Jean Le Cam, roi des mers et légende du Vendée Globe

Un record historiqueSix Vendée Globe disputés, cinq terminés. Un exploit que personne avant lui n’avait réalisé. Seule ombre au tableau : son chavirage en 2008, au large du Cap Horn, qui l’avait contraint à abandonner après une opération de sauvetage rocambolesque. Mais chaque édition a renforcé sa légende. De son incroyable sauvetage de Kevin Escoffier en 2020 à son approche méthodique de cette édition 2024, Jean Le Cam incarne le Vendée Globe autant qu’il en écrit l’histoire.Et cette fois encore, il a fait les choses à sa manière. Tandis que la majorité de la flotte s’élançait à bord de foilers nouvelle génération, lui a misé sur un monocoque à dérives droit sorti des chantiers en 2023. Son credo ? La fiabilité avant la vitesse pure, le marin avant la machine. Mais cela ne signifie pas que tout a été facile, loin de là. La remontée de l’Atlantique m’a fait mal, j’avais quand même 1000 milles d’avance au cap Horn (sur Benjamin Ferré). Ça s’est fini en peau de chagrin avec une succession de barrières météo, a-t-il soufflé. C’est à chaque fois pareil, sur le Vendée, tu as des moments de ras-le-bol, tu es content de faire face à des situations extrêmes, mais c’est bien aussi quand ça s’arrête !
Une course sous le signe de la maîtriseDans une édition marquée par de nombreuses avaries et abandons, Jean Le Cam a une nouvelle fois prouvé que l’expérience et la gestion sont des atouts majeurs sur un tour du monde. Pas le plus rapide, mais toujours dans le match, il a su mener son bateau avec intelligence et patience, en évitant les pièges que l’Atlantique Sud et l’océan Indien ont tendus aux favoris.Au-delà de la performance sportive, Le Cam reste un passeur de savoir, attaché à la transmission et au partage avec la nouvelle génération. "On vient d’arriver", a-t-il lancé. "Ce qui est sûr, c’est qu’on va continuer à transmettre et à partager (comme il l’a fait avec Benjamin Ferré et Violette Dorange). La fraîcheur et la nouveauté, pour un vieux croûton comme moi, ça te fait vieillir moins vite."
Un marin à l’ancienne dans une course du futurDans un monde où les IMOCA deviennent de véritables fusées des mers, Jean Le Cam prouve qu’on peut encore réussir en s’appuyant sur les fondamentaux de la voile océanique. Il est de ces marins qui écoutent leur bateau plutôt que de le contraindre, qui privilégient la stratégie et l’endurance à la surpuissance et aux records de vitesse.Mais il n’est pas pour autant opposé au progrès. Lucide sur l’évolution de la course, il reconnaît la suprématie des foilers et imagine déjà un Vendée Globe de demain plus ouvert et plus compétitif. "Je fais une proposition à Alain Leboeuf (président du Vendée Globe). J’ai bien réfléchi, en bon politique que je suis, je me dis qu’il faut satisfaire un maximum de personnes. Je propose pour 2028, une ouverture à 50 bateaux, dont 30 à foils et 20 à dérives. Tout le monde sera content", a-t-il asséné, après avoir souligné la supériorité des bateaux à foil : "Ils ont fait la preuve de leur fiabilité, avec Charlie (Dalin), ils ont éclaté les records. Il s’est vraiment passé un truc, ajoute Le Cam. Et ça va aller crescendo. Pour les bateaux actuels, on a mis des foils sur des coques, pour la version d’après, on va mettre une coque sur des foils. Ce n’est pas pareil, dans le futur, ça va être extravagant. Avec 10 nœuds de vent, dans quatre ou huit ans, on ira à 30 nœuds."
Et maintenant ?À 65 ans, après ce sixième tour du monde, Jean Le Cam va-t-il raccrocher ? Rien n’est moins sûr. "On ne quitte pas la mer, c’est elle qui décide", plaisante-t-il souvent. Et même si l’avenir est incertain, une chose est sûre : le Vendée Globe ne sera plus jamais le même sans lui.Jean Le Cam a prouvé qu’au-delà des performances technologiques, c’est toujours le marin qui fait la différence. Et que parfois, la légende vaut bien plus que la victoire.
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