Indian River, la rivière enchantée de la Dominique

L’Indian River prend sa source dans les hauteurs de Glanvillia et se jette dans la mer des Caraïbes à Portsmouth, deuxième ville du pays. Dès l’embouchure, la rivière se distingue par la densité de sa végétation et la richesse de sa biodiversité. Pour les plaisanciers en escale dans Prince Rupert Bay, la visite est facile à organiser : une douzaine de guides locaux, souvent en barques traditionnelles colorées, proposent des excursions en ramant silencieusement jusqu’au coeur de la mangrove. La navigation motorisée y est interdite pour préserver la faune, la flore et la quiétude du site.
Parmi ces guides, Martin est une figure bien connue. Dès que le bateau entre dans l’embouchure, il coupe son moteur hors-bord et saisit ses rames. Le silence s’installe aussitôt, seulement ponctué par les chants d’oiseaux et le clapotis discret de l’eau. L’approche douce permet d’observer sans les déranger une faune variée : hérons verts, martins-pêcheurs, poules d’eau, crabes rouges, iguanes paresseux perchés sur les branches. La rivière se resserre, la canopée s’épaissit, et les racines entrelacées des palétuviers plongent dans l’eau sombre. Les Dominiquais les appellent « bwa-mang », arbres du sang de dragon. On raconte qu’autrefois, leur sève rouge était utilisée comme remède traditionnel.
Une forêt vivante, riche d’histoires et de mémoire
Plus l’on remonte la rivière, plus l’atmosphère devient mystérieuse. Des rais de lumière filtrent à peine à travers les feuillages denses. L’impression de pénétrer un monde à part est renforcée par les histoires que racontent les guides. C’est dans ce décor qu’ont été tournées plusieurs scènes de Pirates des Caraïbes : Le secret du coffre maudit, en 2005. Le tronc tortueux d’un arbre encore visible a même servi de repère au personnage de la sorcière Tia Dalma.
À mi-parcours, un petit débarcadère marque le début d’un sentier terrestre. Il mène à travers une ancienne plantation de fruits tropicaux, exploitée jusqu’au début des années 1990. Les vestiges du réseau de wagonnets utilisés pour transporter les récoltes jusqu’au port de Plymouth sont encore visibles, envahis par la végétation. Le sentier traverse l’un des rares espaces plats de la Dominique, île volcanique où les pentes sont omniprésentes. C’est ici que s’installèrent au XIVe siècle les Indiens Caraïbes, arrivés des rives de l’Orénoque. Le site conserve des traces de leurs anciens campements.
Aujourd’hui, leurs descendants vivent dans une réserve au nord-est de l’île, autour de Salybia, dans un territoire reconnu par la Constitution. Ils sont les derniers représentants des populations indigènes de l’arc antillais et perpétuent un artisanat raffiné, notamment la vannerie et la sculpture sur bois.
Une expérience ancrée dans la culture dominicaise
La balade dure généralement deux heures, entre rivière et forêt. Les guides partagent volontiers leurs connaissances botaniques, mais aussi des anecdotes sur l’histoire de l’île. Martin, lui, ponctue la visite de gestes précis : il tresse sur le vif de petits animaux en feuilles de cocotier et désigne les ruines presque enfouies d’un ancien fort anglais. Ces structures militaires datent du XVIIIe siècle, période de rivalité intense entre Britanniques et Français pour le contrôle de la Dominique.
Depuis 1978, l’île est indépendante et les habitants restent très attachés à leur patrimoine naturel comme culturel. L’Indian River en est l’illustration parfaite : un site à la fois emblématique de la richesse écologique de la Dominique et ancré dans son histoire.
Pour les navigateurs de passage, l’excursion est simple à organiser depuis leur mouillage dans Prince Rupert Bay. Des embarcations passent régulièrement le long des bateaux pour proposer leurs services. L’Indian River fait partie des lieux qui ne nécessitent pas d’effort physique particulier, mais qui laissent une forte impression, tant par la beauté de ses paysages que par la qualité de l’accueil.
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