Indian River, la rivière enchantée de la Dominique
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L’Indian River se situe au cœur d’un parc protégé bordant Prince Rupert Bay au nord-ouest de l’île. Toute remontée au moteur y est interdite. Mais que les plaisanciers ancrés dans la baie se rassurent, point besoin de ramer à bord d’une annexe. Un guide les emmènera. Ils sont ainsi une douzaine de Dominiquais à offrir de nombreux services aux bateaux de passage, se déplaçant d’un mouillage à l’autre à bord de leurs barques colorées. Sitôt l’embouchure franchie, Martin coupe son hors-bord et se saisit promptement de longues rames en bois. Un mode de déplacement qui permet d’observer une multitude d’oiseaux : hérons verts déployant leurs longues ailes, poules d’eau aux pattes jaune d’œuf, martins-pêcheurs juchés sur une branche, pélicans gris tournoyant à la recherche d’une proie puis piquant vers les eaux à la vitesse d’un missile… Les cocotiers bordant la rivière laissent place progressivement à une végétation plus dense, une frondaison de palétuviers dont les énormes racines plongeant dans l’eau servent de grottes aux crabes. Ces troncs déformés, entrelacés de lianes s’appellent aussi « bwa-mang » ou arbre du sang du dragon, explique le guide. Comme tous les Dominiquais, Martin connaît sur le bout des doigts toutes les ressources de cette nature exubérante, restée à l’état sauvage. C’est la plus grande richesse de l’île et chacun, ici, la respecte et la défend.
Une explosion de couleurs
La barque glisse en silence. Seuls, de brefs cris d’oiseaux et le chant des grillons sont perceptibles. La forêt s’épaissit et la rivière se fond dans l’obscurité à peine trouée par quelques rais de lumière. Au détour d’un méandre, un petit ponton a été aménagé et la promenade se poursuit à terre sur un sentier qui traverse une ancienne exploitation fruitière, fermée dans les années quatre-vingt-dix. La végétation débordante a vite reconquis les lieux mais on devine encore le tracé de l’ancien chemin de fer qui transportait les fruits jusqu’au port de Plymouth. C’est l’un des rares endroits plats de l’île où les Indiens Caraïbes s’installèrent au XIVe siècle. Leurs descendants, les seuls survivants de tout l’arc antillais, sont désormais regroupés plus au nord, population protégée vivant d’artisanat. Il reste quelques traces de leurs anciens campements. Hibiscus sauvages, Alpinia, ficus, les couleurs des fleurs explosent sous les rayons du soleil. Martin a récupéré des feuilles de cocotiers et, patiemment, tresse de petits animaux pour ses hôtes. Anglophone, il parle parfaitement le français. Au retour, il désigne quelques ruines à peine visibles sous l’enchevêtrement des racines. Ce sont des vestiges de forts, construits par les Anglais pour s’assurer la domination de l’île. Elle fut la première à devenir indépendante et les Dominiquais n’en sont pas peu fiers.
Avant de partir, pensez à consulter les prévisions sur La Chaîne Météo Voyage.