Le barefoot, ou l’art de glisser pieds nus sur l’eau

Glisse
Par Figaronautisme.com

Née aux États-Unis dans les années 1940, cette discipline spectaculaire s’est imposée comme l’une des variantes les plus techniques et audacieuses du ski nautique. Le barefoot, ou ski nautique pieds nus, fascine autant qu’il impressionne. Sans skis, sans planche, le sportif se contente de la plante de ses pieds pour fendre la surface de l’eau à grande vitesse. Une pratique extrême, exigeante, mais riche en sensations et en adrénaline.

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Née aux États-Unis dans les années 1940, cette discipline spectaculaire s’est imposée comme l’une des variantes les plus techniques et audacieuses du ski nautique. Le barefoot, ou ski nautique pieds nus, fascine autant qu’il impressionne. Sans skis, sans planche, le sportif se contente de la plante de ses pieds pour fendre la surface de l’eau à grande vitesse. Une pratique extrême, exigeante, mais riche en sensations et en adrénaline.

Une invention née d’un pari
Le barefoot aurait vu le jour en Floride, dans les eaux chaudes du lac Silver, à la suite d’un pari un peu fou lancé entre passionnés de ski nautique. C’est en 1947 qu’A.G. "Banana George" Blair - un personnage emblématique au sourire perpétuel et aux combinaisons jaunes - entre dans l’histoire de la discipline en réussissant à glisser sur l’eau sans skis. D’autres pionniers, comme Dick Pope Jr., ont contribué à faire connaître cette variante marginale du ski nautique.
L’idée de skier pieds nus peut sembler absurde. Pourtant, à partir d’une certaine vitesse, la tension de surface de l’eau devient suffisante pour supporter le poids d’un corps humain. C’est ce principe physique qui rend le barefoot possible. Mais contrairement à ce que la simplicité de l’équipement pourrait laisser penser, il ne s’agit pas d’un sport accessible à tous au premier essai.

Une discipline technique et physique
Pour glisser sans skis, il faut de la vitesse - beaucoup de vitesse. Le seuil minimal pour sortir de l’eau en barefoot se situe entre 65 et 70 km/h, soit une allure bien supérieure à celle pratiquée en ski nautique classique. Cette vitesse élevée permet à la plante des pieds de rester en contact avec l’eau sans s’y enfoncer, mais elle exige également une concentration maximale et une maîtrise du corps.
Il existe plusieurs techniques pour commencer une session. Le départ "deep water", très courant, consiste à s’allonger sur le dos, les pieds pointés vers l’avant, puis à se redresser progressivement en prenant appui sur les talons dès que la vitesse est suffisante. Le départ assis depuis un ponton ou une plateforme est aussi utilisé, notamment pour les débutants. Certains choisissent un départ sur une petite planche, la "barefoot boom", avant de retirer les pieds et continuer la glisse seuls. Dans tous les cas, la transition vers la posture pieds nus est un moment clé qui demande une coordination précise.
L’effort physique est intense. Les jambes, les abdominaux et les muscles du dos sont sollicités en permanence. L’équilibre est précaire, et les chutes peuvent être violentes, en particulier à ces vitesses. Pour cette raison, les pratiquants portent souvent un gilet renforcé, parfois un casque, et adoptent une combinaison épaisse pour amortir les impacts.

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Un répertoire de figures en constante évolution
Au-delà de la simple glisse, le barefoot permet l’exécution de figures spectaculaires. Les pratiquants les plus expérimentés réalisent des sauts, des rotations, des glisses sur le dos ou sur le ventre, des départs à reculons, ou encore des enchaînements synchronisés à plusieurs. Ces figures font l’objet de compétitions spécifiques, jugées selon leur complexité technique, leur exécution et la fluidité de l’ensemble.
Le "tumble turn", où le skieur fait une rotation complète sur lui-même tout en continuant à glisser, ou encore le "one-foot", glisse sur un seul pied, font partie des figures emblématiques. L’apprentissage se fait généralement par étapes, en progressant d’abord vers la stabilité, puis vers des gestes plus complexes, souvent encadré par des moniteurs spécialisés.

Une scène mondiale discrète mais active
Le barefoot reste un sport de niche, bien moins connu que le wakeboard ou le ski nautique classique. Pourtant, il dispose de sa propre fédération, de règles codifiées et d’un circuit de compétitions internationales. La Fédération internationale de ski nautique et de wakeboard (IWWF) organise régulièrement des championnats du monde de barefoot, qui rassemblent des athlètes venus des États-Unis, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Sud ou encore d’Europe.
En France, la discipline est marginale, mais elle existe. Quelques clubs spécialisés - souvent rattachés à des écoles de ski nautique - proposent des initiations ou des stages avancés. La communauté se retrouve autour d’événements ponctuels, souvent organisés par des passionnés, où l’on échange conseils, techniques et anecdotes.
Le matériel est réduit au strict minimum : une corde, un bateau suffisamment puissant pour atteindre les vitesses requises, et une surface d’eau la plus calme possible. Ce minimalisme contribue aussi à l’esprit particulier du barefoot, souvent décrit par ses pratiquants comme un retour à l’essence même de la glisse.

Où pratiquer le barefoot ?
Les sites propices à la pratique du barefoot sont avant tout des plans d’eau calmes et peu fréquentés, à l’abri du vent et du clapot. Les lacs et certaines rivières sont particulièrement adaptés, à condition d’être autorisés pour la navigation à moteur. Parmi les régions françaises où le barefoot est pratiqué, on peut citer les lacs de l’Ain, les berges de la Saône, ou encore certains sites en Occitanie et en région PACA.
Le choix du bateau est également crucial : les moteurs in-board sont préférés pour leur puissance et la position de leur hélice, plus sûre pour le skieur. Certains modèles sont spécialement conçus pour la pratique du barefoot, avec une coque qui limite les vagues et améliore la stabilité de la glisse.

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Une sensation de glisse unique
Ce qui distingue le barefoot d’autres disciplines nautiques, c’est le contact direct avec l’élément liquide. Sans équipement entre le corps et l’eau, les sensations sont démultipliées. Chaque variation de surface, chaque remous, se ressent immédiatement. C’est cette proximité physique et sensorielle qui séduit les amateurs de barefoot, au-delà du défi sportif.
Le corps en tension, les pieds martelant la surface de l’eau à grande vitesse, le souffle du vent, et ce sentiment de défier brièvement les lois de la physique : le barefoot procure une expérience intense, à la fois physique et sensorielle, qui explique l’engagement de ceux qui s’y consacrent.


Une discipline à découvrir, entre rigueur et passion
Longtemps perçu comme une curiosité, le barefoot s’impose comme un sport à part entière, avec ses figures, ses codes et ses adeptes. Derrière son apparente simplicité - glisser sur l’eau pieds nus - se cache une discipline complète, exigeante, et profondément gratifiante pour ceux qui s’y investissent. Bien encadrée, elle peut s’ouvrir à un public plus large, en quête de sensations nouvelles et de défis personnels.
À l’heure où les sports nautiques se diversifient, entre wakefoil, ski de vague ou stand-up paddle, le barefoot rappelle que la performance et le plaisir de la glisse peuvent se conjuguer avec sobriété. Une corde, un bateau, un plan d’eau : parfois, il suffit de peu pour vivre l’intensité d’une discipline à fleur d’eau.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...