Golden Globe Race : jour 164 - Kirsten Neuschäfer, première au Cap Horn

Course au large
Par Figaronautisme.com

La Golden Globe Race, c’est avant tout des histoires ! Une aventure humaine de plusieurs mois en solitaire pour revenir aux Sables d’Olonne, là où tout a commencé il y a 164 jours ! Alors que Kirsten passait le Cap Horn en tête, plus au Nord à 300 milles de sa position, Abhilash se débattait au vent de la côte chilienne par gros temps, barre arrimée suite à une avarie de régulateur d’allure, sans pouvoir de virer de bord pour aller au large. Pendant ce temps, Michael Guggenberger, à 1000 miles au nord-ouest, naviguait vers le Cap Horn dans un temps presque parfait qui pourrait lui offrir une belle et durable fenêtre météo.

©Kirsten Neuschäfer / GGR2022
La Golden Globe Race, c’est avant tout des histoires ! Une aventure humaine de plusieurs mois en solitaire pour revenir aux Sables d’Olonne, là où tout a commencé il y a 164 jours ! Alors que Kirsten passait le Cap Horn en tête, plus au Nord à 300 milles de sa position, Abhilash se débattait au vent de la côte chilienne par gros temps, barre arrimée suite à une avarie de régulateur d’allure, sans pouvoir de virer de bord pour aller au large. Pendant ce temps, Michael Guggenberger, à 1000 miles au nord-ouest, naviguait vers le Cap Horn dans un temps presque parfait qui pourrait lui offrir une belle et durable fenêtre météo.

Le mois de février a été mouvementé pour Kirsten Neuschäfer (ZAF), qui a finalement doublé le Cap Horn à 2020 TU le 15 février. Elle s’est hissée à la première place après 150 jours de course après que Simon Curwen se soit dérouté vers le Chili, et a depuis affronté deux tempêtes, cassant un tangon de spi et remplaçant son énorme voile jumelle seule sur un Minnehaha ballotté par la houle résiduelle.

Avec les 10 000 derniers milles vers Les Sables en tête et le préservation de son voilier comme priorité, elle a d’abord suivi une route plus longue vers le nord-est pour éviter le vent et la mer du premier front le 7 février, utilisant ensuite des traînards, parfois à sec de toile, en prenant soin de Minnehaha dans la tempête. Enfin, un parcours au sud des îles Diego Ramirez pour mettre de la distance avec la côte avant de remonter pour un long tête à tête avec le dernier et célèbre cap du parcours.

Avec plus de 240 000 milles en navigation, elle connaît parfaitement cette région, ayant navigué à plusieurs reprises en tant que skipper commercial vers l’Antarctique. Mais c’est la première fois qu’elle traverse le Pacifique en solitaire pour faire le grand tour. Le célèbre rocher était bien défendu par une multitude de grains qui l’ont obligée à manoeuvrer et régler ses voiles continuellement, en tangonnant et détangonnant le Yankee qu’elle roulait au gré des passages de grains qu’elle ne pouvait éviter. Malgré ces efforts intenses, elle pouvait à peine parler pendant sa vacation, transie de froid, juste après Diego Ramirez.

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Kirsten à la chapelle du Cap Horn en mai 2016. Elle a effectué de nombreuses fois le voyage depuis la région du Cap Horn jusqu'à l'Atlantique Nord.© Kirsten Neuschäfer Team

 

"C’est vraiment bien d’être ici, aussi près, et très gratifiant d’avoir pu distinguer les îles Diego Ramirez. J’espérais voir le phare, mais j’ai pu voir la terre au crépuscule. C’était vraiment un moment spécial. J’ai hâte de contourner le Cap, l’île des Etats et les Malouines, et retrouver l’Atlantique." Kirsten Neuschäfer, Minnehaha

Ces derniers jours, en direction du Horn, le vétéran de la GGR 2018, Abhilash Tomy (IND), a été plus exposé aux conditions difficiles du coup de vent du 7 février, avec une prévision de 40 nœuds rafales à 60, dont il a dit plus tard qu’elle était plus proche de “60 nœuds soutenus avec des calmes à 40 noeuds”, qui ont occasionné quelques dommages à son Rustler comme expliqué lors de la vacation hebdomadaire. Les longues réparations suite à la tempête, les conditions difficiles,et l’attente d’une fenêtre météo pour monter au mât ont fait dériver Bayanat plus à l’est que prévu. Il savait se rapprocher de la côte du Chili, une dangereuse côte sous le vent.

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Mi-aviateur, mi-McGiver, 100% aventurier navigateur Abhilash Tomi a prouvé qu'il avait de la ressource!© Abhilash Tomy /GGR2022

Au pire moment, dans un vent de 30 nœuds et des rafales à 40 nœuds qui le poussaient à la côte le 15 février à 0852 TU, il a appelé le PC Course GGR pour signaler une avarie sur son régulateur d’allure Windpilot. Il naviguait barre amarrée et envisageait toutes les options possibles. Il n’était pas en mesure de s’éloigner de la côte avant que le vent ne tombe plus tard dans la nuit.

Confronté à des problèmes de régulateur depuis l’Atlantique, il avait déjà utilisé toutes les lames pendulaires sacrificielles emmenées en pièces rechange, puis avait fabriqué ses propres lames en découpant la table à cartes de Bayanat, qui a maintenant disparu. Il devait d’abord s’éloigner de la côte sous le vent, le PC Course lui a fourni sa position, la météo et des informations sur l’état de la mer. Il ne savait pas à ce moment s’il pourrait continuer la course sans régulateur ou s’il devrait s’arrêter pour réparer, poursuivant son tour du monde en classe Chichester.

Finalement, plusieurs heures plus tard, il a appelé pour dire qu’il avait réussi à fabriquer une pièce à partir de son safran de rechange après qu’un premier essai avec la porte de la salle de bain se soit avéré trop faible, et qu’il espérait pouvoir la tester quelques jours pour continuer son tour du monde. A 0000 UTC le 16 février, il a finalement viré de bord à 11 milles des côtes chiliennes et à 250 milles du Cap Horn.

"L’un des plus grands défis du GGR est le planning en amont. Cela inclut de nombreuses questions, notamment le choix de l’équipement, la quantité de pièces de rechange à emporter, bien avant la préparation qui est elle-même d’une importance capitale. Les régulateurs d’allure sont l’un des éléments les plus critiques quand vous vous lancez dans une aventure aussi difficile. La GGR 2018 a été une histoire épique, la GGR 2022 s’annonce comme une épopée pleine de rebondissements inattendus. Qui sera le premier de retour et combien feront le tour? Les vraies aventures ont toujours une issue incertaine!" Don McIntyre, fondateur et président de la GGR.

Michael Guggenberger (AUT), le troisième, n’est plus qu’à 1100 milles du Cap Horn en bonne position. Il rencontre des conditions météorologiques favorables depuis le début de sa traversée du Pacifique, qui semblent devoir se poursuivre la semaine prochaine! Ian Herbert Jones (GBR) qui a lutté toute la semaine avec un anticyclone qui a entravé sa progression vers l’Est, est également confronté à des problèmes d’eau potable à bord après que ses réservoirs d’eau douce se soient encrassés. Il lui reste 3400 milles jusqu’au Cap Horn et il appréhende un peu le défi. Il sait qu’il arrivera tard dans la saison, étant le dernier de la flotte. Son ETA au Cap Horn est prévue pour fin mars.

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Capt Gugg connait maintenant les températures en baisse des 50° hurlants, 8° dans la descente du Horn.© Michael Guggenberger / GGR2022

La classe Chichester, c’est pas les vacances !

La progression des participants en classe Chichester ne se déroule pas exactement comme prévu. Jeremy Bagshaw (ZAF) a dû monter jusqu’à 43°S pour garder du cap et de la vitesse, avant d’être avalé par le même anticyclone que Ian. Jeremy et Ian auront tous deux des vents de NW à WNW pour le reste de la semaine, les poussant enfin dans la bonne direction, bien que dans une mer confuse les prochains jours.

Simon Curwen (GBR) le talentueux marin britannique a mené la GGR pendant 150 jours, avant qu’une avarie irréparable sur son Hydrovane écrasé par une vague ne force un détour de mille milles au Chili en classe Chichester. Achevant une longue liste de réparations, il a finalement quitté Puerto Montt le lundi 13 février, incapable malheureusement de progresser vers le Cap Horn à la sortie des méandres chiliens dans les vents de 30 nœuds de Sud-Ouest.

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Simon a passé plus de temps au mouillage qu'il ne le souhaitait, mais il sera en mer dés vendredi.© DD & JJ

Ceux-ci ne lui permettaient que de s’éloigner vers le Nord-Ouest avec une VMG négative au Cap Horn, ou le renvoyaient vers la côte. Il a dû chercher un mouillage sûr pour attendre une fenêtre météo comme expliqué lors de son appel au PC Course. La GGR lui a fourni des options, et Simon a décidé de s’amarrer à un coffre dans une baie abritée au sud de l’île de Chiloé, où il attend que les vents de sud diminuent avant de repartir le vendredi 16.

Avec trois bateaux en route pour le Cap Horn la semaine prochaine, d’autres belles histoires sont à prévoir! Pour suivre la cartographie c'est par ici !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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