Vidéo : les principaux écueils météo de l'ARKEA ULTIM CHALLENGE avec METEO CONSULT

Par Figaronautisme.com avec METEO CONSULT
carte de la course Arkea Ultim en direct

Le 7 janvier 2024, six grands skippers de la course au large s’élanceront à bord de leurs « géants des mers » pour un tour du monde en solitaire d’ouest en est de 40 000 kilomètres. Seuls face à l’océan sur leurs gigantesques multicoques, ils vont être confrontés à des conditions météorologiques et climatiques extrêmement variées. Ils devront avant tout préserver leurs bateaux qui affronteront des conditions de vent et de mer parfois très éprouvantes pour le matériel. Ils devront aussi faire preuve d’une force physique et mentale exceptionnelle pour affronter des tempêtes et des mers déchainées. Un énorme défi pour boucler et espérer remporter en une quarantaine ou une cinquantaine de jours ce tour du monde incroyable...

Nautisme Article
© Vincent Olivaud

La traversée du Pot au Noir

Le Pot au Noir correspond à une zone intertropicale très instable où les conditions météo sont très variables à la fois dans le temps et l’espace, avec des températures et un taux d’humidité très élevés. C’est là que se rencontrent les alizés de nord-est dans l’hémisphère Nord et ceux de sud-est dans l’hémisphère Sud. Cette zone de convergence des vents est propice à la formation de gros cumulonimbus, ces nuages à fort développement vertical à l’origine de fortes pluies orageuses et de vents violents. Dans les parages de ces nuages, le vent peut passer brutalement d’une dizaine de nœuds à une quarantaine de nœuds. Les marins doivent donc scruter le ciel et se préparer à de rapides réglages de voiles lors de l’arrivée du phénomène. Certains habitués n’hésitent pas à analyser les images satellites et trouver la moindre opportunité pour traverser cette zone le plus rapidement possible. Dans leur descente de l’Atlantique, la plupart des marins cherchent à se décaler dans l’ouest puisque le Pot au Noir est y est plus étroit qu’à proximité du continent africain.

Le piège des anticyclones

Si l’on porte toujours beaucoup d'attention aux dépressions parce qu'elles sont souvent synonymes de vents forts et de mer agitée, les anticyclones associés à un temps calme constituent aussi une préoccupation des marins. C’est au cœur des zones de hautes pressions que les vents sont les plus faibles. L’objectif est donc d’éviter de se faire piéger par les calmes d’un anticyclone. Pour éviter la « pétole » (absence de vent) et ne pas se retrouver immobilisé sur l’eau, il leur faut contourner les zones de hautes pressions pour garder suffisamment de vent, tout en ne rallongeant pas trop le parcours. Les anticyclones peuvent se déplacer, mais ils sont parfois relativement stables, ce qui oblige les voiliers à en faire le tour. Les deux plus connus sur ce tour du monde sont l’anticyclone de Sainte-Hélène qu’il faut contourner sur la descente de l’Atlantique et celui des Açores qui est souvent en travers de la route directe lors de la remontée de l'Atlantique Nord.

Le train de dépressions des 40ème rugissants

Après avoir passé le Cap de Bonne Espérance, les marins devront traverser l’océan Indien et se mettre dans le rythme du train des dépressions circulant au sud des anticyclones subtropicaux. Ils devront veiller à éviter les zones de cétacés et passer suffisamment à l’écart des zones de glaces au sud. Ils seront donc confrontés au passage de fronts actifs avec des mers fortes dans un couloir étroit qui les mène vers l’Australie.

L’instabilité orageuse dans les parages de l’Australie

Il ne faut pas oublier qu’à cette époque de l’année, c’est la saison estivale dans l’hémisphère sud. Dans les parages de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, le flux d’ouest se trouve perturbé par le continent et les îles avec des zones sans vent et la formation de petites dépressions stationnaires, à l’origine de vents très variables en force et direction avec des grains orageux.

Les 50ème hurlants dans l’hémisphère sud et le passage compliqué du Cap Horn

La longue traversée de l’océan Pacifique dans l’hémisphère sud est rythmée par la circulation de dépressions très creuses avec des épisodes de vent violent au passage de fronts actifs et dans une mer souvent déchainée. Ces conditions météo très agitées justifient le terme de 50ème hurlants employé par les navigateurs dans cette partie de l’hémisphère sud. Le passage du Cap Horn situé à 55° de latitude sud en Terre de Feu, est l’un des passages clés du parcours de ce tour du monde. Les montagnes qui culminent à près de 4 000 mètres sur la côte sud-ouest de la péninsule américaine canalisent et accélèrent le vent dans cette zone. Le phénomène est accentué par les effets catabatiques. Ce sont des vents froids et violents qui descendent du haut des montagnes. Ils portent le nom de williwaws dans les canaux de Patagonie et sont redoutés des marins qui naviguent dans cette région du globe. Les parages du Cap Horn sont donc souvent synonymes de conditions météo dantesques avant la longue remontée de l’Atlantique en direction de la France. Ils devront à nouveau traverser le Pot au Noir et se confronter à des conditions météo très variées en direction de la pointe bretonne.

En affrontant tous ces écueils météo, il faudra que les marins préservent à tout prix leurs matériels et face preuve d’une grande ténacité avec toute l’expérience qu’ils ont acquis dans les multiples courses au large auxquelles ils ont participé. Un combat entre titans qui s’annonce passionnant à suivre et pour lequel METEO CONSULT mobilise toutes ses équipes de météorologues et d’ingénieurs pour assurer le suivi météo de la course.

par Cyrille Duchesne, expert en météo marine METEO CONSULT.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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