
Quand on y a participé ne serait-ce qu’une seule fois, votre humble serviteur peut en témoigner, on ne rêve que d’y retourner. Mais cette année, les absents auront encore plus le mal de Tortola puisque cette cinquantième édition s’annonce particulièrement disputée. Certes depuis la France, il n’est pas forcément simple de rejoindre les eaux Turquoises de Nanny Cay mais après une ou deux escales quelle récompense de naviguer entre Tortola, ses petites sœurs au vent ou de faire étape au mythique Foxy's bar de la plage de Jost Van Dyke. Ça c’est de la régate ! Sa réputation est au fil des années devenue mondiale, au point d’attirer des marins venus d’Australie à l’image de Guy Chester, originaire de Cairn. Il participera à la BVI Spring Regatta sur Oceans Tribute, son trimaran de 46 pieds dessiné par le génial Lock Crowther, l'architecte des tous premiers Catana. Acheté en Nouvelle-Zélande en 2020, il l’a entièrement rénové sur place en 2021 avant de rejoindre Antigua en solitaire s’il vous plaît. Il faut dire qu’il connaît bien la région qu’il a déjà parcourue à bord de son précédent multicoque, mais aussi la BVI Spring Regatta qu’il a déjà disputée par le passé avec Bernie Evan-Wong, propriétaire du RP37 Taz, lui aussi inscrit cette année, ou encore sur le J/122 Liquid de Pamela Baldwin. L’Australien et son équipage sont plus qu’au point après avoir disputé successivement, la Semaine de la Barbade, la RORC Caribbean 600, le Caribbean Multihull Challenge, et la Heineken Regatta. Ils clôtureront leur saison sous les Tropiques par la Semaine d’Antigua.

Triple Jack, le retour !
Un autre multicoque devrait attirer de nombreux regards cette semaine. Triple Jack (surnommé TJ par les habitués de l’île) est un Kelsall 47 construit en 1979. Richard Wooldridge et Steve Davis, ont traversé l'Atlantique à son bord jusqu'aux îles Vierges britanniques en 1997, et n’en sont jamais repartis depuis ! Il a été pourtant gravement endommagé par le terrible ouragan Irma en septembre 2017, lorsque ses quatre tonnes ont été soulevées comme un fétu de paille pour le retourner sur la zone technique. Même si la coque centrale était miraculeusement indemne, il a fallu cinq années de travail aux propriétaires et à leurs amis pour réparer cette véritable œuvre d’art. Ce sont des milliers d'heures de travail qui ont été consacrées au découpage, au meulage, à la fibre de verre, à l'époxy, au ponçage et à la peinture pour redonner à ‘TJ’ une seconde jeunesse, et en profiter pour le bonifier : mât carbone en lieu et place de l’aluminium, gréement dormant textile pour remplacer l’inox et surtout un moteur inboard qui facilite bien les entrées et sorties de port, et qui le rend également conforme aux règles de course de la Caribbean 600 2024… suivez mon regard. La première course de sa seconde vie aura donc été la Round Tortola, première épreuve de la BVI Spring Regatta, dont le vainqueur remporte la Nanny Cay Cup. Ne manquant pas d’humour, l’équipage a confectionné des autocollants Gunboat et, comme les pilotes de chasse, ils prévoient d’en coller un sur le bordé à chaque fois qu’ils dépasseront l’un de ces catamarans ultra-modernes tout-carbone.

L'important c'est de participer.
Parmi eux d’ailleurs, l'équipage du Gunboat 60 Moementum a des ambitions beaucoup plus pacifiques. Pour son retour à la compétition après les années Covid, son skipper Lucky Mike ne sait pas encore combien d’équipiers son propriétaire Jamaïcain va ramener, peut-être jusqu’à quatorze. Ce qui est sûr en revanche, c’est que la machine à glaçons reste à bord et que la bière sera fraîche ! Un mode de course bien particulier qui les pousse à revendiquer par avance la dernière place du classement, mais avec style, le bonheur étant d’être sur l’eau entre amis, pas d’être devant les autres. C'est bien là en grande partie l'esprit de la BVI Spring Regatta et ce qui en fait tout son succès.