Route du Rhum - Destination Guadeloupe : Guirec Soudée « J'aime la mer, je vis pour ça »

Sur la Route du Rhum et même sur un Imoca je dirais ! C’est vrai que j’ai été bercé par des histoires de bateau avec mon père qui a navigué avec Eugène Riguidel. Il a baptisé mon bateau il y a quelques jours d’ailleurs. Le Vendée Globe ou la Route du Rhum c’est impressionnant. Jamais je n’aurais eu la prétention de penser qu’un jour je pourrais être sur la ligne de départ, et j’ai encore un peu de mal à réaliser aujourd’hui. En fait j’ai fait la rencontre dans les Caraïbes d’Eric Dumont, devenu un super copain, et qui a fait plusieurs Vendée Globe. On a eu plusieurs discussions et il me racontait ses histoires et à un moment il m’a dit : « Je pense que le Vendée Globe c’est une course qui est faite pour toi. » Je lui dis qu’il est fou, que je ne suis pas régatier. Mais il insiste en me disant qu’un Vendée Globe c’est un marathon, une course sur le long terme, pas que de la régate. C’est l’esprit marin, la technique à bord, plein de petites choses cumulées qui font qu’on termine. Je me suis dit alors pourquoi pas ? Entre temps je suis parti me faire enfermer dans les glaces, et 2-3 petites balades à droite à gauche, mais le Vendée Globe n’est pas sorti de mon cerveau, jusqu’à mon avant-dernière transat à la rame, entre les Canaries et les Caraïbes, en janvier 2021 donc. Je croisais les Imoca, que je ne voyais pas en visuel, mais j’étais sur leur latitude et là je me suis dit « OK, je veux absolument faire partie de la prochaine édition ». J’ai Alice qui travaille avec moi depuis quelques années, qui s’occupe de beaucoup de choses, communication, relations partenaires, réseaux sociaux, à qui je dis « il faut que tu te renseignes sur quel bateau sera à vendre après le Vendée ». On a été mis au courant de plusieurs bateaux disponibles et dès que j’ai fini ma traversée aller, on a visité plusieurs bateaux. Celui qui m’a le plus marqué c’est celui-là, l’ancien Omia-Water Family de Benjamin Dutreux, ancien bateau d’Alex Thomson aussi. J’ai tout de suite accroché avec Benj. Le bateau m’a plu, son équipe aussi, j’ai vu qu’ils prenaient soin de ce bateau bien né, qui a une belle histoire, il est costaud. Evidemment il y a des bateaux bien plus performants, mais déjà je ne pensais pas avoir la chance de prendre un bateau aussi beau ! Mais on s’est donné les moyens. J’ai de la chance ma banque m’a suivi. Après j’ai trouvé un super partenaire qui est freelance.com. On n’a pas forcément fait les choses dans l’ordre. Quand tu as un projet Vendée Globe tu commences par trouver un sponsor, monter une équipe et acheter ton bateau, et bien nous on a fait l’inverse ! J’ai acheté un bateau, trouvé une équipe, trouvé un sponsor. Parce que je me suis dit qu’à partir du moment où tu as le bateau, tu n’as plus le choix que d’avoir un sponsor, sinon je me retrouve dans la m… toute ma vie ! Parce que je n’ai pas les moyens de rembourser un bateau comme ça. Donc quand tu n’as pas le choix et bien tu finis par trouver un super partenaire et c’est parti ! Le Rhum ça part demain et je n’ai qu’une hâte c’est d’être en mer, me retrouver seul, c’est ce que j’aime. Je suis au début de cet apprentissage de la course au large. Il y a encore du chemin mais je suis plus que motivé. Je pense que j’ai un bon bagage et de bonnes personnes autour de moi, donc il n’y a plus qu’à bosser sérieusement et je pense que je serai prêt pour faire un beau tour du monde. En attendant, cette transat va être aussi intéressante dans le sens où ma course la plus longue en Imoca c’est la Vendée Arctique. Malheureusement elle a été écourtée en Islande à cause de la météo alors on n’a fait que 5 jours en mer.
Il n’y a pas grand-chose de personnel à bord. C’est beaucoup de technique. Moi je dis un jour en mer, un jour de technique. Mon équipe me dit plutôt un jour en mer, deux jours de technique, donc c‘est un peu la bagarre (rires) ! On n’a pas fait de gros travaux d’optimisation sur le bateau mais il y a des trucs à faire en permanence. Là on vient de changer les galettes (des enrouleurs, ndlr) à l’avant, on a changé des voiles, ce sont des choses qui se cumulent en permanence. L’idée c’est de bien prendre le bateau en main tel qu’il est et après, pourquoi pas, penser à déplacer les ballasts sur le côté par exemple. Mais déjà faire avancer le bateau comme ça, c’est ma priorité. J’ai la chance d’être accompagné de Sébastien Audigane, qui est un super marin, remplit de qualités et il m’a aidé à prendre cette machine en mains. Heureusement qu’il y avait quelqu’un comme ça parce que sinon c’était juste pas possible. Je n’en serais pas là aujourd’hui. Je lui suis donc hyper reconnaissant ainsi qu’à toute mon équipe qui se donne à fond. Je n’ai pas envie de les décevoir tous, donc l’idée avant tout ça va être de finir, en prenant le maximum de plaisir et évidemment on va essayer de tirer un peu sur le bateau quand même, on ne veut pas arriver dernier non plus ! Plus j’apprends plus ça me plaît en fait. J’ai envie de savoir un maximum de choses sur la navigation, sur la météo, sur tout. J’aime la mer, je vis pour ça et j’ai envie de m’y déplacer de la façon la plus intelligente possible et sans finir au fond tout de suite (éclat de rire) !