Vidéo : les principaux écueils météo de l'ARKEA ULTIM CHALLENGE avec METEO CONSULT
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La traversée du Pot au Noir
Le Pot au Noir correspond à une zone intertropicale très instable où les conditions météo sont très variables à la fois dans le temps et l’espace, avec des températures et un taux d’humidité très élevés. C’est là que se rencontrent les alizés de nord-est dans l’hémisphère Nord et ceux de sud-est dans l’hémisphère Sud. Cette zone de convergence des vents est propice à la formation de gros cumulonimbus, ces nuages à fort développement vertical à l’origine de fortes pluies orageuses et de vents violents. Dans les parages de ces nuages, le vent peut passer brutalement d’une dizaine de nœuds à une quarantaine de nœuds. Les marins doivent donc scruter le ciel et se préparer à de rapides réglages de voiles lors de l’arrivée du phénomène. Certains habitués n’hésitent pas à analyser les images satellites et trouver la moindre opportunité pour traverser cette zone le plus rapidement possible. Dans leur descente de l’Atlantique, la plupart des marins cherchent à se décaler dans l’ouest puisque le Pot au Noir est y est plus étroit qu’à proximité du continent africain.
Le piège des anticyclones
Si l’on porte toujours beaucoup d'attention aux dépressions parce qu'elles sont souvent synonymes de vents forts et de mer agitée, les anticyclones associés à un temps calme constituent aussi une préoccupation des marins. C’est au cœur des zones de hautes pressions que les vents sont les plus faibles. L’objectif est donc d’éviter de se faire piéger par les calmes d’un anticyclone. Pour éviter la « pétole » (absence de vent) et ne pas se retrouver immobilisé sur l’eau, il leur faut contourner les zones de hautes pressions pour garder suffisamment de vent, tout en ne rallongeant pas trop le parcours. Les anticyclones peuvent se déplacer, mais ils sont parfois relativement stables, ce qui oblige les voiliers à en faire le tour. Les deux plus connus sur ce tour du monde sont l’anticyclone de Sainte-Hélène qu’il faut contourner sur la descente de l’Atlantique et celui des Açores qui est souvent en travers de la route directe lors de la remontée de l'Atlantique Nord.
Le train de dépressions des 40ème rugissants
Après avoir passé le Cap de Bonne Espérance, les marins devront traverser l’océan Indien et se mettre dans le rythme du train des dépressions circulant au sud des anticyclones subtropicaux. Ils devront veiller à éviter les zones de cétacés et passer suffisamment à l’écart des zones de glaces au sud. Ils seront donc confrontés au passage de fronts actifs avec des mers fortes dans un couloir étroit qui les mène vers l’Australie.
L’instabilité orageuse dans les parages de l’Australie
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque de l’année, c’est la saison estivale dans l’hémisphère sud. Dans les parages de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, le flux d’ouest se trouve perturbé par le continent et les îles avec des zones sans vent et la formation de petites dépressions stationnaires, à l’origine de vents très variables en force et direction avec des grains orageux.
Les 50ème hurlants dans l’hémisphère sud et le passage compliqué du Cap Horn
La longue traversée de l’océan Pacifique dans l’hémisphère sud est rythmée par la circulation de dépressions très creuses avec des épisodes de vent violent au passage de fronts actifs et dans une mer souvent déchainée. Ces conditions météo très agitées justifient le terme de 50ème hurlants employé par les navigateurs dans cette partie de l’hémisphère sud. Le passage du Cap Horn situé à 55° de latitude sud en Terre de Feu, est l’un des passages clés du parcours de ce tour du monde. Les montagnes qui culminent à près de 4 000 mètres sur la côte sud-ouest de la péninsule américaine canalisent et accélèrent le vent dans cette zone. Le phénomène est accentué par les effets catabatiques. Ce sont des vents froids et violents qui descendent du haut des montagnes. Ils portent le nom de williwaws dans les canaux de Patagonie et sont redoutés des marins qui naviguent dans cette région du globe. Les parages du Cap Horn sont donc souvent synonymes de conditions météo dantesques avant la longue remontée de l’Atlantique en direction de la France. Ils devront à nouveau traverser le Pot au Noir et se confronter à des conditions météo très variées en direction de la pointe bretonne.
En affrontant tous ces écueils météo, il faudra que les marins préservent à tout prix leurs matériels et face preuve d’une grande ténacité avec toute l’expérience qu’ils ont acquis dans les multiples courses au large auxquelles ils ont participé. Un combat entre titans qui s’annonce passionnant à suivre et pour lequel METEO CONSULT mobilise toutes ses équipes de météorologues et d’ingénieurs pour assurer le suivi météo de la course.
par Cyrille Duchesne, expert en météo marine METEO CONSULT.