Transat Jacques Vabre : le vent a quitté les Ultim !
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C’est un peu comme si la brise respectait le calendrier chrétien du côté de Porto Santo. Jour férié ! Le vent a abandonné les ULTIM, ballotés dans un reste de houle de nord où leurs 700 m2 de voilure peinent à se tenir. Une situation pas très catholique pour le leader SVR Lazartigue qui restait philosophe à la vacation « Là, le vent vient vraiment de nous quitter, on est complètement arrêtés. C’était prévu depuis le départ mais c’est vrai qu’il y a une répartition très inégale du vent dans l’hémisphère Nord. Trop chez vous, pas assez pour nous, mais on ne va pas se plaindre ! Le lever de soleil est magnifique, et je viens d’apercevoir Madère. On est content d’être là où on est, c’est une décision que l’on a pris hier avec le routeurs, tant qu’on avait de la vitesse. Maintenant, il faut juste être patient …»
Premier ralenti, premier servi ?
« Les dés sont jetés ! » confirmait Charles Caudrelier, aligné dans l’axe de SVR Lazartigue et à l’affût lui aussi de la moindre risée : « C’est paisible et tendu à la fois. Les routages voient toujours plus de vent qu’il y en a et on essaie juste d’aller droit, sous pilote, parce qu’autrement à la barre, tu deviens fou ! C’est sympa d’être revenu à hauteur de SVR mais on sait bien qu’à un mille près, parfois 200 mètres, celui de devant peut repartir et toi rester bloqué. Il est quand même dans la meilleure position ». Un avis que partage Armel Le Cléac’h, pas fâché de son petit décalage à l’ouest et circonspect devant l’option de Sodebo Ultim 3, décalé du côté des côtes marocaines : « On sait que la dorsale descend en latitude avec nous. Donc rajouter de la route c’était prendre un risque de plus pour un bénéfice très aléatoire. On a préféré se positionner un peu à l’ouest de nos concurrents pour avoir du gain sur la route » expliquait le skipper de Banque Populaire XI.
Paisible et tendu à la fois
Aux dires de tous, il va falloir patienter toute la journée, peut-être une partie de la nuit prochaine afin de profiter d’un vent de Nord-est établi, et retrouver des vitesses dignes de ces grands trimarans de 32 mètres. Une journée où il faudra rester aux aguets mais personne ne semble se plaindre de cette pause après la furie des premières 48 heures. « On peut se relayer c’est beaucoup plus agréable. Séb se réveille là et se fait un bol de Ricoré, je ne savais même plus que ça existait ce truc-là ! » plaisantait même Armel Le Cléac’h à propos des goûts culinaires de son compagnon Sébastien Josse. « On peut vraiment se balader sur le pont, jusqu’à l étrave et on a fait un check complet du bateau hier, on peut même voir les appendices. On a trouvé quelques vis de plaques aéro qui étaient parties et refait un lashing, mais rien de grave » pour François Gabart.
Pas de nouvelle de Sodebo Ultim 3, silencieux à la vacation, sans doute bien occupé à exploiter ce qu’il lui reste de vent d’ouest/nord-ouest. A 100 milles dans l’Est des leaders, les deux Thomas ont refait une partie de leur retard mais vont voir eux aussi le vent baisser graduellement. « La logique voudrait qu’il empannent assez tôt et conservent leur décalage » expliquait ce matin Christian Dumard mais rien ne dit pour le météorologue de la course que leur traversée de l’axe sera plus facile que pour les leaders : « Une dorsale, ce n’est pas une ligne claire et continue. C’est moins facile dans la vraie vie que derrière un écran ! » Et une fois l’alizé établi, l' angle de descente de Sodebo Ultim 3 et Actual Ultim 3 vers le Pot au noir sera aussi moins favorable…
A l’entrée du Pot au noir le 4 novembre
Dans la soirée ou cette nuit, une fois que les ULTIM auront retrouvé du vent, la glisse va reprendre ses droits et chacun va pouvoir soigner sa trajectoire en aile de mouette pour rejoindre l’équateur. Prochaine marque de parcours après Porto Santo, l’archipel SaoPaolo & Sao Pedro, confettis perdu dans l’Atlantique Sud, attend les trimarans à 500 milles de la corne du Brésil.
Les alizés sont bien établis dès la latitude des Canaries et les routages positionnent les leaders à l’entrée de la zone de convergence des deux hémisphères le 4 novembre.
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