Transat Jacques Vabre 2023 : Thomas Ruyant et Morgan Lagravière (For People), vainqueurs de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre en catégorie IMOCA

Par Figaronautisme.com

Pour la deuxième fois consécutive, dimanche à 02 h 02 locale (07 h 02 heure de Paris), Thomas Ruyant et Morgan Lagravière, ont franchi en première position la ligne d’arrivée en baie de Fort-de-France de la 16ème édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre. Le temps de course de FOR PEOPLE est de 11 jours, 21 heures, 32 minutes et 31 secondes. Il a effectué les 3750 milles du parcours entre Le Havre et Fort-de-France à la vitesse de 13,17 noeuds sur l’orthodromie (route directe). Il a en réalité parcouru 5425 milles à la vitesse moyenne de 19 noeuds (sur l’eau).

Thomas et Morgan, duo trop fort de café !

Pudiques sur le ponton, dédiant d’abord leur victoire à l’équipe TR racing venue en nombre à Fort-de-France et manifestement émus par ce doublé, Thomas Ruyant et Morgan Lagravière sont ensuite longuement revenus en conférence de presse sur leur complicité, leur façon de naviguer sur leur nouveau For People et l’engagement que suppose une Route du Café. Morceaux choisis.

UN DUO EN OR : 

Thomas : « Si on arrive en tête à Fort-de-France c’est grâce à l’équipe, c’est canon. C’était pas simple de la gagner une fois et de la regagner encore une fois avec toi (Morgan Lagravière), c’était encore un super moment. Je ne pouvais pas avoir mieux pour m’accompagner et découvrir mon bateau et me préparer pour préparer les courses à venir. Ce sont des bateaux qui sont complexes, il y a plein de leviers, plein de choses à faire marcher et je pense que Morgan est la personne idéale pour ça en plus d’être mon pote."

Morgan :  « C’est l’illustration des beaux moments de vie qu'on a pu vivre ces derniers jours. On ne se rend pas compte comme ça mais ça a été un travail acharné, heure après heure, minute après minute. La particularité de notre équipage c’est que ça se fait vraiment dans la bienveillance et dans une espèce d’émulation commune qui fait que je pense qu’on a quelques chose en plus que les autres. Ça s’est encore vu sur cette transat donc on n’est pas juste bon dans notre rôle, il y a de l’humain. C’est pour ça qu’on vient chercher ces courses-là, bien avant le résultat sportif, c’est pour ces émotions (…) C’est toujours aussi plaisant de passer du temps en mer avec Thomas. Quand je voyais les perspectives de la course, en fait je ne voyais pas très bien ce qui pouvait nous arriver, j’aurais pas aimé être à la place des autres. »

L’INTENSITÉ : 

Thomas :  "C’était une course intense, on gagne pas des courses sur le circuit IMOCA sans tout donner. On n’avait qu’une envie c’est que ça s’arrête parce qu’on avait mal partout et on a eu des soucis de sifflements des fois dans le bateau et c’était vraiment pénible. Mais l’engagement c’est ce qu’on vient chercher aussi et la victoire en est d’autant plus belle même si de l’extérieur ça a pu donner l’impression qu’on avait dominé la course, en pratique c’était pas le cas, mais ça fait partie du plaisir et on est là pour ça."

Morgan : « Sur le bruit, c’était extrêmement inconfortable. Thomas dit que ça siffle et ça va siffler dans nos oreilles encore quelques jours. On était avec les boules Quiès en permanence et il fallait se crier dessus pour se parler. J’ai la voix cassée ! 

Je ne sais pas si on peut mettre beaucoup plus d’intensité qu’on en a mis. Il y a eu un tournant à la fin. On s’est retrouvé à vue avec Paprec Arkea. On allait un peu plus vite qu’eux et on s’est dit que c’était là qu’il fallait taper du poing et on a beaucoup barré. Ils ont fait sans doute un peu craqué par qu’ils ont fait une erreur de trajectoire à ce moment-là. L’intensité, on l’a mise vraiment à ce moment-là pour passer des crans de performance et marquer les autres. »

Thomas : « On a pas mal barré, Momo plus que moi. Je ne suis pas sur que beaucoup d’IMOCA aient barré autant que nous sur cette transat…

Morgan : « Le bateau le permet aussi. Plein d’autres IMOCA ne le permettent pas car l’ergonomie du poste de barre n’est pas adaptée ou que le système de barre est trop dur. Là, au delà  d’être un bateau vivant, For People permet de barrer et transmets ses sensations. C’est la connexion avec l’avatar. Lorsque tu barres, tu retires beaucoup de choses. J’avais déjà remarqué ça il ya deux ans. On a progressé jour après jour, sur le fonctionnement de notre binôme et la connaissance du bateau. A partir des Canaries, on est rentré dans une autre course parce qu’on avait progressé. C’est un objectif qu’on s’était fixé : on était bien plus fort à la fin de la course qu’au début. 

LE DÉBAT NORD / SUD 

Thomas : "On a été très inquiet. Depuis le début on regarde tous cette option Nord. Je pense que personne n’avait envie d’y aller, on avait tous envie d’aller faire du portant sous le soleil, leur route était techniquement dure à réaliser. On ne s’attendait pas nous non plus à aller aussi vite et c’est vrai que ces options sud elles ont peut-être tendance à être sous-estimées en force de vent. On avait bon espoir et avec la machine qu’on avait on avait pas envie de faire autre chose que du portant. Donc on s’est mis d’accord avec Momo, on a dit, allez, c’est parti, on y va (...) On s’est concentré sur notre route Sud. A un moment Momo m’adit, allez regarde les routages. Au début j’avais pas trop envie et ensuite je m’y suis plus intéressé. Ils ont bien jouée leur chance et ils arrivent bien placé. C’est une route qui m’a fait peur au début car elle était gagnante et je la voyais bien finir devant. Pendant longtemps, ils avaient quasi une journée d’avance sur les routages que je faisais. Mais après, on gagnait du temps sur nos routages et eux en perdaient. Dans les alizés, on sous-estime souvent la force du vent et on a gagné un jour sur les routages théoriques. Si on était arrivé 24 heures plus tard, Justine et Julien auraient gagné. On a eu un peu plus de vent que prévu et on est aussi allé un peu plus vite. Au final ça reste une bonne option ils arrivent bien, peut-être même mieux que si ils avaient pris la route sud finalement. Ils ont jouer le truc à fond et chapeau à eux."

DE FOR THE PLANET À FOR PEOPLE : 

Thomas : « Le moment que je vais garder en tête c’est lorsqu’on se retrouve dans les îles atlantiques (Canaries). Momo à la barre, moi à la trajectoire et là on se regarde et on est en train de faire marcher un des monocoques les plus rapides du monde. Et là, c’était un pur kif ! 

Notre transat a un peu démarré là. Dans le rythme, dans les trajectoires, je me suis un peu débloqué. Momo a commencé à plus barrer. »

Morgan : « C’est  un élément parmi d’autres. Mais For People est un bateau exceptionnel qui procure un plaisir que j’ai peu connu, même sur les ULTIM. Trouver les bons réglages, les bons paramètres, je m’épanouie beaucoup là dessus. Y a un gros travail qui a été fait par les architectes et l’équipe.  

Thomas : "Je suis content que mon ancien bateau qui m’a donné beaucoup de plaisir soit dans les mains d’un marin comme Sam. On a beaucoup travaillé à quatre avec Antoine (Koch), Sam, Momo et moi en avant-saison, en entraînement. On n’a pas fait une sortie sans que l’autre bateau soit aussi avec nous sur l’eau. La différence se fait aussi là, sur le fonctionnement de l’équipe. La particularité de ce groupe c’est l’échange. Et cette confrontation si elle est saine et bien dite dès le début, ça fait un truc super et on est sur le podium sur toutes les courses."

Suivez l'évolution des conditions météo sur METEO CONSULT Marine.

Diaporama
Thomas et Morgan © Jean-Marie Liot / Alea
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…