Dubaï : future escale majeure de l'Océan Indien ?
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Il y a dix ans il n’y avait pas plus de 120 voiliers à Dubaï, contre environ 400 aujourd’hui, dont 160 dans la seule marina du Dubaï Offshore Sailing Club. Une institution locale, très britannique dans l’âme (réservée aux membres, contrôle strict à l’entrée, école de voile intégrée, club-house, restaurant en terrasse…), pour laquelle une vingtaine de bateaux sont déjà sur liste d’attente. Les multicoques sont proportionnellement plus nombreux qu’en Europe, car le passage depuis un bateau à moteur est plus aisé que vers un monocoque. Leurs carrés avec la vue à 360 degrés et les flybridges des plus grands modèles, l’absence de gîte et la possibilité de pouvoir les équiper « comme à la maison », y compris la climatisation, sont particulièrement appréciés. Tous les bateaux sont bien sûr importés, et le coût de transport d’un catamaran de 50 pieds a radicalement augmenté récemment. Alors qu’il oscillait entre 50 et 75 000 euros il y a encore quelques mois, il est plus question aujourd’hui d’une enveloppe de 100 à 200 000 euros de fret. Cela pousse de plus en plus de propriétaires à faire acheminer leur nouveau bateau par la mer, via le Canal de Suez. Un chemin long (4 400 milles nautiques depuis Marseille soit un peu plus de 26 jours de mer à 7 nœuds) mais plutôt facile météorologiquement. Quid de potentiels pirates dans le Golfe d’Aden ? Localement, la version officielle est qu’il n’y en a plus. Si la tendance se confirme dans les prochains mois, Dubaï a des atouts pour devenir une destination intéressante pour les circumnavigateurs.
Si le week-end, sur l’eau, les voiliers sont sur-représentés, il y a 97% de bateaux à moteur dans la dizaine de marinas que compte l’Emirat. Les deux plus importantes sont Mina Rashid (424 places) et la toute récente Dubaï Harbour (700 places) qui accueillait cette année le Dubaï Boat Show, encore en grande partie inoccupée. Pas de problèmes de places de port à Dubaï donc, y compris pour les multicoques, puisque ces marinas récentes sont prévues pour accueillir des unités jusqu’à 40 mètres, et donc la largeur qui va avec. Avec seulement 5% de TVA, cela pourrait attirer de nouveaux expatriés et locaux à investir dans un joli bateau de croisière comme résidence secondaire. Les conditions climatiques sont vraiment favorables à la navigation, à l’exception du plein été (juillet à septembre) où la très forte chaleur humide, température supérieure à 40° tous les jours, rend toute activité extérieure impossible. Les marées sont modérées avec 2 mètres de marnage maximum et un régime de vent thermique. De terre en deuxième partie de nuit, venant du désert, la brise s’essouffle malheureusement rapidement en matinée lorsque la température monte. Mais ce n’est que pour mieux repartir en début d’après-midi, brise du large cette fois, oscillant régulièrement entre 10 et 15 nœuds, jusqu’au coucher du soleil. Ces conditions de vent plutôt légères ont donc longtemps favorisé la pratique du motonautisme, mais les voiliers performants tels les X-yachts ou les First, mais aussi les multicoques légers (Dragonfly, Corsair…) trouvent de plus en plus d’adeptes.
Moon Island, île artificielle située à une trentaine de milles de la capitale est la destination idéale le temps d’un week-end. À une cinquantaine de milles de Dubaï, Sir Bu Nair, malgré sa forme presque parfaitement circulaire, est en revanche bien naturelle. Plus loin, après Abu Dhabi, soit une centaine de milles nautiques, l’archipel de Khor Al Basam rassemble une cinquantaine d’îles avec peu de fond ce qui avantage les vedettes et les multicoques au détriment des quillards. Ses eaux très poissonneuses attirent les lamantins Dugong dont c’est la deuxième colonie au monde, et beaucoup de tortues. Si le cap est mis à l’opposé, vers le Nord-Est, Musandam, dans le détroit d’Ormuz, juste en face d’Oman, est à 150 milles. De véritables fjords creusent sur 5 à 6 milles des falaises qui peuvent monter jusqu’à 800 mètres de haut, créant un paysage aussi beau que surprenant, à la frontière entre Golfe Persique et Mer d’Oman. Une fois passé le détroit d’Ormuz, le sultanat d’Oman est également une destination intéressante aux nombreuses îles. Masirah avec ses 60 kilomètres de long est sans doute la plus connue. Mais auparavant, face à la capitale, Mascate, il ne faudrait pas manquer les quatre îles Daymaniyat dont l’archipel forme une réserve naturelle. Enfin, avant d’entrer dans le Golfe d’Aden pour peut-être revenir vers l’Europe, Socotra est considérée comme « les Galapagos de l’océan Indien » avec sa faune et sa flore uniques au monde. Ce véritable trésor Yéménite a la chance d’être à l’écart du conflit qui ravage le pays, mais se situe déjà à 1300 milles de Dubaï. Plus loin encore, mais finalement qu’à une dizaine de jours de mer à la voile, et c’est le paradis des Maldives qui s’offre aux navigateurs.
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