Dubaï : future escale majeure de l'Océan Indien ?

Par François Tregouet

Plages, soleil, buildings, centre commerciaux, exposition universelle, naviguer à Dubaï n’est pas la première activité qui vient à l’esprit quand est évoqué le riche émirat. Pourtant, à la faveur d’un climat estival, d’eaux réputées sûres et d’infrastructures disponibles, la plaisance gagne des adeptes. Chez les Emiratis d’origine, historiquement pêcheurs de perles, comme parmi les expatriés issus de 200 nationalités, au point de prétendre à devenir une escale possible pour circumnavigateurs.

Il y a dix ans il n’y avait pas plus de 120 voiliers à Dubaï, contre environ 400 aujourd’hui, dont 160 dans la seule marina du Dubaï Offshore Sailing Club. Une institution locale, très britannique dans l’âme (réservée aux membres, contrôle strict à l’entrée, école de voile intégrée, club-house, restaurant en terrasse…), pour laquelle une vingtaine de bateaux sont déjà sur liste d’attente. Les multicoques sont proportionnellement plus nombreux qu’en Europe, car le passage depuis un bateau à moteur est plus aisé que vers un monocoque. Leurs carrés avec la vue à 360 degrés et les flybridges des plus grands modèles, l’absence de gîte et la possibilité de pouvoir les équiper « comme à la maison », y compris la climatisation, sont particulièrement appréciés. Tous les bateaux sont bien sûr importés, et le coût de transport d’un catamaran de 50 pieds a radicalement augmenté récemment. Alors qu’il oscillait entre 50 et 75 000 euros il y a encore quelques mois, il est plus question aujourd’hui d’une enveloppe de 100 à 200 000 euros de fret. Cela pousse de plus en plus de propriétaires à faire acheminer leur nouveau bateau par la mer, via le Canal de Suez. Un chemin long (4 400 milles nautiques depuis Marseille soit un peu plus de 26 jours de mer à 7 nœuds) mais plutôt facile météorologiquement. Quid de potentiels pirates dans le Golfe d’Aden ? Localement, la version officielle est qu’il n’y en a plus. Si la tendance se confirme dans les prochains mois, Dubaï a des atouts pour devenir une destination intéressante pour les circumnavigateurs.

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Dubaï Offshore Sailing Club© MULTI media

Infrastructures et météo favorables

Si le week-end, sur l’eau, les voiliers sont sur-représentés, il y a 97% de bateaux à moteur dans la dizaine de marinas que compte l’Emirat. Les deux plus importantes sont Mina Rashid (424 places) et la toute récente Dubaï Harbour (700 places) qui accueillait cette année le Dubaï Boat Show, encore en grande partie inoccupée. Pas de problèmes de places de port à Dubaï donc, y compris pour les multicoques, puisque ces marinas récentes sont prévues pour accueillir des unités jusqu’à 40 mètres, et donc la largeur qui va avec. Avec seulement 5% de TVA, cela pourrait attirer de nouveaux expatriés et locaux à investir dans un joli bateau de croisière comme résidence secondaire. Les conditions climatiques sont vraiment favorables à la navigation, à l’exception du plein été (juillet à septembre) où la très forte chaleur humide, température supérieure à 40° tous les jours, rend toute activité extérieure impossible. Les marées sont modérées avec 2 mètres de marnage maximum et un régime de vent thermique. De terre en deuxième partie de nuit, venant du désert, la brise s’essouffle malheureusement rapidement en matinée lorsque la température monte. Mais ce n’est que pour mieux repartir en début d’après-midi, brise du large cette fois, oscillant régulièrement entre 10 et 15 nœuds, jusqu’au coucher du soleil. Ces conditions de vent plutôt légères ont donc longtemps favorisé la pratique du motonautisme, mais les voiliers performants tels les X-yachts ou les First, mais aussi les multicoques légers (Dragonfly, Corsair…) trouvent de plus en plus d’adeptes.

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Peninsule du Musandam© Thomas Mucha Fotolia

Des îles méconnues à portée d’étrave

Moon Island, île artificielle située à une trentaine de milles de la capitale est la destination idéale le temps d’un week-end. À une cinquantaine de milles de Dubaï, Sir Bu Nair, malgré sa forme presque parfaitement circulaire, est en revanche bien naturelle. Plus loin, après Abu Dhabi, soit une centaine de milles nautiques, l’archipel de Khor Al Basam rassemble une cinquantaine d’îles avec peu de fond ce qui avantage les vedettes et les multicoques au détriment des quillards. Ses eaux très poissonneuses attirent les lamantins Dugong dont c’est la deuxième colonie au monde, et beaucoup de tortues. Si le cap est mis à l’opposé, vers le Nord-Est, Musandam, dans le détroit d’Ormuz, juste en face d’Oman, est à 150 milles. De véritables fjords creusent sur 5 à 6 milles des falaises qui peuvent monter jusqu’à 800 mètres de haut, créant un paysage aussi beau que surprenant, à la frontière entre Golfe Persique et Mer d’Oman. Une fois passé le détroit d’Ormuz, le sultanat d’Oman est également une destination intéressante aux nombreuses îles. Masirah avec ses 60 kilomètres de long est sans doute la plus connue. Mais auparavant, face à la capitale, Mascate, il ne faudrait pas manquer les quatre îles Daymaniyat dont l’archipel forme une réserve naturelle. Enfin, avant d’entrer dans le Golfe d’Aden pour peut-être revenir vers l’Europe, Socotra est considérée comme « les Galapagos de l’océan Indien » avec sa faune et sa flore uniques au monde. Ce véritable trésor Yéménite a la chance d’être à l’écart du conflit qui ravage le pays, mais se situe déjà à 1300 milles de Dubaï. Plus loin encore, mais finalement qu’à une dizaine de jours de mer à la voile, et c’est le paradis des Maldives qui s’offre aux navigateurs.

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Socotra© AFP

Avant de partir, pensez à consulter les prévisions météo sur La Chaîne Météo Voyage.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…