Vendée Globe : Des cadeaux pour certains, la patience pour d'autres

Par Figaronautisme.com

Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) et Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) semblent se partager les opportunités comme dans un scénario parfait : un coup pour l’un, un coup pour l’autre. Mais dans le reste de la flotte, tout le monde ne se sent pas aussi gâté. Si les leaders reçoivent vents favorables et transitions idéales, d’autres marins, confrontés aux caprices de la météo, ont l’impression que le Père Noël les a oubliés. Une course à deux vitesses où la chance joue parfois les trouble-fêtes.

Bien malheureux celui qui est né avec un appétit pour la compétition particulièrement aiguisé, parce que bien souvent, il aura beau faire un festin, il restera sur sa faim. Au lendemain « de l’apothéose, de la grande bouffe et des p’tits cadeaux », comme chantait Renaud, c’est un peu notre sentiment en regardant au petit matin la carto.

Devant, c’est statu quo. Après un jour faste pour Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA) qui avait creusé son avance - nous laissant songeurs à se demander presque « mais où est Charlie ? » - voilà que Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 2e) a remis du charbon et pointe ce matin à moins de 15 milles du leader, à la faveur d’une baisse du ventilateur. Un partout, balle au centre anticyclonique, et on verra bien qui s’extirpera le premier des petits souffles, sans trop s’essouffler !

Plus au Sud, c’est pareil. Un gros coup de moins depuis la perte de son foil tribord, mais tout de même, un passage du Cap Horn en troisième position sans être trop inquiété par la concurrence pour Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 3e), qui n’aurait pas osé le demander sur sa liste avant le départ !

« pédale plus vite »
Par contre derrière, ça se corse, et n'y voyez pas là un hommage à l'île de beauté. Jérémie Beyou (Charal, 5e) a pris le temps pour nous de faire un peu de pédagogie topologico-sportive : "Je ne sais pas si vu de terre vous arrivez à bien comprendre comment ces écarts se font ou se défont... J'ai déjà entendu des suiveurs me dire, « ben accélère » quand je me suis retrouvé derrière ! Ou comme en vélo « pédale plus vite »… C'est différent dans ce sport. Je vous promets que je pédale comme un dératé ! Et c'est pareil pour Nicolas Lunven à côté de moi. Mais c'est comme si on était tout le temps en côte quand tous les autres sont en descente... J'espère que vous arriverez à faire comprendre cela à ceux qui nous suivent à terre ! "

Le message est transmis, Jérémie, et la côte est interminable effectivement pour son petit groupe incluant aussi Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e), qui semble tout de même au dernier pointage avoir réussi à retrouver un peu de pente et d’allant...

Ceux de devant, tout le Pacifique ils ont fait très peu de manœuvres, et des grands tout droit. Derrière, le groupe de Boris aussi, ils ont fait un gros tout droit ! Et nous, depuis qu’on a pointé notre nez dans l’Indien, on a tout le temps une barrière devant, et chaque fois qu’on accélère on bute dedans. Donc c’est sûr que c’est pas une sensation très agréable d’avoir lâché 2000 milles aux mecs devant, et de voir revenir des gens que j’avais pas vu depuis l’Equateur, mentalement c’est pas facile à gérer ! Je pensais qu’on aurait des opportunités de revenir, on en a eu zéro... Vraiment un Grand Sud qui aura pas été sympa pour nous ! C’est la météo qui décide, mais est-ce qu’il y a une justice là-dedans, non pas vraiment !
" Ah nous voilà replongés soudains dans nos cours de philo, et ce bon La Rochefoucauld qui nous rappelait que « l'amour de la justice n'est pour la plupart des hommes que la crainte de souffrir l'injustice ». Pas sûr que le frondeur prince de Marcillac était toutefois le plus assidu à la salle de sport et aurait goûté qu'on applique ses « Maximes » aussi prosaïquement ! "

Van Weynbergh au Cap Leeuwyn
Mais tous les lendemains ne déchantent pas dans la flotte. A commencer par celui de Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 36e), qui vient de franchir à 4 h et 36 secondes TU le Cap Leeuwin, deuxième marque symbolique de ce tour du monde sans escale et sans assistance. A l’ombre de l’Australie, il va pouvoir, comme ses camarades de fin de flotte devant lui, Fabrice Amédéo (Nexans – Weise, 35e) et Manuel Cousin (Coup de Pouce, 34e) profiter pleinement des derniers moments dans cet océan, avant de s’attaquer au prolifique Pacifique.


« C’est rigolo de se retrouver là »
S’il en est un autre qui n’a pas la gueule de bois, c’est bien Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement, 24e), propulsé au premier rang de son groupe, à la suite d’une compression de flotte dans les règles de l’art. Une situation atypique qui a permis aux compétiteurs de rendre à l’autre bout de la planète un petit hommage à leur coach lorientais :

" L’autre jour avec Seb Marsset, on se disait « Tiens on dirait un entraînement avec Tanguy Le Glatin ! Toi tu te mets un peu sous le vent, toi t’arrêtes de faire l’imbécile, toi si tu sais pas barrer, tu mets le pilote » (rires) ! C’est rigolo de se retrouver là, dans la pétole, c’est assez sympa de régater un peu. On est tous éclopés, je crois qu’il nous manque tous au moins une voile, on fait tous avec ce qu’on a et on ne sait pas trop les armes des autres… Quand on voit les angles, on devine ce qu’ils peuvent et ne peuvent pas faire ! "

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Il y a du monde dans le bourg, effectivement ! Entre Tanguy Le Turquais (Lazare, 23e), Sébastien Marsset (Foussier, 22e), mais aussi Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo For a Job, 21e), ou encore Violette Dorange (Devenir, 25e), tous se sont agglutinés « comme des chewing-gums », s’amuse Louis Duc, qui poursuit : " De temps en temps, on a envie d’être peinard dans son coin pour pouvoir manœuvrer tranquille et à son rythme… A un moment avec Seb dans la pétole, je voulais affaler et bricoler, mais comme il était juste à côté à 300 mètres j’allais me faire dépasser, alors j’ai attendu qu’il n’y ait plus de vent du tout pour le faire ! C’est sympa mais faut pas que ce soit tout le temps comme ça non plus ! Quand on voit Richomme et Dalin qui passent le Horn en neuf minutes d’écart, tu te dis qu’il n’y a pas que nous ! Et je crois que c’est ce qui fait la magie de cette épreuve, pendant dix jours tu ne vois personne, et d’un coup t’es au contact, c’est cool, et au moins on voit qu’on n’est pas les seuls à avoir des emmerdes ! "


Après 45 jours de mer, se tenir là, en une poignée de milles, c’est une sorcellerie dont on ne se lasse effectivement pas, de notre côté de la cartographie non plus. Même si certains sont mieux servis que d’autres à la grande loterie de la vie, on sait au fond qu’ils n’échangeraient leur place pour rien au monde, car c’est se qui fait toute la beauté de ce sport au mille rebondissements par seconde.

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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.