
La dernière nuit a été fatale à Holcim-PRB. Alors qu’à 36 heures de l’arrivée, le bateau bleu et vert devançait de quelques mètres Team Malizia, de nuit, dans la dépression et les vents violents qui l’ont accompagnée, l’Imoca Suisse connaît des problèmes de pilote, casse de trois lattes de grand-voile et le bateau Allemand s’échappe, définitivement. Cela dit tout du très haut niveau de régate sur lequel se joue ce tour du monde et n’enlève rien, bien au contraire, à la victoire de Boris Herrmann et de sa team sur cette étape historique. Ils ont en effet fait preuve d’une pugnacité admirable pour revenir dans une manche qui avait pourtant bien mal commencé, par une sortie de drisse arrachée et une tête de mât fendue peu après le départ de Cape Town. Beaucoup de marins auraient tiré la barre en grand et seraient rentrés au port réparer, pas le Team Malizia. Will Harris a passé des heures en tête de mât, à près de 30 mètres de haut, et avec trois mètres de creux, pour effectuer une réparation qui tiendra 14 000 milles nautiques jusqu’à Itajai.

Tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie…
Pourtant, quand le 3 mars dernier, ils peuvent revenir en mode course et de nouveau exploiter leur bateau à 100%, Holcim-PRB ne les a pas attendus et caracole en tête avec, qui plus est, un système météo d’avance. Deux jours plus tard, Malizia accuse ainsi un retard de 580 milles sur le leader. Mais irrattrapable n’est pas Allemand semble-t-il. Cette étape est la plus longue jamais disputée sur un tour du monde avec escale, alors tout peut arriver se dit l’équipage très Européen de Boris Herrmann. A bord, on compte en effet, outre le skipper Allemand, les Français Nicolas Lunven et Antoine Auriol (Reporter embarqué), l’Anglais Will Harris et la Néerlandaise Rosalin Kuiper. Aussi, progressivement mais irrésistiblement, de dernier des quatre bateaux en course après l’abandon prématuré de Guyot environnement, Team Malizia revint peu à peu dans le match. Certes Kevin Escoffier et son équipage empochaient les 5 points promis au premier qui passerait la longitude de la Tasmanie et qui avaient la valeur d'une victoire d’étape, mais bloqué par la limite des glaces dans ses options vers le Sud, le bateau battant pavillon Suisse butait dans le système devant lui et voyait team Malizia, second à cette porte de mi-parcours, revenir à 135 milles dans son sillage. Mieux, le 18 mars, après plus de 19 jours de mer, c’est un nouveau départ qui se joue par 53 degrés Sud en plein Océan Pacifique et alors que le Horn est un cap encore bien lointain, les quatre Imoca se tenant en une dizaine de milles seulement.

Escoffier toujours en tête, Mailizia nouveau dauphin
Le passage de la pointe septentrionale de l’Amérique du Sud scindera en revanche définitivement la flotte en deux. Devant, Team Malizia et Holcim-PRB poursuivront leur mano a mano jusqu’à 24 heures de l’arrivée, quand 11th Hour Racing Team et Biotherm sont légèrement décrochés derrière. Ils devraient d’ailleurs arriver dans cet ordre au Brésil, le bateau de Paul Meilhat ayant heurté un Ofni vendredi soir 31 mars, ce qui a endommagé le foil bâbord et provoqué une voie d’eau heureusement vite sous contrôle. Espérons que le bateau français pourra être rapidement réparé pour prendre, dans trois semaines, le départ de la quatrième étape à destination de Newport aux Etats-Unis. La flotte compterait ainsi de nouveau cinq unités, Benjamin Dutreux et Robert Stanjek ayant rejoint le Brésil via l’Atlantique Sud après avoir réparé à Cape Town le fond de coque délaminé de leur Guyot Environnement – Team Europe. Au classement général, c’est Team Malizia qui réalise la bonne opération puisque qu’il ravit la place de dauphin à 11th Hour Racing Team. Pas vraiment de changement pour le leader Holcim-PRB donc, qui compte toujours cinq points d’avance sur son second. Au micro d’Eurosport, Kevin Escoffier considère que « cette deuxième place à Itajai a le goût de la victoire ».