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Sydney : peur sur la ville…
Triplé français le premier jour de régate, équipier à l’eau chez les Britanniques, coup de vent destructeur sur le village de course puis l’équipe menée par Quentin Delapierre finalement déclarée vainqueur d’un Grand Prix qui restera sur ses trois manches initiales : les émotions ont été fortes ce weekend sur le mythique plan d’eau Australien. Tout avait pourtant si bien commencé. En cette fin d’été Austral, certes les conditions étaient musclées pour ces formidables Formule 1 des mers, plus de 25 nœuds de vent, et ce qui sera finalement la seule journée de régates a été marquée par les soucis techniques, et des manœuvres parfois tellement limites qu’on a frôlé le chavirage plusieurs fois. On a surtout frôlé le drame à bord du catamaran volant Britannique quand Matt Gotrel, déséquilibré lors d’un empannage est passé à travers le carénage du bras avant. Retenu par sa ligne de vie, à haute vitesse sous le bateau, il était comme un pantin désarticulé au bout d’un câble, à toute proximité de deux foils acérés, le temps que Ben Ainslie arrête le bateau. Rehissé à bord par ses coéquipiers, solide et pas impressionné par sa cascade, le wincher insista pour qu’ils repartent, et ils réussirent à terminer la manche en sixième position, là où une dernière place leur semblait promise. Dans ce haut de fourchette des conditions maîtrisables sur ces catamarans de 50 pieds volants, ce sont les équipages français et Américains qui s’en sont le mieux sortis, et les premiers ont même été impériaux avec trois victoires en trois manches disputées, l’équipe de James Spithill engrangeant autant de secondes places. L’équipe française est finalement déclarée vainqueur du Grand Prix Australien après seulement une journée de régate car une violente tempête a endommagé bateaux et ailes samedi soir. En pleine manutention, les images de l’aile du bateau Canadien, hors de contrôle suspendue à sa grue, et venant détruire les installations temporaires des équipes sont impressionnantes. C’est un véritable miracle qu’il n’y ait pas eu de blessés, mais les dégâts sont suffisamment importants chez les différentes équipes pur que le Grand Prix de Nouvelle-Zélande à venir et la Grande finale de San Francisco s’écrivent encore en pointillés. Une victoire au goût un peu amer pour Quentin Delapierre et son équipe donc, mais une victoire quand même, qui confirme leur progression, augmente leur confiance et leur emprise psychologique sur leurs adversaires, tout en les positionnant sur le podium (3ème) de la saison en cours.
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Antigua : un petit tour et puis s’en vont
Vendredi, prélude à la RORC Caribbean 600, Ino XXX du Britannique James Neville a remporté la Antigua 360 Race en temps compensé. Dans 25 nœuds de vent, une belle houle de trois mètres et de nombreux grains venus de l'Atlantique, la flotte IRC n’a pas trainé pour réaliser le tour d’Antigua. Le premier sur la ligne d’arrivée, après seulement 4 heures 01 minutes 42 secondes de course, était pourtant le Rán 8 du Suédois Niklas Zennstrom mais il termine à la deuxième place en temps compensé. Le Ker 46 Daguet 3 - Corum de Frédéric Puzin complète le podium, devançant de moins d'une minute le Botin 56 Black Pearl skippé par Stefan Jentzsch. Demain lundi, place à la quatorzième édition de la RORC Caribbean 600. Soixante-dix bateaux, 550 équipiers de 30 nationalités, s’élanceront devant Fort Charlotte à 11 heures locales (16h heure de Paris) pour un grand huit de 600 milles nautiques qui les fera contourner pas moins de 11 îles de l’arc Antillais. La bataille s’annonce homérique au sein de chaque classe tant le niveau des participants est élevé, aussi bien en IRC, qu’en Class40 ou chez les multicoques MOCRA.
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Cap Horn : Abhilash Tomy l’opiniâtre
Trois jours après le passage de Kirsten Neuschäfer en tête au cap Horn de la Golden Globe Race, le second à contourner la pointe australe de l’Amérique du Sud est Abhilash Tomy. Derrière la première femme à virer le cap des tempêtes en tête d’une course au large, l’Indien réalise lui aussi un véritable exploit et sa capacité de résilience force l’admiration. Après avoir cassé une nouvelle fois la pale immergée de son indispensable régulateur d’allures, au vent de la côte Chilienne et dans la tempête, il n’a viré de bord qu’à 11 milles des récifs. A court de pièces de rechanges, la table à cartes de son Rustler 36 y était même déjà passée. Au bord du découragement quand la porte de la salle d’eau, elle aussi découpée pour former une nouvelle pelle de régulateur s’est révélée trop fragile, il a retrouvé courage et motivation pour sacrifier son safran de rechange. Décidément Abhilash « MacGyver » Tomy est inarrêtable et la confrontation promise avec la reine Kirsten sur toute la remontée de l’Atlantique jusqu’aux Sables d’Olonne devrait bien avoir lieu.