
« Ce qui m’a le plus marqué depuis le début, c’est l’émotion d’un départ pour un tour du monde sur un tel trimaran », confie Antoine Gautier, directeur technique et navigateur à bord. « Je l’avais vécue à travers d’autres, mais quand tu es sur le bateau, c’est une autre dimension. L’ambiance à bord entre Concarneau et la ligne de départ est aussi très marquante. Tu sens que ce n’est pas une navigation comme les autres, tu te rends compte que tu pars pour le tour du monde. »
Avec un flux d’ouest soutenu attendu pour les premières heures de course, l’équipage espère descendre rapidement vers l’Équateur, un passage crucial pour établir un temps compétitif. « Nous n’avons jamais été aussi bons, et le trimaran n’a jamais été aussi performant », assure François Gabart. « Ces tentatives nous ont permis de naviguer à fond en équipage, et les travaux réalisés depuis ont permis d’améliorer encore le bateau. Nous sommes à 100 %.»
Deux tentatives avortées, mais des progrès significatifsCette troisième tentative s’inscrit dans la continuité d’une campagne riche d’enseignements. Lors de la première tentative, le 30 novembre, une collision avec un objet non identifié avait endommagé le foil et le safran tribord, contraignant l’équipage à rentrer après quatre jours de mer. La deuxième, le 19 décembre, avait été stoppée suite à un problème technique sur le gennaker, combiné à des conditions météo défavorables au sud de l’Équateur.
Ces échecs n’ont en rien entamé la détermination de l’équipe. « Nous savions tous que le Trophée Jules Verne est un défi compliqué », rappelle Tom Laperche. « Évidemment, sur le papier, on espère toujours partir mi-novembre et rentrer mi-décembre avec le record à la clé. Mais ce n’est pas aussi simple. L’exercice du record est complexe. À chaque seconde, nous sommes confrontés au chrono et on se demande toujours si on peut faire mieux. »
Antoine Gautier souligne également les progrès réalisés grâce à ces tentatives : « Ces deux navigations nous ont permis de progresser et d’apprendre. Nous sommes plus intelligents et performants maintenant. Sur la deuxième tentative, on a fait 888 milles à 37 nœuds de moyenne. Les bateaux qui ont fait ça se comptent sur les doigts d’une demi-main. »

Pour François Gabart et son équipe, ce défi est autant une course contre le temps qu’une exploration des limites technologiques. « Nous avons fait beaucoup de travail sur tous les détails qui permettent de mieux régler le Trimaran SVR-Lazartigue », ajoute Pascal Bidégorry. « Quelles que soient les conditions, que ce soit la force du vent, l’état de la mer ou l’allure du bateau, on sait maintenant comment le régler. »
Départ imminent pour l’exploitÀ quelques heures du départ, l’excitation est palpable sur les pontons de Concarneau. Une fois la ligne de départ franchie, le chrono s’enclenchera pour cet équipage déterminé à battre le record établi par Francis Joyon et l’équipage d’IDEC Sport en 2017 (40 jours, 23 heures, 30 minutes et 30 secondes).
« Ce Trophée Jules Verne est un défi immense », conclut François Gabart. « Mais si cette fenêtre météo se confirme, ce sera notre meilleure chance de réussir. Nous avons tout mis en œuvre pour être prêts, et maintenant, il est temps de relever le défi. »
