Route du Rhum - Destination Guadeloupe : Guirec Soudée « J'aime la mer, je vis pour ça »

Par François TREGOUET

Il a la spontanéité et le dynamisme de ses trente ans. Affable il ne se fait pas prier pour raconter son histoire déjà riche d’aventures incroyables, d’un pôle à l’autre avec sa poule Monique ou à la rame à travers l’Atlantique. Il aborde le chapitre course au large de sa vie avec enthousiasme et humilité, l’œil toujours rieur et l’humour plus que jamais en bandoulière, très bien entouré et déjà à fond !

On connaît tes aventures maritimes, à la voile ou à la rame, et on n’attendait pas forcément Guirec Soudée au départ de la Route du Rhum. Est-ce que c’est un rêve d’enfance ? Est-ce que c’est venu pendant tes voyages ?

Sur la Route du Rhum et même sur un Imoca je dirais ! C’est vrai que j’ai été bercé par des histoires de bateau avec mon père qui a navigué avec Eugène Riguidel. Il a baptisé mon bateau il y a quelques jours d’ailleurs. Le Vendée Globe ou la Route du Rhum c’est impressionnant. Jamais je n’aurais eu la prétention de penser qu’un jour je pourrais être sur la ligne de départ, et j’ai encore un peu de mal à réaliser aujourd’hui. En fait j’ai fait la rencontre dans les Caraïbes d’Eric Dumont, devenu un super copain, et qui a fait plusieurs Vendée Globe. On a eu plusieurs discussions et il me racontait ses histoires et à un moment il m’a dit : « Je pense que le Vendée Globe c’est une course qui est faite pour toi. » Je lui dis qu’il est fou, que je ne suis pas régatier. Mais il insiste en me disant qu’un Vendée Globe c’est un marathon, une course sur le long terme, pas que de la régate. C’est l’esprit marin, la technique à bord, plein de petites choses cumulées qui font qu’on termine. Je me suis dit alors pourquoi pas ? Entre temps je suis parti me faire enfermer dans les glaces, et 2-3 petites balades à droite à gauche, mais le Vendée Globe n’est pas sorti de mon cerveau, jusqu’à mon avant-dernière transat à la rame, entre les Canaries et les Caraïbes, en janvier 2021 donc. Je croisais les Imoca, que je ne voyais pas en visuel, mais j’étais sur leur latitude et là je me suis dit « OK, je veux absolument faire partie de la prochaine édition ». J’ai Alice qui travaille avec moi depuis quelques années, qui s’occupe de beaucoup de choses, communication, relations partenaires, réseaux sociaux, à qui je dis « il faut que tu te renseignes sur quel bateau sera à vendre après le Vendée ». On a été mis au courant de plusieurs bateaux disponibles et dès que j’ai fini ma traversée aller, on a visité plusieurs bateaux. Celui qui m’a le plus marqué c’est celui-là, l’ancien Omia-Water Family de Benjamin Dutreux, ancien bateau d’Alex Thomson aussi. J’ai tout de suite accroché avec Benj. Le bateau m’a plu, son équipe aussi, j’ai vu qu’ils prenaient soin de ce bateau bien né, qui a une belle histoire, il est costaud. Evidemment il y a des bateaux bien plus performants, mais déjà je ne pensais pas avoir la chance de prendre un bateau aussi beau ! Mais on s’est donné les moyens. J’ai de la chance ma banque m’a suivi. Après j’ai trouvé un super partenaire qui est freelance.com. On n’a pas forcément fait les choses dans l’ordre. Quand tu as un projet Vendée Globe tu commences par trouver un sponsor, monter une équipe et acheter ton bateau, et bien nous on a fait l’inverse ! J’ai acheté un bateau, trouvé une équipe, trouvé un sponsor. Parce que je me suis dit qu’à partir du moment où tu as le bateau, tu n’as plus le choix que d’avoir un sponsor, sinon je me retrouve dans la m… toute ma vie ! Parce que je n’ai pas les moyens de rembourser un bateau comme ça. Donc quand tu n’as pas le choix et bien tu finis par trouver un super partenaire et c’est parti ! Le Rhum ça part demain et je n’ai qu’une hâte c’est d’être en mer, me retrouver seul, c’est ce que j’aime. Je suis au début de cet apprentissage de la course au large. Il y a encore du chemin mais je suis plus que motivé. Je pense que j’ai un bon bagage et de bonnes personnes autour de moi, donc il n’y a plus qu’à bosser sérieusement et je pense que je serai prêt pour faire un beau tour du monde. En attendant, cette transat va être aussi intéressante dans le sens où ma course la plus longue en Imoca c’est la Vendée Arctique. Malheureusement elle a été écourtée en Islande à cause de la météo alors on n’a fait que 5 jours en mer.

Nautisme Article
© Photo Polaryse

Comment t’es-tu approprié ce bateau et appris à le manœuvrer ?

Il n’y a pas grand-chose de personnel à bord. C’est beaucoup de technique. Moi je dis un jour en mer, un jour de technique. Mon équipe me dit plutôt un jour en mer, deux jours de technique, donc c‘est un peu la bagarre (rires) ! On n’a pas fait de gros travaux d’optimisation sur le bateau mais il y a des trucs à faire en permanence. Là on vient de changer les galettes (des enrouleurs, ndlr) à l’avant, on a changé des voiles, ce sont des choses qui se cumulent en permanence. L’idée c’est de bien prendre le bateau en main tel qu’il est et après, pourquoi pas, penser à déplacer les ballasts sur le côté par exemple. Mais déjà faire avancer le bateau comme ça, c’est ma priorité. J’ai la chance d’être accompagné de Sébastien Audigane, qui est un super marin, remplit de qualités et il m’a aidé à prendre cette machine en mains. Heureusement qu’il y avait quelqu’un comme ça parce que sinon c’était juste pas possible. Je n’en serais pas là aujourd’hui. Je lui suis donc hyper reconnaissant ainsi qu’à toute mon équipe qui se donne à fond. Je n’ai pas envie de les décevoir tous, donc l’idée avant tout ça va être de finir, en prenant le maximum de plaisir et évidemment on va essayer de tirer un peu sur le bateau quand même, on ne veut pas arriver dernier non plus ! Plus j’apprends plus ça me plaît en fait. J’ai envie de savoir un maximum de choses sur la navigation, sur la météo, sur tout. J’aime la mer, je vis pour ça et j’ai envie de m’y déplacer de la façon la plus intelligente possible et sans finir au fond tout de suite (éclat de rire) !

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…