicoque (Jeux Olympiques en Tornado, Extreme 40, Décision 35, America’s Cup…). Mais aussi Pierre Quiroga vainqueur de La Solitaire du Figaro 2021, ou encore Clément Giraud tout juste débarqué de son Imoca. Et il en fallait du talent pour tirer le meilleur parti d’un plan d’eau très tactique bardé d’effets de site.

Cinq vainqueurs et deux perdants
Jeudi 12 mai, quatre manches étaient disputées couronnant trois vainqueurs différents. Leyton réalisait un doublé, mais Primonial et Arkema s’emparaient d’une manche chacun. Mais s’il y avait trois vainqueurs, il y avait aussi deux grands perdants à l’issue de cette première journée. En effet, lors du départ de la quatrième manche, le GCA 1001 sourires de Gilles Lamiré, alors barré par Yvan Bourgnon semble-t-il, venait heurter de plein fouet le trimaran Primonial de Sébastien Rogues, pourtant prioritaire. Heureusement sans dégât corporel, l’accident mettait en revanche les deux trimarans hors course pour l’ensemble de l’épisode corse et même pour plusieurs semaines. Les deux équipes vont devoir œuvrer sans relâche pour réparer leurs flotteurs éventrés afin d’être en temps et en heure sur la ligne de départ du prochain Grand Prix, à Brest le 22 juin.

Arkema persiste et signe
Ils n’étaient donc plus que cinq trimarans sur l’eau le deuxième jour. Le premier parcours côtier disputé, révélait un quatrième vainqueur en la personne de Thibaut Vauchel-Camus sur son magnifique trimaran bleu Arsep. Erwan Le Roux sur Koesio emportait la manche suivante, soit un cinquième vainqueur en six courses seulement ! Arkema signait la dernière épreuve du jour et prenait la tête du classement général à la veille du defi 24 heures. Un ultime parcours de 164 milles, comptant coefficient 3, emmenant les trimarans jusqu’à Ajaccio au Nord, puis les faisant redescendre vers les îles Lavezzi, avant un retour à Bonifacio et une ligne d’arrivée mouillée au pied de la vieille ville. Le jeune Quentin Vlamynck et ses deux équipiers (Alex Pella et Antoine Gautier) sur Arkema l’emportant, ils s’adjugent logiquement le classement général. Le projet Girondin initié par Lalou Roucayrol entame donc très fort cette nouvelle saison. Il s’impose devant le Leyton de Sam Goodchild impérial l’an passé, et le Koesio du très expérimenté Erwan Le Roux. Le nouveau venu, Eric Péron (Komilfo), n’a pas démérité arrivant au contact des meilleurs, au sein d’une flotte confirmant son homogénéité. Il s’agit maintenant de réparer les trois trimarans blessés, pour se retrouver à huit, en Bretagne, dans un mois.